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Les humeurs de Facoh : Il fallait s’y attendre…

Depuis plusieurs décennies, le Mali entretient des relations politiques et idéologiques tumultueuses avec la France, l’ancienne puissance coloniale. De l’indépendance en septembre 1960 à novembre 1968, les mêmes tensions avaient régenté les relations entre la France du général De Gaulle et le Mali de Modibo Kéita.

Tout cela apparemment pour des raisons de souveraineté nationale qui cachaient mal des équations économiques ignorées du commun des mortels, le Mali étant classé parmi les pays les plus pauvres de l’ex-AOF.

Peu avant son éviction du pouvoir en 1969, De Gaulle, par m’entremise de Jacques Foccart, avait eu raison du dirigeant nationaliste malien en le faisant remplacer par le lieutenant Moussa Traoré à la tête de l’Etat malien suite au coup d’Etat de novembre 1968.

De 1968 à 1991, le Mali et la France semblèrent aller dans la même direction, Moussa Traoré ayant dénoncé le socialisme de son prédécesseur et Georges Pompidou, le successeur de De Gaulle à l’Elysée, ayant pris bonne note de cette mutation.

En réalité, le CMLN, puis l’UDPM, son clone, n’avaient aucune vision claire de la politique qu’ils menaient au Mali, puisant d’un côté dans le libéralisme dicté par la France et de l’autre dans le dirigisme d’Etat prôné par l’US-RDA. Cette valse politique et idéologique continua jusqu’en 1989 où le président socialiste François Mitterrand organisa à La Baule une conférence de ce même nom et où la brouille entre les deux pays éclata au grand jour à propos de la question de la démocratie à exporter dans les anciennes colonies françaises d’Afrique.

Moussa Traoré, pour autant, n’envisagea pas la rupture diplomatique dans cette affaire et les deux chefs d’Etat pendant longtemps se regardèrent en chiens de faïence dans un statu quo qui pour beaucoup d’observateurs devait être fatal au président malien. Finalement il fut renversé en mars 1991 et le pluralisme politique souhaité par Mitterrand instauré au Mali par la constitution de février 1992.

Pour ceux qui en savent un peu de l’histoire contemporaine, la pénétration coloniale au Soudan avait été la plus longue et la plus meurtrière de l’histoire coloniale en Afrique noire. Des rois, des empereurs, après une lutte héroïque de plusieurs années, avaient cédé leurs terres aux vainqueurs ou s’étaient exilés comme Ahmadou Tall à Sokoto dans le nord du Nigeria.

Le Mali n’accepta jamais la domination étrangère et la longue nuit coloniale de plus d’un demi-siècle ne fut qu’un moment de reculer pour mieux sauter.

Dans la période de l’indépendance politique, tous les gouvernements de la Ve République avaient pu, en zigzaguant bien sûr, maintenir la présence de la France au Mali. Mais Emmanuel Macron, plus banquier qu’homme politique, conduisit au déséquilibre dans les relations entre les deux pays.

L’Algérie est maintenant perçue comme le bras armé de la France dans la crise du Sahel à cause du pétrole que recèle ce désert. Si les présidents algériens issus du FLN se montrèrent prudents et respectueux du Mali, en revanche ceux d’aujourd’hui, venus du Printemps arabe de 1989-1990, semblent ignorer tout des relations entre le Maghreb et l’Afrique noire.

Cette indélicatesse du pays de Ben Bella envers le Mali sera considérée sans nul doute comme un nouveau tournant dans l’histoire politique de ce pays qui jusque-là s’était montré le principal ennemi politique de la France au Maghreb à cause de sa décolonisation qui avait fait des milliers de morts dans les rangs des patriotes algériens.

L’Algérie d’aujourd’hui, en raison de sa politique extérieure dirigée essentiellement contre ses voisins du Sahel, ne présente aucune différence avec les pays européens résolument opposés à l’immigration subsaharienne.

Mais comme l’a bien souligné l’abbé de Talleyrand au congrès de Vienne de 1815 après la chute de Napoléon, la grandeur d’un pays est plus dans son passé que dans son présent.

Facoh Donki Diarra

Ecrivain

Mali Tribune

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