Samedi 22 septembre dernier, le Mali a célébré le 58e anniversaire de son Indépendance nationale. Rendre hommage à nos forces armées est une chose ; mais, vu le contexte actuel du pays au plan sécuritaire, on pouvait le faire en toute sobriété. Au moment où les populations meurent de faim, de manque de soins et de toit, tenir des telles festivités grandioses avec des dépenses aussi exorbitantes est une insulte envers les Maliens.
Le 22 septembre dernier, comme un enfant qui vient de recevoir son premier cadeau, émerveillé, les yeux brillaient, un sourire sournois se dessinant sur les lèvres, IBK, assis sur son fauteuil royal, contemplait avec fascination chaque passage de cortège. Cet événement s’est déroulé dans le quartier le plus chic de Bamako, une fierté nationale. Mais l’ironie du sort en est qu’avec ses convives, cette fête se passe dans un lieu qui a vu le jour grâce à Soumaïla Cissé. Donc, quelque part, il a profité de l’un des exploits de son rival pour se donner de la valeur. On pourrait ainsi dire alors que le fantôme de Soumaïla Cissé a plané tout le long de la fête à chaque fois que les militaires de toutes nationalités confondues marchaient sur le sol de l’ACI 2000. Finalement, le travail bien fait profite toujours à la Nation.
A-t-il réussi son pari ?
Dans l’ensemble, le pouvoir IBK a réussi à offrir, le temps d’une journée, l’illusion d’une nation indépendante et libre qui a accueilli à bras ouverts ses chers invités. Mais l’atmosphère sociale qui règne aujourd’hui à l’échelle nationale n’est pas compatible avec une ambiance festive.
Cette énorme mise en scène ne suffira pas ni à gommer le climat répressif qui gagne le pays ni les tueries qui s’éternisent dans le Centre ni la politique d’Autriche pratiquée au Nord. Prenons l’exemple sur la journée du vendredi 21 septembre alors que son clan était en pleins préparatifs des festivités, l’opposition aussi a voulu manifester avec des déambulations carnavalesques dans les rues des six Communes de Bamako pour finalement se retrouver sur la place de l’Indépendance, un lieu très symbolique pour notre nation. Malheureusement, cela a dégénéré lorsque des ordres ont été donnés aux policiers de jeter des gaz lacrymogènes sur des participants, allant jusqu’à s’introduire dans des concessions pour pratiquer des arrestations arbitraires. Et tout observateur sait mieux que quiconque que l’appréhension de nos autorités est fondée ; car, le malaise est palpable et la peur y est. Nous ne sommes plus dans un pays démocratique digne de ce nom. Les inégalités et l’injustice ont pris l’ascenseur et le Peuple malien est à bout.
Finalement, nous retenons du 22 septembre un échec. Certes, l’événement a été préparé avec frasque par sa portée, mais l’usage arbitraire de la force par la police contre des paisibles citoyens a taché cette merveilleuse journée. On déplore des scènes de violences, avec des blessés graves et l’arrestation de 15 personnes dont 4 femmes et la Doyenne est de 69 ans. Leur seul crime est d’avoir quitté leurs domiciles respectifs pour venir manifester. Donc, ce jour du 22 septembre, ils ont beau fêté, la réalité est qu’actuellement les Maliens ne sont pas libres et vivent ici l’usage arbitraire de la force par la police et les pressions continues à être exercées par le pouvoir sur eux. D’évidence, de telles relations sociales ne feront qu’exaspérer le climat social. Aussi, après profonde réflexion, on se demande à quoi sert l’Indépendance ? Nous sommes restés esclaves, mais d’un autre style.
La fête: comme l’auraient voulu les Maliens
À l’instar des autres pays qui ont l’habitude de célébrer leurs fêtes nationales, les Maliens auraient voulu sur le thème de «Solidarité et paix» et se retrouver autour de l’essentiel qui est le Mali dans une atmosphère de fraternité et d’Unité nationale. Mais hélas ! Nous pouvons toujours rêver.
Les Maliens accepteront-ils de rester dans la soumission et la résignation ?
La fête a pris fin. Mais le combat continue, selon les partisans de Soumaïla Cissé. «Les convives sont rentrés chez eux, nous nous retrouvons de nouveau ensemble. IBK doit réfléchir à la seule question qui vaille : comment va-t-il continuer à exploiter les Hommes en uniformes et les civils tout en s’assurant la soumission et la résignation des populations ?», nous confia un observateur averti de la scène politique malienne.
N.N.C
LE COMBAT