Malgré la propagation de cette pandémie et la décision ministérielle rares sont les familles qui respectent les gestes de prévention lors de l’organisation de leurs évènements sociaux. Les gestes barrières sont foulés au pied. Pas de lavages des mains, pas de protège- nez, les salutations se font en serrant les mains, plus de cinquante personnes sont présentes au cours des cérémonies, pas de respect de la distance d’un mettre entre eux, etc. D’une manière générale, la seule chose qui est suspendue lors des mariages et baptêmes est l’organisation du ‘’Sumu’’ sous les bâches. Un temps fort de la cérémonie qui consiste pour les femmes à chanter, danser et à dépenser des sommes incalculables.Ainsi, organiser un mariage sans ‘’Sumu’’ est une chose qui réduit conséquemment la folie de gaspillage financier des femmes.
Les dimanches à Bamako restent toujours les jours de mariage. Mais le temps et les circonstances changent un peu la donne. Pas assez de mouvement, (cortège, science photo, musique, etc.), pas de bâches et chaises dans les maisons, et réduction de dépenses. « En quelque sorte malheur est bon. A cause de cette maladie,Minata, la mère de la mariée, m’a informéqu’il n’y aura pas de ‘’Sumu’’au mariage. Cela m’aréjoui tellement ! En tant que marraine principale de la mariée l’argent que je dois dépenser pour mon ‘’fassa’’, mon éloge en d’autre terme ainsi que la tenue que je devais coudre pour la circonstance vont me servir de préparer les ustensiles de ma nièce Fanta (la mariée) », se confie, Mme Diakité, la marraine assiseavec ses certaines de sesamies sur la terrasse sans respecter la distance règlementaire d’un mettre. Habillée en Bazin blanc avec des bijoux en or, la broderie de sa tenue qui marie parfaitement avec la chaussure et le sac, la marraine ajoute, « les lieux de célébration de mariage étaient devenus des endroits de concurrence, de provocation et de folie de grandeur. Les évènements sociaux n’étaient plus, pour nous les femmes, des moments de joie, mais plutôt une vraie course à la recherche de renommée et surtout de dépenses. Ce qui est angoissant ».Pour cette fois, elle est tranquille et elle rend grâce à Dieu. « Tu as eu la chance que ton parrainage a coïncidé à cette situation, je sais que les choses vont reprendre dès l’annonce de la fin de cette pandémie et cela m’inquiète car la date de mon parrainage n’est pas encore fixée», bien maquillée, se lamente une amie de la marraine en redressant son foulardavec son brodé Dubaï jaune-rouge. « C’est Dieu qui a créé cette situation, il faut savoir profiter ma belle », Continue une autre amie bien sapée en tapant dans la main de Mme Diakité.
Au salon la mère de la mariée, Minata, est entourée de ces amies, environ 20 personnes. « Je ne suis pas du tout tranquille. Malgré la situation, les enfants sont audacieux, Korotoumou, la grande sœur de mariée voulait coût que coût organiser le ‘’Sumu’’ aujourd’hui. Je me suis opposée mais, elle a tout fait pour convaincre la marraine à organiser le ‘’Dembafôli’’, le vendredi» est-elle inquiète. « Nous ne sommes pas loin de la brigade de gendarmerie, pour éviter tout problème avec les forces de l’ordre, les deux familles ont décidé de célébrer le mariage dans la semaine sans tapage et en présence de moins invités », explique-t-elle. Soudain, Aichata, une autre sœur ainée de la mariée rentre très essoufflée en s’adressant à sa mère, « Maman, nous n’avons pas pu faire de photos, les policiers nous ont dispersé ». « Bien fait », la Maman réplique et tout le salon s’éclate de rire.
En ce qui concerne les griots, certains parviennent à se tirer les épingles du jeu. Par contre, les musiciens qui font du ‘’Sumu’’ avec leur orchestre pensent que cette maladie est punition d’Allah.
De nos jours, la pandémie du coronavirus contribue à réduire la folie de dépense des femmes lors des évènements sociaux de notre pays. La question qu’on se pose est la suivante : les gens ont peur d’être contaminés par la maladie ou du châtiment des forces de sécurités ? Le problème est que certains n’en croient toujours pas à l’existence de cette maladie au Mali. Et ils disent que chaque jour le gouvernement annonce de nouveaux cas mais que personnes ne sait où ces personnes sont prises en charge. En tout cas, quand ‘’le doigt d’une personne s’enfle c’est la même personne qui endure les conséquences’’ dit un adage bambara.
BintouDanioko
Source: L’Analyste