Par la voix du conseiller à la sécurité nationale John Bolton, les Etats-Unis se sont livrés à une attaque virulente contre la Cour pénale internationale (CPI), lundi 10 septembre. Ils ont menacé ses juges et procureurs de sanctions en cas de mise en cause d’Américains, d’Israël ou d’autres alliés de Washington.
John Bolton n’aime pas la CPI et le fait savoir, au nom « du président des Etats-Unis ». Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche accuse l’institution d’être « illégitime », mais aussi « inefficace, irresponsable et carrément dangereuse ».
« Si la Cour s’en prend à nous, à Israël ou à d’autres alliés des Américains, nous n’allons pas rester silencieux ». Alors que les Etats-Unis ne sont pas signataires du traité de Rome, l’ancien ambassadeur américain à l’ONU craint l’éventualité d’une enquête sur les crimes de guerre de soldats américains en Afghanistan, ou l’ouverture d’une enquête contre Israël. « A tout moment, la CPI pourrait annoncer l’ouverture d’une enquête formelle contre ces patriotes américains », a-t-il expliqué devant une organisation conservatrice américaine, en référence à la demande de Fatou Bensouda, en novembre 2017, d’ouvrir une enquête sur des crimes de guerre présumés commis dans le cadre du conflit afghan, notamment par l’armée américaine.
Et John Bolton d’annoncer, volontiers menaçant, les sanctions que Washington pourrait prendre en retour : « Nous allons interdire à ces juges et procureurs l’entrée aux Etats-Unis. Nous allons prendre des sanctions contre leurs avoirs dans le système financier américain, et nous allons engager des poursuites contre eux dans notre système judiciaire ».
De toute façon, insiste-t-il, le gouvernement américain ne va « pas coopérer avec la CPI, pas lui fournir d’assistance, pas adhérer à la CPI ». Il va se contenter de « laisser la CPI mourir de sa belle mort » car, à ses yeux, « la CPI est déjà morte ».
CPI et Etats-Unis, la mésentente peu cordiale
La Cour, qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, a répondu « agir strictement dans le cadre légal défini par le Statut de Rome », et être « attachée à l’exercice indépendant et impartial de son mandat ». Ses relations avec Washington ont toujours été tumultueuses. Les Etats-Unis ont toujours refusé d’y adhérer et ont tout fait, notamment par des accords bilatéraux avec de nombreux pays, pour éviter que des Américains puissent être visés par ses enquêtes.
John Bolton se montre dont cohérent tant avec l’attitude antérieure des Etats-Unis qu’avec le programme de Donald Trump quand il déclare que « l’objectif tacite, mais toujours central », des « plus fervents partisans » de la CPI « était de limiter l’action des Etats-Unis », en ciblant avant tout « ses dirigeants politiques ».
Par RFI