Les engins explosifs improvisés (EEI) font la une de l’actualité non seulement malienne mais également dans l’ensemble des pays du G5 Sahel. Afin de comprendre l’étendue de cette menace, un focus sur le Mali était nécessaire.
Au Mali, depuis 2017, les engins explosifs ont causé la mort de 554 personnes et en ont blessé 1443 autres. Disposés sur les axes reliant les grandes villes de la moitié Nord du pays, les terroristes disent viser les « ennemis du pays ». Néanmoins, les victimes sont principalement des enfants, des civils innocents mais aussi des hommes et des femmes qui luttent pour protéger le pays.
De janvier à avril 2021, au Mali, ces bombes artisanales ont fait 26 morts et 122 blessés toutes catégories confondues. Quelques soient la nationalité et la profession de ces personnes, ce sont des vies brisées, des familles en souffrance. Rien ne justifie d’ôter la vie à des innocents.
D’ailleurs, un lourd tribut est payé par la population. Par exemple, le 8 mai dernier, trois civils ont été tués et cinq autres blessés. Dès le lendemain ce sont deux orpailleurs qui ont été tués et deux autres blessés à Tessalit. Soit cinq civils tués et huit blessés en deux jours seulement. C’est déjà trop.
Cependant, il faut noter que le gouvernement malien et les forces présentes au Mali luttent contre ce phénomène. En effet, chaque fois que des poseurs sont identifiés ou pris sur le fait, ils sont arrêtés comme ce fut le cas le 14 avril dernier à Ansongo et remis à la justice.
De plus, les FAMA sont désormais formés pour repérer, désamorcer ou détruire ces bombes tueuses. Ainsi, la première promotion de sapeurs est sortie récemment de formation. A n’en point douter, ils ont acquis les compétences pour agir.
Au cours des quatre premiers mois de l’année, selon les chiffres de la MINUSMA, les diverses forces armées ont détruit ou neutralisé 68 EEI.
Certes, toutes ces actions permettront sans doute d’épargner partiellement la population, mais c’est aussi à nous, Maliens, de nous prendre en charge et d’être solidaires. Il ne faut pas tolérer plus longtemps l’utilisation de tels procédés. Nous ne devons plus accepter l’argent des terroristes pour cacher des bombes sur les routes à leur place, ni même accepter que nos enfants le fassent.
Les djihadistes ne maîtrisent pas complètement la fabrication d’explosifs. Ainsi a-t-on pu lire que certains d’entre eux avaient été blessés ou avaient perdu la vie lors de la fabrication ou de la pose car que ce soit lors du mélange des matières premières, lors de l’assemblage ou lors de la pose le moindre geste peut être fatal.
Bien souvent, les EEI fonctionnent comme des mines. Autrement dit une simple pression suffit à les faire exploser. Par conséquent, quand une famille, des travailleurs ou même des enfants roulent dessus ce sont des frères et des sœurs qui sont tués.
Les djihadistes s’en prennent à la population qui ne demande rien d’autre que de pouvoir vivre et travailler en paix car, quelles que soient nos croyances, convenons que les djihadistes sont des lâches et qu’ils utilisent des procédés à hauteur de leur courage.
En définitive, si nous ne faisons pas changer les choses, alors les statistiques observées les années précédentes seront encore d’actualité en 2021. Ainsi si 2018 venait à se reproduire, et sans compter les pertes de nos frères et sœurs des forces de sécurité du Mali, ce seraient quarante morts et quatre-vingt blessés parmi nos concitoyens civils qu’il faudrait s’attendre à déplorer.
Mamadou Bare
Source : Malivox