Accompagné d’une forte délégation de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali avec à sa tête Youssouf Bathily, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamed Ag Erlaf a rencontré, les lundi 19 et mardi 20 août dernier, les opérateurs économiques de Gao et Tombouctou. Cela, dans le but de s’enquérir des difficultés que vit le monde des affaires de ces localités durement éprouvées par tant d’années de crise.
Et, naturellement, de trouver des réponses aux préoccupations soulevées qui ont parfois pour noms : état impraticable de nos routes, braquages sur nos routes, enlèvements d’opérateurs économiques avec des demandes de rançon. La liste n’est pas exhaustive.
Nommé à la tête de ce département à la faveur du remaniement du 5 mai 2019, le ministre Mohamed Ag Erlaf a pris son bâton de pèlerin pour visiter deux de nos régions les plus durablement éprouvées suite à la crise multisectorielle que connaît le pays depuis 2012. Le chef du département en charge du Commerce a, aux dires d’un membre de son cabinet, entrepris ce déplacement afin d’échanger sans intermédiaire avec les acteurs du secteur privé des localités précitées, dont une frange importante vit du commerce.
C’est ainsi qu’au cours de la rencontre que le ministre a eue avec les opérateurs économiques de Gao, tenue au pied-à-terre le lundi 19 août courant, ceux-ci, à travers leur porte-parole Boubacar Dicko, également 3ème vice-président de la Délégation Régionale (DR) de la CCIM de Gao, ont remis au ministre de tutelle de la CCIM un mémorandum intitulé » Doléances du secteur privé de la région de Gao« . C’était en présence du Directeur de cabinet du Gouverneur de la région, Cheick Fanta Mady Bouaré et ses collaborateurs.
Au nombre des préoccupations soulevées dans ce document, l’on peut noter » le mauvais état de la route Gao-Sévaré, qui a un » impact sévère sur les affaires entre le sud et le nord du pays » ; » l’oubli (le retard) quant à la mise en œuvre du Projet de formalisation des acteurs du commerce de détail (PROFAC)« , dans lequel le Gouvernement avait promis d’injecter 5 milliards FCFA sur la période 2018-2022 ; la reconstruction du marché de légumes de Gao qui a été ravagé par un incendie au tout début de la crise sécuritaire ; le retard pris dans la construction du siège de la Délégation Régionale de la CCIM de Gao.
Mohamed Ag Erlaf et sa délégation ont, le lendemain mardi, conduit le même exercice à Tombouctou dans une salle comble, à l’Institut des Hautes Etudes et de Recherche Islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB) en présence notamment du Gouverneur Koïna Ag Ahmadou. Là, le ministre a annoncé, à la suite de l’intervention du président de la DR de la CCIM de la région, Papa Faye, une subvention de 18 millions FCFA (dont 13 du gouvernement et 5 de la CCIM) destinée aux personnes sinistréesà la suite de l’incendie du marché de la ville.
Une réelle volonté de faire avancer le secteur privé régional
A propos de l’épineuse et sempiternelle question relative à la construction (pour quand ?) de la route Gao-Sévaré, le ministre Ag Erlaf a souligné que les fonds pour cela sont disponibles. Mais le hic est que toutes les entreprises intéressées par les travaux de reconstruction de cette route exigent » une garantie à 100% « . Cela, à cause de l’insécurité qui règne dans la zone. C’est dire qu’il faudrait alors attendre la fin de l’insécurité pour s’attaquer à ce vaste chantier dont dépend principalement l’économie des régions de Gao et Tombouctou.
Quant à la mise en œuvre effective du PROFAC, dont le lancement a effectivement eu lieu le 24 janvier 2019 au Parc des expositions de Bamako sous la présidence du Premier ministre d’alors, Soumeylou Boubèye Maïga, le président de la CCIM Youssouf Bathily a indiqué que son bureau suit de près ce projet et promis, une fois rentré à Bamako, de voir de plus près l’état d’avancement dudit projet afin que les commerçants détaillants puissent en tirer le plus de bénéfices et cela le plus tôt possible.
Dans sa réponse relativement à ce point, le ministre a insisté sur la formation de base dont les futurs bénéficiaires du PROFAC devront être outillés avant l’octroi des prêts.
Cela en vue d’une bonne gestion qui leur permettra également de rembourser les prêts conformément aux engagements pris.
Le retard pris dans la construction du siège de la DR de Gao s’explique, aux dires d’un responsable de l’entreprise, par des difficultés d’acheminement du matériel à cause de l’état de la route et de l’insécurité tout le long de la route Sévaré-Gao. Malgré cette situation, le président de la CCIM, Youssouf Bathily a promis que les travaux seront terminés au plus tard en décembre prochain.
Relativement à d’autres préoccupations, telles l’absence à Gao de » l’administration fiscale » empêchant des opérateurs économiques à réunir certains documents pour postuler à temps à des appels d’offre ou la demande de facilitation à accorder aux hommes et femmes d’affaires, des réponses claires et précises ont été données par le ministre qui a également promis d’œuvrer de toutes ses forces pour booster le développement du secteur privé dans l’ensemble des régions du Mali.
Quant aux préoccupations soulevées à Tombouctou par le président Faye, relatives aux braquages, enlèvements d’opérateurs économiques avec des demandes de rançon, la solution à ces maux ne pourra venir qu’à la suite du retour de la paix et de la sécurité dans le septentrion, aux dires de nombreux intervenants.
A la lumière des échanges francs et directs que le ministre et le président de la CCIM ont eus avec leurs différents interlocuteurs, nous pouvons noter que cette visite a été un franc succès.
En tout cas, d’après un intervenant de Gao, les acteurs du monde des affaires sentent maintenant une réelle volonté du gouvernement de faire avancer le secteur privé dans les régions au nord du Mali.
Mamadou FOFANA
Source: l’Indépendant