Après avoir marché la semaine dernière pour soutenir la Minusma alors celle-ci était détestée à Kidal où des manifestants ont saccagé leurs bureaux et violenté le personnel suite à ses tirs sur les rebelles touaregs à Tabankort, les populations de Gao, qui n’ont pas ensuite apprécié le revirement spectaculaire de cette même Minusma laquelle, quelques jours après, veut signer un accord pour l’établissement d’une zone de sécurité temporaire à Tabankort avec ces mêmes rebelles, manifestent leur colère depuis deux jours maintenant.

Hier, ce sont des milliers de manifestants qui avaient battu le pavé dans la Cité des Askia pour exprimer leur opposition à un tel projet à Tabankort, localité sous contrôle des groupes d’autodéfense proches de Bamako. Ce mardi matin, les populations ont remis ça à travers une grande marche qui se voulait pacifique

La marche a quitté aux environs de 10h la place de l’indépendance de Gao pour le super camp de la Minusma vers l’aéroport. Malheureusement, face à des populations désarmées, les troupes rwandaises de la mission onusienne ne l’ont pas fait dans la dentelle.

Elles ont d’abord lancé des gaz lacrymogènes qui n’ont pas réussi à disperser les manifestants lesquels, sous le coup de la colère, ont immédiatement envahi le camp. C’est en ce moment que les forces rwandaises, dit-on, ont purement et simplement tiré sur les manifestants.

Selon un correspond de Malijet sur place, les tirs ont fait 5 morts et 7 blessés graves parmi les populations. Des blessés qui sont présentement à l’hôpital et dont certains seraient dans le coma. Une source sécuritaire citant à son tour une source hospitalière parle de 3 morts et 4 blessés par balles.

Présentement la situation est toujours tendue dans la cité des Askia et les populations n’hésitent plus à réclamer le départ pur et simple de la Minusma. Le camp de la Minusma reste toujours assiégé par les manifestants.

Du côté de la Minusma, on ne donne pas pour l’instant de bilan préférant attendre que la Croix rouge fasse ce travail, mais on explique que les troupes onusiennes ont essuyé des jets de pierres et des cocktails Molotov. Deux policiers auraient même été blessés par les manifestants.

Dans tous les cas, la situation préoccupe les Maliens qui ne comprennent pas ce comportement criminel des troupes onusiennes censées être là pour protéger les populations et non les abattre avec les armes qu’on doit normalement utiliser pour tuer les terroristes qui terrorisent toujours les mêmes populations. Car, il faut le dire, le bilan de la Minusma dans cette lutte contre le terrorisme reste mitigé.

Plus d’un an après sa création, la situation sécuritaire reste catastrophique dans le Nord du Mali avec des attaques jihadistes qui se multiplient. On a encore en mémoire les attaques de Nampala et de Ténenkou qui ont fait plusieurs morts dans les rangs de l’armée malienne. Il y a aussi les différentes attaques dont les mêmes troupes de la Minusma sont chaque fois victimes notamment les contingents tchadiens et nigériens.

Mais ce qui est écœurant dans tout ça, c’est cette politique de deux poids deux mesures. A Kidal où des manifestants violents ont saccagé leurs bureaux, détruit les groupes électrogènes et violenté le personnel, on n’y a pas tiré un seul coup de feu. Les manifestants de Kidal manifestaient leur colère suite aux tirs de la Minusma sur les rebelles du MNLA à Tabankort. Là il n’y a pas eu de coup de feu et les troupes de la Minusma ont même fui leurs positions.

Mais c’est à Gao où la même Minusma avait été soutenue quand elle était détestée à Kidal, qu’on tire sauvagement sur les populations. Il y a donc deux poids deux mesures. En tout cas, présentement la situation reste tendue car, les manifestants sont toujours massées devant le camp de la Minusma et cherchent à faire des otages. C’est aussi tout le Mali qui est désormais mobilisé car, les populations de Gao ne font que se battre pour l’intégrité territoriale du Mali et on se rend compte de ce que veut désormais la Minusma. Déjà certaines rumeurs indiquent que le président Ibrahim Boubacar Kéita qui est présentement à l’étranger veut écourter son voyage pour rentrer au Mali et les jeunes leaders de la région de Gao tiennent actuellement une conférence de presse sur la situation à la Maison de la presse.