C’est vraiment la mort dans l’âme que je m’adresse à vous. Je ne sais plus à quel saint me vouer. Je me nomme Edith. Il ya 18 ans, je me suis mariée devant Dieu et devant les hommes avec Claude. Nous avons eu deux enfants. Claude est délégué médical, il gagne bien sa vie. Il a toujours été un père attentionné et très doux. Il est très calme. Je suis celle qu’on entend souvent à la maison. Claude est très sensible et je pense que c’est l’une de ses meilleures qualités
Physiquement, il est très beau garçon. Il a des traits très fins, comme ceux d’une femme. Je crois d’ailleurs que c’est tout cela qui m’a attirée vers lui. Je vous avoue que c’est moi qui ai fait le premier pas. Je l’aimais depuis des années. Pourtant, il ne se décidait pas à me draguer. Lorsque je lui ai déclaré ma flamme, nous avons commencé à nous voir. Les choses sont allées très vite. Nos deux familles se connaissaient déjà. Car nous habitions le même quartier. Nous nous sommes mariés à l’église comme pour dire à Dieu que notre union serait éternelle. Après notre mariage, nous sommes restés dans le même quartier. J’allais régulièrement rendre visite à la famille de Claude. Et j’avais pour meilleure amie une de ses cousines. Claude voyageait beaucoup, dans le cadre de son travail. Je ne m’en souciais pas. Il ne me donnait aucune raison de douter de lui. J’étais folle amoureuse de lui et j’étais sure d’avoir choisi le meilleur des hommes. Très attentif à tout, il prenait beaucoup soin de nos filles. Il ne trouvait aucun inconvénient à les laver, les tresser et les mettre au dos quand cela était nécessaire. Lorsque je lui disais que c’était des comportements de femmes, il me répétait qu’il n’y avait aucun mal à s’occuper de ses propres enfants. Nous avons ensemble élevé nos filles jusqu’à ce qu’elles aient 8 et 5 ans. Puis Claude a subitement changé. Il sortait tard et ne rentrait que le matin. J’avais beau me plaindre, il ne changeait pas. J’étais convaincue qu’il y avait une autre femme dans sa vie. Claude m’a juré que ce n’était pas le cas, il n’aimait que moi. Pourtant, il sortait toujours aux environs de 20 heures et rentrait vers 4 heures du matin. J’en ai parlé à sa mère qui m’a dit que Claude sortait avec des amis et que je n’avais rien à craindre. Je tenais tellement à ce que les choses changent que j’ai fait intervenir nos deux témoins de mariage. Claude a été convoqué. Le jour du rendez-vous, il a disparu. Il n’est pas rentré ni ce jour-là encore moins les jours suivants. Il ne répondait pas à son téléphone. Je m’en voulais d’avoir fait intervenir toutes ces personnes dans notre intimité. Il en avait peut-être eu marre, me suis-je dit. Pendant près d’une semaine, Claude était introuvable. J’étais très inquiète. Je l’ai cherché partout, même à son lieu de travail. J’ai alerté la police.
Apres dix jours, Claude a enfin décroché son téléphone. Il m’a juste dit : “Je vais bien ! J’ai juste envie de changer d’air. Rassure-toi, je rentre bientôt». J’étais soulagée de l’entendre, car j’étais morte de peur…
Je ne voulais pas l’emmerder de peur qu’il m’évite à nouveau. J’ai préféré le laisser changer d’air comme il le souhaitait. Je l’appelais régulièrement. A chaque fois, il me répondait. Et il me rassurait qu’il allait bien. Le plus inquiétant, c’est qu’il avait abandonné son boulot. Ses collègues n’avaient plus de nouvelle de lui. J’étais triste. Je ne maitrisais rien de ce qui lui arrivait. Lorsque je lui demandais ou il vivait, il me répondait : “Ne t’en fais pas, je suis à Abidjan. Je rentre bientôt». Souvent, j’allais voir ma belle-mère, mais contrairement à moi, elle semblait moins inquiète. Elle me remettait de l’argent de la part de son fils pour m’occuper des enfants. A la question de savoir où il se cachait, ou du moins, avec quelle femme il se cachait, elle répondait qu’elle n’en savait rien. Je passais mes nuits à pleurer, mes filles serrées contre ma poitrine. Que me reprochait Claude pour partir sans aucune raison ?Il fallait que je le retrouve pour qu’il m’explique ce qui n’avait pas marché. Cela faisait trois mois qu’il était parti. Personne ne pouvait me dire exactement où il se trouvait. J’ai donc interpellé sa cousine Léontine pour qu’elle m’aide à le retrouver. Une semaine après, elle m’a dit que mon mari aurait loué un appart en Zone 4. Elle avait surpris une conversation de lui et sa mère. Je devais donc épier la mère de mon époux pour savoir où elle allait tous les soirs avec de la nourriture. Elle était très discrète sur le sujet. J’ai suivi les conseils de Léontine. Avec l’aide d’une amie véhiculée, j’ai fait le guet devant le domicile de ma belle-mère toute une journée. Lorsqu’elle est sortie de la maison, son panier en main, je l’ai suivie discrètement. Elle s’est effectivement arrêtée en Zone 4.C’était aux environs de 19 heures. Elle est descendue du taxi, a emprunté un couloir puis est entrée dans un appart dont elle avait les clés. Je l’observais sans qu’elle ne me voie. Puis mon amie a décidé d’entrer en action. Elle est allée devant l’appart essayant d’avoir un indice qui pourrait nous situer. A son retour, elle m’a dit que nous étions peut-être trompées. Ma belle-mère parlait à une fille. Puisqu’elle l’entendait dire “ma fille’’. Ça ne pouvait pas être Claude. Découragées, nous avons quand même décidé d’aller au bout de notre enquête.
On voulait la voir sortir de cet appart. Et savoir avec qui ? Je me disais aussi que c’était peut-être la fiance de Claude qu’elle appelait ma fille.
Après quinze minutes d’attente, j’ai vu un homme sortir de l’appart. A ses côtés, une jeune fille qui portait un body gris et un morceau de pagne. Le couple s’est enlacé un moment et l’homme a quitté l’immeuble en embrassant la fille. Ma belle-mère est sortie plus tard en compagnie de la même fille. Qui était donc cette fille à qui ma belle-mère apportait à manger tout le temps ? Les deux femmes se sont dirigées vers nous. J’ai baissé la tête pour ne pas que ma belle-mère me voie. Soudain mon amie m’a dit d’un air étonné : “Ma copine, lève-toi vite ! Regarde ce que je vois. Ce n’est pas possible !…“.Je me suis relevée rapidement… Vous n’imaginerez jamais le spectacle qui s’est offert à moi. La fille en body qui était enlacée avec l’homme que j’avais vu tout à l’heure était Claude. C’est mon mari qui portait un morceau de pagne, un body et une perruque. Je suis sortie du véhicule et j’ai crié : “Claude, qu’est-ce que tu as ? Pourquoi tu es habillé comme ça !“Très surpris de me voir, Claude m’a répondu : “C’est ce que tu voulais voir que tu as vu ! Je suis travesti. Je ne me sens bien qu’avec les hommes. J’ai toujours été homo. Avant notre mariage d’ailleurs. Je t’aime de tout mon cœur, mais je ne suis pas satisfait au lit. Je ne ressens rien lorsqu’on fait l’amour. Facilite-moi la tache. Trouve-toi un autre mari et sois heureuse. Ne t’en fais pas pour les enfants. Je vais m’occuper d’eux». Je vous assure que mon cœur était en lambeaux. Mon Claude était homosexuel et travesti. Une énorme douleur s’est emparée de moi au point que je me suis retrouvée à même le sol à implorer le Tout Puissant. Je demandais à Dieu ce que j’avais fait pour mériter un tel sort. Un mari travesti avec du brillant à lèvre, du vernis et un body. Quel triste destin ! J’ai pleuré très longtemps. Je n’arrivais pas à me relever. Ce qui m’écœurait par-dessus tout, c’était ma belle-mère qui disait à Claude : “Ma fille, allons ! Les gens nous regardent. Allons ! Ma belle-mère était complice de ce que son fils se prostituait. Je l’ai appris lorsqu’ils sont partis. Les voisins venus me consoler m’ont informée que Claude avait tout abandonné parce qu’il sortait avec un Blanc qui avait loué un appart à la Riviera. Le Blanc en question vivait en France. Et c’est quand ce dernier retournait que Claude se retrouvait en Zone 4 pour se prostituer.
Comment pouvait-on abandonner son boulot, sa famille, pour se prostituer ? Nos filles ? Que vais-je leur dire ? Je n’ai aucune réponse à cela. Voilà toute mon histoire…
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La Rédaction
source : Le Flambeau