Trois des principaux actionnaires de Microsoft réclament le départ de son fondateur. Bill Gates est toujours président du conseil d’administration du groupe.
Du passé faisons table rase. Après avoir eu la tête de Steve Ballmer – le patron opérationnel de Microsoft a annoncé qu’il quitterait son poste dans un an -, certains de ses actionnaires veulent à présent la tête de Bill Gates. L’homme qui a fondé Microsoft il y a 38 ans est toujours le président du conseil d’administration, treize ans après avoir laissé les rênes à Steve Ballmer. Depuis l’été 2008, Bill Gates n’occupe plus aucune fonction opérationnelle au sein du groupe qu’il a fondé. L’homme se consacre désormais à sa fondation, après l’avoir dotée de quelque 28 milliards de dollars, avec sa femme, Melinda. Mais il continue à influencer certaines décisions chez Microsoft. Surtout il est un proche de Steve Ballmer, fidèle des premières heures de l’entreprise.
Les trois investisseurs, dont les noms n’ont pas été rendus publics, s’inquiètent de l’influence de Bill Gates qui bloquerait l’adoption de nouvelles stratégies, selon Reuters. Alors que le groupe s’apprête à changer de direction opérationnelle, la présence de son fondateur à la présidence du conseil pourrait restreindre le champ de manœuvre du futur patron. D’autant que Bill Gates fait partie du comité spécial, dédié à la recherche d’un nouveau patron. Le fondateur de Microsoft, première fortune mondiale selon le classement Forbes, détient quelque 72 milliards de dollars. Il est aussi le quatrième homme le plus influent de la planète, selon Forbes, derrière Barack Obama, Angela Merkel et Vladimir Poutine. Autrement dit, il est le premier homme le plus influent au monde, hors dirigeants politiques.
Des décisions contestées
Difficile de s’affranchir de la tutelle d’un patron devenu un mythe de son vivant, et toujours reconnu comme une des figures les plus importantes de l’informatique. Mais tous les actionnaires de Microsoft n’apprécient pas le tournant stratégique impulsé par Steve Ballmer et – au moins implicitement – approuvé par Bill Gates. Le numéro mondial du logiciel se transforme peu à peu en un fabricant de terminaux. D’abord avec sa console, la Xbox qui reste un succès commercial et son accessoire, Kinect, puis avec ses tablettes Surface. La première génération, lancée l’année dernière, a été un échec. En juin, le groupe a passé 900 millions de dollars de provisions pour invendus. Enfin, avec le rachat de Nokia pour 7,2 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros), le groupe de Steve Ballmer va ajouter des smartphones à son offre. Or, certains aimeraient que le groupe reste un éditeur de logiciel et non pas un «Apple bis» dans ses choix de développement. Ses détracteurs estiment que Bill Gates était plus efficace comme patron opérationnel qu’en tant que président du conseil d’administration, selon Reuters.