Les opérations de mécénat se multiplient pour tenter d’apporter une réponse à l’absence d’un réseau d’énergie électrique en Afrique. Les coupures fréquentes ont des conséquences multiples en termes de développement économique ou de vie quotidienne, en particulier sur la scolarité.
La formation scolaire est un secteur particulièrement investi par les ONG, et les initiatives sont nombreuses. Car l’absence d’électricité domestique signifie ni lecture, ni travail scolaire le soir, quand la nuit est tombée.
L’entreprise française ARMOR, spécialiste des films photovoltaïques organiques, propose des capteurs solaires souples. Son opération, soutenue par l’Unesco, consiste à équiper une école primaire d’Akplolo, au Togo, de “Solar Set”. Il s’agit d’une pochette qui, une fois dépliée, se transforme en chargeur solaire. Associée à une lampe LED rechargeable, elle permet d’étudier le soir, malgré la nuit tombée. 212 écoliers bénéficieront de cet équipement.
Une autre opération vise cette fois à électrifier les écoles. L’ONG Aide et Action a déjà apporté l’électricité dans 27 écoles au Bénin, Sénégal, Côte d’Ivoire et Guinée. Avec 6000 euros, Aide et Action équipe une école non seulement pour l’éclairage, mais aussi pour utiliser des équipements modernes d’enseignement comme les ordinateurs. Cela permet également de recharger des éclairages autonomes pour travailler à la maison le soir.
Des résultats scolaires en hausse
Selon l’ONG, les conditions d’enseignement ont ainsi été profondément améliorées. Et puisque l’électricité est là, les locaux peuvent servir le soir à d’autres activités, comme l’alphabétisation des femmes. Dans certaines écoles, le taux de réussite scolaire est passé de 50 à 80%. Aide et Action ambitionne d’équiper 100 écoles de plus en 2019.
L’énergie solaire est une réponse peu coûteuse à l’électrification des zones rurales. Relier par un réseau filaire des villages éloignés, éparpillés et peu peuplés, coûte cher. Selon Afrique Renouveau, seulement 20% des Africains ont accès à l’électricité. Pour certains pays, cela tombe à 5% et dans les zones rurales, on ne dépasse pas les 2%.
Au Kenya en 2011, seuls 20% des foyers étaient raccordés au réseau électrique. De l’aveu même du ministère de l’Energie, le raccordement complet ne sera pas atteint avant 2030. “En raison des investissements énormes qui sont nécessaires en capitaux”, 552 millions de dollars déjà investis en 40 ans.
Le taux d’équipement progresse
Selon le World Energy Network, il faudra investir 340 milliards d’euros pour assurer un accès universel à l’électricité en Afrique d’ici 2030. L’effort est gigantesque. Ensemble, 48 pays subsahariens ont tout juste le réseau électrique de l’Espagne. Malgré tout, le solaire a un prix. Autour de 1000 euros le m² de panneau. Selon le PNUD, il faut compter entre 500 et 1000 dollars (400 à 800 euros) pour équiper un foyer. Eclairer entre 3 et 6 pièces et faire fonctionner un téléviseur tous les soirs.
Selon Daniel Kammen, spécialiste en énergies renouvelables à la Banque mondiale, l’éclairage est le poste de dépenses le plus important des familles les plus pauvres d’Afrique. 10 à 15% des ressources passent dans l’achat du kérosène pour les lampes. Une dépense estimée au Kenya entre 20 et 50 shillings kényans par jour pour le kérosène (0,22 euro à 0,5 euro), cent fois moins que le coût d’une lampe solaire portable de bonne qualité.
Des limites techniques
Aujourd’hui, progrès technologiques et baisse des prix des matériels aidant font que l’électricité solaire est partout présente en Afrique. Elle constitue la solution aux besoins énergétiques des particuliers. Mais, bémol de taille, la stocker coûte cher en batteries et pollue beaucoup en absence de recyclage. D’autre part, l’énergie solaire ne peut pas répondre aux besoins de fortes puissances. Ainsi, malgré ses 92 000 panneaux solaires, la centrale solaire de Santhiou Mékhé, au Sénégal, ne produit que 30 MW, qui en regard des 900 MW d’une seule tranche de la centrale nucléaire du Bugey, en France, semblent quasiment anecdotiques.
Francetv