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Législatives au Mali : Kidal, trou noir électoral

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Les législatives auront lieu le 24 novembre au Mali, mais rares sont ceux qui croient à la possibilité d’organiser le scrutin dans le grand Nord. La sécurité y est bien trop précaire.

“Il y a ceux qui veulent que l’élection se tienne à Kidal pour prouver que cette région, c’est au Mali. Et puis il y a ceux qui veulent empêcher qu’elle ait lieu, justement pour montrer que Kidal, ce n’est pas le Mali.” Entre les deux camps ainsi décrits par Mamadou Diamoutani, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), il y a les électeurs, quelque peu déboussolés. Officiellement, 11 % seulement des personnes inscrites sur les listes électorales à Kidal s’étaient rendues aux urnes pour la présidentielle de juillet. Le scrutin paraissait sans véritable enjeu local. Mais, pour les législatives du 24 novembre, il en va autrement : Kidal comptera quatre députés dans la future Assemblée nationale.

Pour autant, la mobilisation des électeurs sera-t-elle plus forte qu’il y a quatre mois ? À Bamako, personne n’ose s’avancer. Tout juste la Ceni précise-t-elle qu’elle a établi un calendrier avec la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) pour que le matériel électoral (urnes, encre indélébile, bulletins de vote, enveloppes…) soit acheminé dans les temps dans le Nord. Les listes électorales devaient, quant à elles, être affichées à Kidal au plus tard le 17 novembre, comme dans le reste du pays.

Adama Kamissoko et ses préfets reclus dans la mairie

Les autres étapes du processus se révèlent plus problématiques. Selon le code électoral, les services décentralisés du ministère de l’Administration territoriale se chargent de l’organisation matérielle des opérations de vote. Sauf qu’à Kidal le gouverneur de région, le colonel Adama Kamissoko, et ses préfets, sont reclus dans les locaux de la mairie. Même chose pour le représentant régional de la Ceni. “En théorie, notre représentant s’occupe de la supervision du scrutin, mais dans la pratique, c’est quasi impossible”, confirme le président de la Ceni.

La question de la sécurisation de l’élection se pose également. Quatre forces armées sont pourtant présentes à Kidal : l’opération française Serval, la Minusma, l’armée régulière malienne et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), mais il n’y a pas, sur le terrain, de coordination de leurs opérations. Et c’est cela le vrai problème pour ceux qui souhaitent aller voter. Cinq agents électoraux et un élu n’avaient-ils pas été enlevés par des hommes armés lors du premier tour de l’élection présidentielle, avant d’être relâchés ? “On ne peut pas mettre un militaire derrière chaque électeur, insiste un officiel malien. À ce jour, nous ne savons même pas qui aura la charge d’assurer la sécurité le jour du scrutin. Il faut sortir vite de cette ambiguïté : cela suffit !”

Le problème se pose évidemment dans la ville de Kidal (où l’atmosphère s’est encore alourdie depuis l’enlèvement et l’assassinat, le 2 novembre, des deux envoyés spéciaux de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon), mais d’une manière plus générale dans toute la région. Même une frange du MNLA se dit opposée à la tenue du scrutin le 24 novembre, au motif que les négociations avec Bamako n’avancent pas.

L’Adema renonce à se présenter à Kidal

Faute de garantie pour leur sécurité, les observateurs internationaux pourraient ne pas se rendre dans les bureaux pour témoigner du bon déroulement du scrutin. Les responsables des médias affichent la même prudence et hésitent à décider de l’envoi de journalistes dans la zone.

Dans l’incertitude, l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), une des grandes formations politiques du pays, a renoncé à se lancer dans la bataille électorale à Kidal. Trop risqué, selon ses dirigeants. “Il nous paraissait plus important de nous concentrer sur d’autres circonscriptions où les choses sont plus claires”, a expliqué Tiémoko Sangaré, le président par intérim du parti.

Le Rassemblement pour le Mali (RPM), du président IBK a quant à lui choisi de faire porter ses couleurs par Mohamed Ag Intallah, un fondateur du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et Ahmada Ag Bibi, ancien bras droit d’Iyad Ag Ghali, le dirigeant du mouvement jihadiste malien Ansar Eddine. Ces deux notables touaregs ont bénéficié de la levée des mandats d’arrêt lancés contre eux par la justice malienne juste avant la validation de leur candidature par la Cour constitutionnelle.

Leur présence suffira-t-elle à convaincre les électeurs de se rendre aux urnes ? Pour l’heure, il semble certain que l’organisation du scrutin sera plus sereine à Gao ou à Tombouctou, les deux autres grandes villes du Nord qui enverront respectivement 8 et 7 députés à la prochaine Assemblée.

 

 

Source: Jeune Afrique

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