La participation des femmes aux élections générales et leur accès aux mandats électifs sont des défis de la démocratie malienne. Malgré leur supériorité numérique, les femmes ne sont pas bien représentées dans les instances de prise de décision. Cette situation interpelle, à la fois, le gouvernement, la société civile, les partis politiques et les partenaires techniques et financiers.
C’est ainsi que WILDAF-Mali, en partenariat avec le Programme d’appui à la gouvernance locale (SNGP), a organisé la semaine dernière un atelier de formation sur le leadership au Grand hôtel du Sahel à Kayes. Cet atelier de trois jours était destiné aux femmes leaders, et a enregistré la participation de plus d’une trentaine de participants venus des 7 cercles de la région (Kayes, Bafoulabé, Diéma, Kéniéba, Kita, Nioro et Yélimané). Parmi eux figuraient des femmes et des jeunes conseillers communaux, des membres de bureaux communaux et des femmes responsables d’ONG.
L’animation de cette formation était assurée par Mme Fily Diallo, Mme Djénéba Simaga et Mme Mariam Camara, respectivement chargée de programme, assistante et point focal WILDAF-Mali à Kayes. Les termes de référence font ressortir une situation évolutive mais lente de la participation des femmes aux élections communales : 701 femmes en 2004, 934 en 2009, sur 10 720 conseillers communaux. Ainsi, lors des dernières élections communales de novembre 2016, le nombre de conseillères a significativement augmenté de 927, soit 6,84% en 2009 à 2 866 femmes en 2017, soit 25%. Ce résultat a été atteint grâce à la quasi prise en compte de la loi 2015-52 du 18 décembre 2015 portant sur le quota. Cette disposition juridique accorde 30% des postes nominatifs et électifs aux femmes.
D’après Mme Fily Diallo, cette percée suscite de l’espoir car des élues deviennent porteuses de changement social et porte-parole dans l’expression des besoins et des intérêts stratégiques des femmes dans l’espace communal. Elles supportent une nouvelle vision en partageant leurs préoccupations et expériences et une nouvelle légitimité au processus démocratique. La sous-représentativité des femmes aux postes nominatifs et électifs est, en partie, imputable aux pesanteurs socioculturelles dans une société caractérisée de « patriarcale » ou la gérontocratie édicte les règles de conduite. Les jeunes et les femmes se trouvent être des couches ayant le plus besoin de renforcement afin d’assurer leur représentativité effective à tous les niveaux décisionnels.
Les acteurs locaux impliqués dans la gestion des collectivités sont des hommes et des femmes dont les efforts conjugués doivent converger vers un développement harmonieux et inclusif. Ces individus se sont hissés à travers, le plus souvent, un leadership inné, exercé, pas forcément dans les règles de l’art. L’acquisition du rôle d’élu avec la responsabilité, oblige l’acquisition de nouvelles qualités et des capacités qui permettront d’adopter des comportements adaptés aux situations.
C’est dans cette optique que le Programme de gouvernance locale, en partenariat avec WILDAF-Mali se propose d’organiser des sessions de renforcement des capacités des femmes et des jeunes nouvellement élus sur le leadership et les concepts associés. L’objectif est d’améliorer la performance des acteurs locaux de développement pour l’exercice d’une gouvernance participative et inclusive.Il s’agissait pour les responsables de cette ONG d’amener les participants à connaître les principes du leadership, les styles et qualités d’un bon leader. Lors des exercices pratiques et des travaux de groupes, ces participants ont pu identifier les barrières auxquelles sont confronté s les femmes, jeunes leaders ou femmes et jeunes en quête de leadership.
L’atelier visait également à acquérir des connaissances sur des facteurs associés (conflits et communication). Il avait également pour objectif d’amener les participants à connaître des approches/comportements cohérents et adaptés aux réalités de leurs organisations, collectivités et services techniques, pouvant contribuer à une meilleure atteinte des objectifs, dans le respect des principes de bonne gouvernance.
Durant la formation, certains élus de Yélimané et de Diéma ont fait des témoignages sur leurs expériences au conseil communal. D’autres ont fait des exercices de simulation de campagne électorale en vue de rallier les populations à leur cause. «Cette formation est une bonne initiative qui s’inscrit dans le cadre du renforcement de nos capacités. J’ai appris beaucoup de choses dans le domaine du leadership, notamment les outils qui me permettront d’avancer en tant que leader», a déclaré Aïssata Sow du Mouvement des jeunes engagés de Kayes.
Bandé Moussa
SISSOKO
AMAP-Kayes
Source: Essor