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Le spectre de l’effondrement de l’Etat se précise

Depuis un certain temps le commandement général des Forces Armées Maliennes (FAMa) présente les attaques des groupes armés terroristes (GAT) singulièrement la katiba Ançar dine Macina, une sous-composante d’al-Qaïda, comme des  » actions désespérées face à la forte pression » exercée par les troupes, plus que jamais motivées et déterminées à accomplir leur devoir de sécurisation du territoire national et des populations. L’attaque du vendredi 22 juillet contre le camp Soundiata Keita de Kati, celles opérées la veille jeudi contre les emprises militaires de Douentza, Koro et Kolokani,  » toutes complexes et simultanées « , enfin le raid meurtrier, une semaine auparavant, contre le poste de contrôle de Zantiguila (six tués dont deux gendarmes et un policier) seraient ainsi des réactions de vengeance à la cinquantaine de terroristes abattus par nos braves militaires dans le centre ( Mopti et Ségou)  et l’est (Ménaka) entre le 14 et le 18 juillet. Des réactions qui surviennent donc dans un climat de « débandade  » comme il ressort des communiqués officiels.

La réalité est moins idyllique et incite à soutenir le contraire. Parti des confins kidalois, voici une quinzaine d’années, l’hydre terroriste a gangrené toutes les régions septentrionales avant de s’étendre au centre du pays, puis de là il a entamé sa progression, à ce jour irrésistible, vers les régions méridionales (Sikasso, Koulikoro, Kayes, Bamako). Déjà en 2015 et 2017 des établissements hôteliers et de loisirs de la capitale avaient fait l’objet d’attentats meurtriers (34 morts).

Le fait nouveau et proprement effrayant est l’attaque combinant deux voitures piégées, des roquettes, des mortiers et des armes de poing contre la plus importante garnison  militaire du pays et abritant de surcroît les domiciles du président, du ministre de la Défense et d’autres hauts responsables militaires de  la Transition. L’objectif, clair comme une eau de roche, était de les éliminer physiquement, ce qui précipiterait l’effondrement de ce qu’il reste de l’Etat et ouvrirait la voie à l’avènement d’un émirat inféodé à Al-Qaïda. Cette opération hardie, qui aurait pu être évitée grâce à un renforcement de la sécurité autour et dans la ville de Kati que requérait l’assaut terroriste de la veille ayant coûté la vie à deux éléments des forces spéciales à Kolokani, a été rendue possible-c’est une évidence-par le vide sécuritaire créé par le démantèlement du dispositif composé de Barkhane, Takuba et la Force conjointe du G5-Sahel. Auquel il faut ajouter la suspension du précieux appui en renseignements des États-Unis d’Amérique. Un vide qui tarde manifestement à être comblé par la nouvelle alliance nouée avec la Russie (officielle ou Wagner)

Preuve, s’il en était besoin, que le fléau terroriste, loin d’être sur la défensive, encore moins en « débandade » comme s’évertuent à le faire croire les chefs de l’armée malienne, le rapport de la MINUSMA, daté de juin dernier, a fait ressortir, sans contestation de la part du gouvernement malien, que notre pays « ne contrôle plus que 15 % de son territoire national « . Ce recul sécuritaire, synonyme de gains territoriaux réalisés par les terroristes, est constaté dans un contexte où la Coalition des Mouvements de l’Azawad (CMA) s’indignant de «  l’abandon de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, notamment depuis l’avènement de la Transition« , déclare  «  se réserver le droit d’en tirer toutes les conséquences « .Toutes choses qui, mises ensemble, représenteraient un danger réel pour le maintien de l’Etat malien dans sa forme actuelle.

Plutôt que de se gargariser  de mots et d’endormir la conscience populaire avec des formules lénifiantes, les autorités doivent s’atteler à ce qu’il y a de mieux à faire: tenir les élections référendaire, présidentielle et législatives dans le délai supplémentaire de deux ans qu’elles se sont attribué et validé par la CEDEAO afin que les institutions légitimes qui en sortiront puissent œuvrer à mobiliser les énergies nationales autour des grands défis de l’heure et normaliser les relations avec la communauté internationale, point d’ancrage pour la restauration de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement.

Saouti HAIDARA

Source: l’Indépendant

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