Qu’adviendrait-il de l’Ukraine si Donald Trump occupait actuellement le bureau Ovale de la Maison Blanche ? En 2019, il avait été mis en accusation par la Chambre des représentants pour abus de pouvoir, après avoir bloqué temporairement une aide militaire destinée à Kiev. Il s’agissait alors pour lui de forcer la justice ukrainienne à ouvrir une enquête sur son futur adversaire à la présidentielle de 2020, Joe Biden.

Que serait-il advenu de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) s’il avait été réélu en 2020 ? L’ancien conseiller à la sécurité nationale du républicain et désormais l’un de ses critiques les plus acerbes, John Bolton, a assuré dans ses Mémoires que ce dernier aurait profité d’un second mandat pour en retirer les Etats-Unis. Il n’avait, il est vrai, jamais masqué son mépris pour l’organisation transatlantique avant même son arrivée au pouvoir. Ancien diplomate, Richard Haas, qui va prendre congé de la direction du Council on Foreign Relations, un cercle de réflexion de Washington, n’avait-il pas qualifié alors sa politique étrangère de « doctrine du retrait » ?

Ces questions n’ont rien de rhétorique. Certes, aucun bulletin de vote ne comportera le nom de Donald Trump lors des élections de mi-mandat, qui se tiendront aux Etats-Unis le 8 novembre. Le trumpisme, en revanche, y figurera bel et bien, y compris dans la déclinaison qui concerne la politique étrangère : un nationalisme étroit, dénué de toute préoccupation morale, dans lequel les relations avec les autres pays, quels qu’ils soient, sont réduites à ce qu’elles peuvent apporter à Washington, indépendamment de valeurs communes ou de liens historiques partagés. Un cauchemar pour les Européens qui ont espéré, avec l’élection de Joe Biden, qu’une parenthèse détestable s’était refermée et pour longtemps.

Soutien à l’OTAN

Il a suffi d’une phrase, prononcée par le possible futur speaker (président) de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, pour que le spectre de l’« America first », le slogan de Donald Trump, vienne flotter sur le conflit ukrainien. « Je pense que les gens vont se retrouver dans une récession et qu’ils ne vont pas faire un chèque en blanc à l’Ukraine », a assuré l’élu de Californie à un site d’information politique de Washington.

« Nous voulons tous aider [l’Ukraine]. En même temps, vous savez, nous avons des problèmes dans notre propre pays qui restent non résolus, et nous n’avons aucune idée du plan de l’administration. Comme, quel est le but ? Où allons-nous ? L’argent de nos impôts est-il utilisé à bon escient ? », a estimé en octobre Scott Perry, le président du Freedom Caucus qui rassemble les élus parmi les plus trumpistes de la Chambre. Si le Congrès bascule dans le camp républicain au 1er janvier 2023, l’aide américaine serait-elle drastiquement revue à la baisse ?