Le procès en destitution de Donald Trump s’est achevé sans surprise mercredi au Sénat parl’acquittement du président des Etats-Unis, jugé depuis le mois dernier pour abus de pouvoir et entrave à l’action du Congrès.
La chambre haute a jugé le président non coupable d’abus de pouvoir par 52 voix contre 48, soit le reflet quasi fidèle du rapport de forces entre la majorité républicaine et la minorité démocrate, Mitt Romney étant le seul républicain à se ranger du côté des démocrates. Elle a ensuite jugé le président non coupable d’entrave aux travaux du Congrès par 53 voix contre 47, Romney rejoignant son camp.
Donald Trump était le troisième président des Etats-Unis à faire l’objet d’un procès en destitution après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998, tous deux ayant eux aussi été acquittés. Mis en cause dans le scandale du Watergate, Richard Nixon avait démissionné en 1974 avant un vote de la Chambre des représentants sur son éventuelle destitution.
Mercredi, les sénateurs ont voté tour à tour, sous les yeux du président de la Cour suprême John Roberts, qui dirigeait le procès ouvert le 16 janvier dernier devant le Sénat transformé pour l’occasion en tribunal.
Ce vote met fin à une procédure initiée cet automne par les démocrates, majoritaires à la Chambre des démocrates, et concrétisée par la mise en accusation formelle du president américain le 18 décembre dernier en séance plénière. Donald Trump était accusé d’avoir fait pression sur sonhomologue ukrainien Volodimir Zelenski et conditionné le déblocage d’une aide militaire à l’ouverture par les autorités ukrainiennes d’enquêtes contre Joe Biden, son possible adversaire démocrate à l’élection présidentielle de novembre. L’acte d’accusation dressé par les démocrates lui reprochaiten outre d’avoir fait obstacle à l’action du Congrès lors des enquêtes qui ont suivi devant différentes commissions de la Chambre des représentants en bloquant la transmission de documents et les témoignages de ses principaux conseillers, dont John Bolton, son ex-conseiller à la sécurité nationale.
ROMNEY ISOLÉ
L’arithmétique du Sénat ne laissait aucun doute sur l’issue du procès puisque l’accusation devait réunir une majorité des deux tiers, soit 67 voix, pour obtenir la destitution du 45e président des Etats-Unis, mais que seul Mitt Romney, parmi les 53 sénateurs républicains, avait annoncé qu’il sanctionnerait le président en exercice.
Romney, ancien candidat à la présidentielle de 2012, a justifié sa décision en jugeant Donald Trump coupable d’un “épouvantable abus de la confiance publique”. “Ce qu’il a fait n’était pas ‘parfait’,” a-t-il dit, allusion à l’expression employée par Donald Trump pour décrire sa conversation avec le président Zelenski. “Non, c’était une grossière attaque contre nos droits électoraux, notre sécurité nationale et nos valeurs fondamentales.”
Les échanges acrimonieux qui se sont multipliés au Sénat depuis l’ouverture du procès ont illustré la polarization extrême de la classe politique et de la société américaines, exacerbée par le contexte d’une année électorale au terme de laquelle les démocrates espèrent prendre leur revanche sur Trump et le priver d’un second mandat à la Maison blanche.
Trump et les siens ont affirmé que les démocrates, incapables de digérer la défaite d’Hillary Clinton en novembre 2016, se sont comportés en “putschistes” soucieux de mener à terme leur “chasse aux sorcières” que le président américain dénonce sans répit depuis son entrée en fonction.
Les démocrates, dont une partie était à l’origine réticente à lancer une procédure d'”impeachment” a priori vouée à l’échec, ont jugé eux que la gravité des faits imputés à Trump était telle que s’abstenir aurait constitué une indignité.
Ces tensions ont trouvé leur prolongement mardi soir lors du traditionnel discours annuel sur l’état de l’Union prononcé par le président devant le Congrès réuni à la Chambre des représentants. Donald Trump a évité de serrer la main de Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre, qui a déchiré la copie du discours qu’il lui avait remise.
PUTSCHISTES VS DICTATEUR
Intervenant à la veille du vote au Sénat, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a exhorté la chambre haute à voter l’acquittement pour faire tomber la “fièvre clanique” et éviter que “l’abus de pouvoir commis par la Chambre des représentants” ne vienne détruire les institutions et mettre à bas l’oeuvre des Pères fondateurs des Etats-Unis.
En retour, Edward Markey, sénateur démocrate du Massachusetts, a prévenu que si les républicains l’acquittaient, “une majorité dans cette assemblée aurait fait du president Trump un dictateur”.
Dans une interview accordée au New York Times, Nancy Pelosi estime que même si le Sénat acquitte Trump, les democrats auront réussi à démasquer ses agissements qui, dit-elle, le rendent inaptes à la charge présidentielle et donc à une réélection dans neuf mois.
Le procès devrait se poursuivre, hors de l’enceinte du Sénat, sur les estrades et lors des débats de la campagne électorale.
Le président des Etats-Unis a promis de s’exprimer publiquement sur le sujet jeudi à la mi-journée (17h00 GMT).
“Le président Trump a été totalement innocenté et il est temps de s’occuper à nouveau du peuple américain”, a déclaré le directeur de campagne de Donald Trump, Brad Parscale, dans un communiqué.
Le procès ne semble guère avoir modifié la perception qu’ont les Américains de leur président. Selon un sondage Reuters/Ipsos effectué lundi et mardi, 42% des Américains sont satisfaits de son action alors que 54% la désapprouvent. Ils étaient respectivement 43% et 53% en septembre dernier, avant le lancement de la procédure d’impeachment.
Source: voaafrique