Kita-Kourou (la colline de Kita), Kita-Mogoya dji qui veut dire l’eau qui favorise la personnalité, Kita-Kourouni koumala (en français le rocher qui parle) sont des lieux sacrés qui font de Kita, l’une des villes les plus mystiques du Mali.
L’histoire nous enseigne que Guénou Kourou (l’ancien nom de Kita) fut fondée, au 13è siècle, par Séma Toloba Camara, un chasseur originaire de la Guinée. Ensuite, vinrent les Tounkara en compagnie des troupes de Soundjata pour combattre le roi Soumangourou Kanté. Ils furent rejoints par les Keïta originaires du Mandé.
Plusieurs siècles plus tard, les habitants du Guénou Kourou, fatigués des pillages incessants par les peulhs de Goumanko, auraient sollicité l’appui des colons français basés à Médine pour mettre fin aux razzias. Une délégation fut envoyée à Médine. A son arrivée, elle fut reçue par le gouverneur Faidherbe. En s’adressant au gouverneur, les envoyés disaient «An Kita» qui veut dire en Malinké « nous avons été envoyés ». Mais Faidherbe retint «N Kita». Ainsi, lorsque les colons français arrivèrent à Guénou Kourou, ils donnèrent le nom Kita.
De 1880 à 1959, ce sont 85 administrateurs Blancs qui se succédèrent à Kita. Au cours de leur séjour, ils auraient choisi de s’établir sur la colline. Mais à chaque fois qu’ils entamaient les constructions sur cette colline, la nuit tombée tout s’écroulait. Le mystère aurait perduré, et un jour deux Blancs auraient trouvé la mort alors qu’ils descendaient de la colline.
En effet, la colline de Kita renferme beaucoup de mystères, mais nous allons nous focaliser sur celui de «Mogoya dji» ou l’eau qui favorise la personnalité. D’après la légende, nul ne pouvait boire de cette eau qui était gardée par des diables. Un homme et sa sœur dans le clan des Keïta qui étaient des sorciers, se transformèrent un jour en aigle pour l’homme et en écureuil pour la femme.
L’écureuil a commencé à s’abreuver et conserva l’eau dans sa bouche. Lorsque les diables s’apprêtaient à l’assommer, l’aigle tout à coup l’emporta. Les diables dirent : «nous te laissons avec cet aigle qui fera de toi sa proie».
A leur arrivée près du village, l’aigle et l’écureuil se transformèrent en humains. Ils rentrèrent à la maison et versèrent la bouchée d’eau dans le canari. Toute la famille fut invitée à boire et c’est ainsi que la Maison des Keïta devint prospère et influente à Kita.
Madiba KEITA
Source: L’Essor- Mali