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Le régime militaire de transition face à ses premiers défis et échecs

Est-il convenable de parler de régime militaire au Mali quand on sait que la CEDEAO n’a levé ses sanctions et son embargo sur notre pays qu’après avoir constaté qu’une “Transition civile” y avait été installée ? Leurre total bien sûr. La CEDEAO n’est pas du tout dupe de ce qui est en cours au Mali auquel elle n’est au demeurant pas étrangère. Il se joue en effet dans notre pays un vrai jeu de dupes qui, de la franche rigolade vire de plus en plus au vaudeville voire à la tragi-comédie.
En effet, après avoir dit et fait tout et son contraire, piétiné lois et Constitution, tenté de marginaliser le M5-RFP avec lequel il a coupé tous les ponts, laminé le CNSP sommé d’organiser ses propres funérailles, la CEDEAO, lassé s’est détourné du Mali sans avoir fini le job. La pauvre ne pouvait en effet continuer à cravacher le malien lambda privé de tout en pleine pandémie du nouveau coronavirus et applaudir dans le même temps les situations délétères en Côte d’Ivoire et en Guinée. Sans grands moyens et n’ayant pas le don d’ubiquité il fallait faire profil bas au Mali pour mieux faire passer d’autres pilules plus amères à avaler.
Revenons donc, pour faire simple à la Transition au Mali confrontée à ses premiers défis qui, eux ne peuvent être driblés comme le fût le M5-RFP.
Le premier défi auquel le nouveau gouvernement a eu à faire face a été celui de la grève des administrateurs civils, des travailleurs du ministère de l’administration territoriale et des Collectivités territoriales et des Agences de développement régional. Ceux-ci, faut-il le rappeler en plus d’être les premiers piliers et les soutiens les plus solides de l’Etat sont aussi les premiers interlocuteurs des usagers. Les négociations engagées pour éviter cette grève catastrophe n’ont pas seulement échoué. Elles se sont, cas rarissime, clôturées sans le plus petit accord sur le moindre point de revendication. Un désaccord a en effet été constaté et acté sur les 11 doléances formulées par les syndicats. Du jamais vu au Mali. Faut-il dès lors mettre en cause l’amateurisme des négociateurs, la rigidité des consignes à eux données PAR LE Gouvernement ou l’intransigeance des partenaires sociaux ? Ou même évoquer l’insouciance de l’Etat et son incapacité à anticiper les graves conséquences de cette grève non seulement sur la présence de l’Etat déjà faible sur tout le territoire national mais aussi sur les désagréments qu’elle entraine sur les actes de la vie quotidienne des citoyens qui ne pourraient plus, par exemple, légaliser un document ou simplement se marier devant l’officier d’état civil. Le constat est net et sans ambiguïté : le mot d’ordre de grève est largement suivi, les bureaux des Préfectures, des Agences de développement régional ou encore des mairies sont désespérément vides depuis trois jours et leurs travailleurs sont aux abonnés absents.
 Nos militaires déguisés en civils ont ensuite été confrontés à la grève des travailleurs du Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Touré qui sonne comme un desastre humanitaire. Selon les travailleurs de cette structure les autorités n’ont aucune volonté réelle de satisfaire leurs justes revendications qui sont au nombre de 13 points de revendications regroupés autour de axes à savoir une bonne gouvernance hospitalière, le respect des engagements pris et l’amélioration des conditions d’accueil, de soins et d’hospitalisation auxquels s’ajoute l’exigence d’une bonne hygiène des lieux.
Le troisième « premier défi » porte sur le blocus, l’embargo autour du village de Farabougou dans la région de Ségou depuis maintenant plus de deux semaines. Ce village de quelques 3000 âmes, situé à proximité de zones d’opération des Forces armées Maliennes vit un véritable calvaire et manque cruellement de tout. Quelques dizaines d’hommes armés, appartenant peut-être à la Katiba Macina du prédicateur Amadou Kouffa, encerclent en effet le village, défient l’armée du Mali réduite à s’en remettre à une hypothétique et interminable médiation. Conscients du drame des populations, les colonels de Bamako se sont jusque-là, haut fait de guerre, de larguer d’insignifiantes quantité de vivres sur le village. Pourquoi ne pas larguer des commandos-parachutistes pendant que nous y sommes ?
Cette situation impacte très négativement sur l’image de la junte accusée de se la couler douce à Bamako dans les bureaux climatisés alors que le devoir les appelle sur les théâtres d’opération.
L’ancien Premier ministre Moussa Mara s’est alarmé de cette situation à travers un tweet « Embargo terroriste sur le village de Farabougou dans le cercle de Niono : un défi à l’autorité de l’Etat ! Je demande aux responsables du pays de ne pas laisser cette situation perdurer en confiant la gestion de ce dossier uniquement aux organisations de la société civile ». Il n’a pas été apparemment entendu.
Plus interpellatif, le mouvement EMK du cinéaste Cheick Oumar Sissoko met carrément en cause l’incapacité des autorités à faire face à la situation qui perdure « des tueries en masse de paisibles populations, des destructions entières de villages et hameaux, des enlèvements de personnes et de bétails, semblent ne plus émouvoir les tenants de l’autorité, est-on tenté de dire au vu de la récurrence de la perpétration des barbaries en cours… La situation de Farabougou est une nouvelle épreuve douloureuse et insoutenable pour notre peuple et l’état de transition en cours.  Comme le 14 Mai 2020, Espoir Mali Koura (EMK / M5 RFP) interpelle le gouvernement sur ses responsabilités pleines et entières quant à la résolution de la crise sécuritaire qui frappe toujours notre pays. L’incompétence et le manque de vision de l’ancien régime d’IBK perdureraient-ils encore après le 18 Aout 2020 ? ». Avant Me Mountaga TALL aussi s’était ému de la situation sur son compte twitter « Le blocus de #Farabougou (Ségou – Mali) dont les habitants vivent l’enfer est de plus en plus insupportable. Nos pensées et prières sont tournées eux. Notre soutien à nos Forces de Défense et de sécurité pour mettre un terme à cette difficile situation. Le Mai gagnera ! ».
Tous ces acteurs politique ne se sont fait que l’écho de la grande désillusion voire déception que les maliens dans leur majorité, ressentent envers cette junte militaire très récemment adulée et aujourd’hui objet de toutes les interrogations sur ses ambitions réelles.
Et par une désastreuse erreur de communication , c’est à ce moment précis qu’est publié un décret très controversé sur les attributions du Vice-président de la Transition et à l’organisation de son Cabinet. Tout simplement budgétivore et loin des combats pour lesquels les chefs militaires de la Transition sont attendus.
Moctar Sow
Source : Malikilé numéro 714 du 22 octobre 2020
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