Le procureur a requis mercredi le relaxe “pure et simple” de Franck Ribéry et Karim Benzema, estimant qu’il n’était pas prouvé que les deux footballeurs français aient eu connaissance de la minorité de l’escort-girl Zahia, qui avait menti sur son âge.
Dans cette affaire qui avait éclaté peu avant la Coupe du monde 2010, Ribéry, 30 ans, et Benzema, 26 ans, sont poursuivis pour recours aux services d’une prostituée mineure, délit passible de trois ans de prison et 45.000 euros d’amende, respectivement en 2009 et 2008. Tout comme Zahia, ils n’étaient pas présents au procès qui se déroule depuis lundi.
Pendant l’enquête, Ribéry a affirmé qu’il ignorait que Zahia n’avait pas 18 ans et contesté l’avoir rétribuée, affirmant même qu’il ignorait qu’il s’agissait d’une prostituée. Benzema a quant à lui nié la relation sexuelle que la jeune fille affirme avoir eue avec lui.
Le procureur Jean-Julien Xavier-Rolai a estimé que “la réalité même” de cette relation est “à tout le moins douteuse”.
L’attaquant du Real Madrid, Karim Benzema, “a un tort”, a plaidé son avocat, Me Sylvain Cormier, “de s’être mal défendu, comme se défendent mal les innocents”.
Si le comportement de Ribéry peut sembler bien éloigné de celui d’un “gentleman”, aucune infraction pénale ne peut lui être reprochée, tout comme son beau-frère, qui avait participé à des ébats collectifs en avril 2009 à Munich, a déclaré le procureur.
“Bien étrange système judiciaire” dans lequel “sans accusation” – le parquet avait requis un non-lieu – “sans victime”, “on renvoie devant le tribunal”, a plaidé l’avocat de Ribéry, Me Carlo Alberto Brusa.
Zahia, qui a accédé à la notoriété et s’est lancée dans la création de lingerie, a “gagné des galons dans cette affaire”, a-t-il souligné. Son client, à qui le Ballon d’or a échappé récemment, espère que ce “cauchemar”, qui laisse un “champ de ruines familial, personnel”, prendra fin avec la décision du tribunal.
Pour le procureur, il n’est pas non plus démontré que Kamel Ramdani, ami de Ribéry qui a organisé l’escapade munichoise de Zahia, savait qu’elle était mineure. Mais le fait d’avoir organisé le déplacement de l’autre escort qui faisait partie du voyage est bien constitutif du délit de proxénétisme, selon le magistrat, qui a requis deux ans de prison, dont un avec sursis.
“Les lumières s’éteignent”
La peine la plus lourde, trois ans de prison, dont la moitié avec sursis, a été requise contre Abousofiane Moustaïd, un ancien candidat à l’émission de télécrochet “La nouvelle star”, qui s’est voulu “petit roi de la nuit parisienne”.
Il lui est reproché d’avoir été un “intermédiaire” sans lequel des jeunes femmes qui se livraient à “une nouvelle forme de prostitution”, “indépendante”, en “free-lance” ne pouvaient accéder à certaines personnalités, et qui “demande un billet quand il met en contact une fille et un client”.
Une peine d’un an de prison avec sursis a été requise contre Dora, une escort-girl qui a expliqué qu’elle ignorait que mettre en relation des copines avec des clients pouvait s’apparenter à du proxénétisme.
Toute cette affaire avait démarré alors que la police enquêtait sur le Zaman café, cabaret oriental proche des Champs-Elysées, qui a depuis fait l’objet d’une fermeture administrative. Contre les deux frères qui géraient cet établissement selon lui “dédié à la prostitution”, le procureur a requis deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis.
En achevant son réquisitoire, M. Xavier-Rolai a décrit Zahia comme propulsée par “Abou”, mais avec le temps, “les lumières s’éteignent et les satellites on les oublie”.
A l’issue des autres plaidoiries de la défense jeudi, le tribunal mettra sa décision en délibéré.
source : afp