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Le Président et la sécurité, récit d’une conversion

Depuis deux ans, influencé par son Premier ministre, François Hollande a peu à peu adopté un ton et des thèmes martiaux qui lui étaient jusque-là étrangers.

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La mue sécuritaire de François Hollande tient en une formule. Le 16 novembre, l’ex-président normal arc-bouté sur l’orthodoxie budgétaire depuis 2012, l’admet devant le Congrès : aujourd’hui, «le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité» européen. Protéger les Français : face à la menace terroriste, le chef de l’Etat abandonne ses derniers oripeaux économiques et sociaux, pose désormais en père de la nation et défend l’union nationale dans toutes ses interventions.

Une conversion lente, qui s’est toujours accélérée un mois de janvier. Du 15 janvier 2013, quand il déclenche l’opération Serval au Mali pour – déjà – lutter contre les jihadistes, au 7 janvier 2015, quand la France connaît son premier attentat de masse, en plein cœur de Paris, avant des attaques dix fois plus meurtrières dix mois plus tard. Jeudi, en commémorant les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, Hollande est revenu sur cette «année terrible, année tragique, année aussi où nous avons trouvé des forces au fond de nous-mêmes».

Une année où «nous avons brisé tous les tabous en matière de sécurité», déplore un ministre. Pourtant, sur ces questions, Hollande a délégué pendant très longtemps. Durant ses onze années à la tête du Parti socialiste, c’est son numéro 2, François Rebsamen, qui s’occupe du dossier police. Pendant la campagne de 2012 aussi, quand son ami de trente ans, Jean-Yves Le Drian, s’occupe de la chose militaire pour lui, rédigeant tous ses discours sur le sujet.

Exit.Juste avant le premier tour, en mars 2012, l’affaire Merah secoue les socialistes et c’est finalement Manuel Valls, pour qui «la sécurité est la première des libertés», qui va s’imposer au ministère de l’Intérieur avant d’entrer à Matignon. De quoi, encore, se reposer sur un spécialiste pour pouvoir se dédier au reste : la fiscalité, le socialisme de l’offre et les affres du début du quinquennat, de Florange à Leonarda en passant par les Bonnets rouges. En janvier 2014, c’est la grande clarification du «pacte de responsabilité» et, six mois plus tard, le remaniement surprise : plus de frondeurs de l’intérieur, plus besoin de défendre ses choix économiques dans chacun de ses discours. Exit les leçons ès fiscalité arides et techniques qui plombaient toute apparition télévisée.

Galet.A l’automne, un Hollande libéré se (re)met à parler de République, de«vivre ensemble» et du quotidien des Français. Surgit le 7 janvier. Le chef de guerre reprend le dessus. «Voilà ce qui vous change : la mort habite la fonction présidentielle», confie le chef de l’Etat en mars dans les colonnes de Society. Après le 13 Novembre, sous l’homme qui promet d’être «impitoyable» contre les terroristes, perce aussi un président compassionnel que peu de ses ministres connaissaient. Certains de ses proches le comparaient même à un galet «lisse à l’extérieur mais dur à l’intérieur», mais dans les soubresauts des attaques, il a fendu l’armure.«C’est une horreur», souffle-t-il au soir du 13 novembre, lorsqu’il s’adresse aux Français à la télévision. Dès le lendemain de l’attaque contre le Bataclan, il est au chevet des blessés. «Il est sans affect pour ce qui le concerne, mais ce qui se joue là, c’est de l’empathie pure, il partage une douleur collective nationale», se souvient la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

Au fil de cette année tragique, également marquée par une forte poussée du FN, émerge l’idée au sommet de l’Etat que la prochaine présidentielle se jouera sur les questions, si ce n’est de sécurité, de protection et d’identité plus que sur le terrain économique et social, qui constitue pourtant le biotope de la gauche. Et donc, dans les discours présidentiels, «tout ce qui n’est pas régalien, notamment toute la préservation et le renforcement du modèle français que nous avons réussi, apparaît comme accessoire», déplore un ministre.

Loi sur le renseignement, volonté d’inscrire dans la Constitution l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité, créations de milliers de nouveaux postes dans les forces de sécurité, renforcement des pouvoirs aux policiers et aux autorités administratives, procédure pénale simplifiée : la liste des ajustements s’allonge au fil des jours. «La menace évolue, donc nous aussi», justifie un conseiller présidentiel. «On est en train de renier absolument toutes nos convictions depuis trente ans,appuie un dirigeant socialiste. On nage en pleine désidéologisation de la gauche. La liberté, pas la sécurité, c’était ça le paradigme de notre engagement.»

 

Source: liberation

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