Le Conseil constitutionnel du Sénégal a sans surprise proclamé mardi la réélection au premier tour du président Macky Sall, qui a aussitôt annoncé « tendre la main » à l’opposition pour un « dialogue constructif » dès le début de son second mandat le 2 avril.
Ses quatre adversaires au premier tour le 24 février avaient annoncé la semaine dernière rejeter les résultats provisoires proclamés par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV), mais renoncé à les contester devant le Conseil constitutionnel.
L’examen des documents transmis le 28 février par la CNRV, dont les observations des représentants de certains candidats « ne révèle pas d’irrégularité de nature à altérer la sincérité du scrutin », selon la décision du Conseil lue par sa greffière en chef, Mme Ernestine Ndèye Sanka.
Après les « corrections et redressements nécessaires », Macky Sall a obtenu 2 555 426 voix soit 58,26 %. « Il y a lieu de le déclarer élu au premier tour », a déclaré Mme Sanka.
Le chef de l’État, réélu pour cinq ans, est suivi de l’ex-premier ministre Idrissa Seck (20,51 %), du candidat antisystème Ousmane Sonko (15,67 %), du président d’université privée Issa Sall, proche d’un mouvement religieux issu de la confrérie tidiane (4,07 %) et de l’ex-ministre Madické Niang (1,48 %).
M. Sall, 56 ans, qui a vu dans « ce nouveau contrat de confiance » la validation de son plan Sénégal émergent (PSE), s’est engagé à « faire encore plus et mieux », dans un discours en fin d’après-midi, sa première déclaration publique depuis le scrutin, marqué par une participation de plus de 66 %.
Main tendue à l’opposition
« À mes yeux, il n’y a ni vainqueur ni vaincu », a-t-il assuré. « Je tends la main à toutes et à tous pour engager un dialogue ouvert et constructif dans l’intérêt supérieur de la nation », a déclaré le président sénégalais, promettant des « propositions en ce sens » après sa prestation de serment le 2 avril.
Je convie à ce dialogue républicain toutes les forces vives de la nation, dialogue auquel mes prédécesseurs, les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, pourraient apporter leur contribution.
L’ex-président Wade, qui au début de la campagne avait appelé à brûler le matériel électoral, avant de plaider pour « une résistance somme toute ferme, mais pacifique », avait recommandé à ses partisans de « ne pas participer à ce simulacre d’élection », confisquée selon lui par Macky Sall.
L’opposition a dénoncé l’invalidation des candidatures de Karim Wade, fils et ancien ministre d’Abdoulaye Wade, et de Khalifa Sall, maire déchu de Dakar, tous deux frappés par des condamnations judiciaires, ainsi que l’instauration d’un nouveau système de parrainages qui a éliminé 20 des 27 prétendants.
Dans la matinée, le mouvement citoyen Y’en a marre, en pointe en 2012 contre un troisième mandat d’Abdoulaye Wade, a salué la forte participation, mais déploré « un processus électoral chaotique conduit de façon cavalière par le pouvoir » et exigé la « libération immédiate » d’une dizaine de partisans de l’opposition arrêtés après le vote, dont un ancien porte-parole de l’armée.
Huit d’entre eux ont comparu mardi devant la justice qui les a libérés sans retenir de charges contre eux, a rapporté l’Agence de presse sénégalaise.
Le Sénégal, qui a connu deux alternances, en 2000 et en 2012, et aucun coup d’État, fait figure de modèle démocratique en Afrique, mais les campagnes électorales y sont souvent émaillées d’accusations de corruption, de désinformation et de violences.
Des affrontements ont fait deux morts le 11 février à Tambacounda, à 420 km à l’est de Dakar, entre partisans de Macky Sall et d’Issa Sall.