L’Association « Convention des réformateurs pour l’alternance et la justice » (Craj) se mue en parti politique et devient Craj Faso Nyèta. La cérémonie de clôture de son premier congrès statutaire a eu lieu le dimanche 18 février dans la salle de conférence de la maison des Aînés. C’était sous l’égide de son président Mahamane Mariko.
Dans un discours très acerbe devant une assistance largement acquise à sa cause, l’ancien secrétaire général de l’Aeem fustige le système mis en place au lendemain du 26 mars 1991. Pour lui, la plupart des acteurs autoproclamés du changement sont devenus à la fois « corrompus et corrupteurs. » Ils ont progressivement mis en place un système « clientéliste », devenu aujourd’hui « mafieux ». Celui-ci, explique-t-il, est basé sur le « détournement de l’argent public ». « Il a fini par vider l’Etat de sa substance pour le transformer en un assemblage hétéroclite d’individus, de cliques et de clans», analyse-t-il. De l’avis de l’orateur, le système se fonde sur le chacun pour soi, sur « l’accaparement frauduleux de la richesse publique » par la famille et le clan du régnant. Tout cela, complète-t-il, est soutenu par « l’impunité totale dont bénéficie la caste de privilégiés. »
Les responsables actuels n’ont pas été à la hauteur des enjeux
Le Mali est aujourd’hui un pays sous tutelle et est regardé par nos partenaires avec circonspection et inquiétude. Tout cela, tacle-t-il, parce que les responsables actuels n’ont pas été à la hauteur des enjeux du moment. Qu’on se le dise, fulmine-t-il, les attributs de la souveraineté ne se résument pas aux fastes du pouvoir, à un avion de commandement, à des tapis rouges et à des cortèges de véhicules de luxe. Très offensif, Mariko ajoute « gouverner ne se résume pas à organiser la grande valse des nominations en conseil des ministres, dont la litanie devient affligeante sur les médias d’Etat.
L’Etat doit être purgé de ses éléments « toxiques »
Selon Mahamane Mariko, la nouvelle formation politique se battra pour la refondation d’un Etat républicain. Pour lui, l’Etat doit être purgé de ses éléments « toxiques ». Il s’agira ensuite de parvenir à une restructuration du champ politique pour permettre l’instauration d’un vrai « débat démocratique ». Très déterminé, il agite son doigt puis ajoute « restaurer un Etat soucieux du bien être de la population, parvenir à se donner des responsables intègres et compétents seraient un message formidable adressé à l’Afrique et au monde par le Mali. » Aussi prévient-t-il, « il n’y aura pas de nouvelle trahison. » « Nous serons sans concession», martèle-t-il. Pour conclure, Mahamane Mariko et ses amis proposent un nouveau point de départ. C’est pourquoi, le Craj participera à la « conquête et à l’exercice du pouvoir ».
Abdrahamane Sissoko
Le Pays- Mali