Le Mali étant un pays enclavé, les transporteurs jouent un rôle essentiel dans l’acheminement des marchandises pour l’approvisionnement en produits de consommation ou pour l’évacuation de ceux destinés à l’exportation. Leur organisation consulaire est le CMTR qui est un établissement public à caractère professionnel, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Chargé de l’organisation et de la représentation professionnelle des transporteurs routiers maliens, le CMTR est aujourd’hui inquiet face à la fermeture des frontières terrestres des pays membres de la CEDEAO avec le Mali, suite à la mutinerie qui a abouti à la démission du président IBK. Une situation qui leur complique l’accomplissement de leur mission de trafic routier.
A la question de savoir si la mesure de fermeture des frontières est effective à tous les niveaux, le président du CMTR, Youssouf Traoré dira qu’ « au moment où je vous parle, seule la Côte d’Ivoire a appliqué la mesure. Sinon aux dernières nouvelles, le trafic était fluide sur le corridor de Dakar. Sur celui avec le Burkina Faso, on nous a signalé quelques petits problèmes, mais cela a été décanté, les véhicules roulaient tout comme sur l’axe de la Mauritanie. Le blocage est au niveau de la frontière ivoirienne. Cela malgré la dérogation de la CEDEAO, qui fait exception aux produits alimentaires, aux produits pharmaceutiques et au carburant, tous les camions sont bloqués par les autorités frontalières ivoiriennes. Quand nous leur avons signalé ces exceptions, les explications qu’elles donnent sont qu’elles n’ont pas reçu de documents officiels dans ce sens. Dès qu’elles l’auront, elles vont laisser passer ces camions. Nous attendons voir dans la journée d’aujourd’hui (lundi). S’il n y a pas de changement nous allons voir ce qu’on peut faire à l’avenir. »
Actuellement, le président du CMTR estime que la situation des camions bloqués aux frontières ivoiriennes est toujours effective, mais précise -t-il, » nous avons avec la Côte d’Ivoire une moyenne de 250 camions par jour soit 40 % de notre trafic, mais avec le Sénégal, c’est plus important. Au niveau des exportations aussi, la mesure bloque nos produits, notamment les balles de coton dont l’évacuation est aux arrêts ces derniers jours, mais nous ne savons pas si c’est une décision de la CMDT par mesure de sécurité ou si c’est lié à l’embargo ». Youssouf Traoré estime que même quand les stocks de marchandises dans les ports seront évacués, il faut faire en sorte que l’embargo soit vite levé par la CEDEAO, car il ne peut pas y avoir de renouvellement des stocks dans les ports, c’està-dire des nouvelles importations vers le Mali tant que les transactions financières sont arrêtées. En effet, en plus de la fermeture des frontières, la Banque centrale a décidé de fermer ses agences au Mali. Ce qui bloque l’accès des banques locales au fonds et, par ricochet, le flux des capitaux. Selon lui, cet aspect n’est pas à négliger, les grands importateurs passent par le système bancaire formel pour leurs transactions financières, mais si les banques ne les accompagnent pas, ils ne pourront pas importer. Ce qui va bloquer le système des importations, donc l’approvisionnement. Cet aspect est important, il faut des capitaux, car le système informel ne peut pas assurer l’approvisionnement du pays.
» Notre grande inquiétude est l’arrêt des transactions financières »
En plus, le président du CMTR ne cache pas son inquiétude quant à la résilience du secteur des transports même, qui est lié aux imports/exports. » Nous souhaitons qu’on trouve une solution à ce problème. Vraiment ça ne nous arrange pas. S’il y a pas des marchandises nous on ne travaille pas, comment nous allons payer nos employés, comment nous allons respecter nos engagements financiers auprès des banques?. Donc nous souhaitons une solution rapide. J’espère que la CEDEAO va lever un peu le pied » a-t-il déclaré.
S’agissant de la recherche de nouveaux débouchés en dehors des ports de la CEDEAO, comme le recours aux ports de la Mauritanie, du Maroc, de la Tunisie ou de l’Algérie, le président du CMTR dira que le volume de nos importations par ces pays est très faible par rapport à Dakar et à Abidjan. Cependant, il est convaincu que cela reste une alternative, mais à condition que les importateurs basculent les bateaux vers ces destinations, ce qui risque d’engendrer une augmentation des tarifs des transports. Mais pour le moment, il précise qu’il n’y a aucune augmentation des tarifs due aux différents trafics.
Aussi, il a expliqué que les Chambres consulaires du Mali (CMTR, CCIM, APCAM, APCMM, CMC…) se sont réunies la semaine dernière pour essayer de s’impliquer davantage en nouant des contacts avec leurs homologues des autres pays de la CEDEAO pour mettre en exergue la nécessité d’une solidarité agissante afin d’aider le Mali à passer ces moments difficiles.
Youssouf CAMARA
Source : l’Indépendant