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Le Premier ministre face aux responsables de Tabital Pulaaku : « tous les djihadistes ne sont pas peuls, tous les peuls ne sont pas non plus djihadistes»

Suite à la situation de Moura où la victoire de l’armée a été qualifiée par certaines organisations internationale d’« exactions » contre des civils, la communauté peulh, à travers l’association Tabital Pulaaku, a été reçue à la Primature par le chef du gouvernement de la transition, Dr Choguel Kokalla Maïga. L’occasion pour ce dernier de préciser que « tous les djihadistes ne sont pas peuls, tous les peuls ne sont pas non plus djihadistes » et dénoncer les intentions malsaines de « susciter une nouvelle rébellion dans notre pays, une rébellion, cette fois-ci, peul » au Mali. Nous vous proposons l’intégralité de son intervention.

Vous vous souvenez tous de l’actualité politique et de nos relations avec la communauté internationale. Nous avons fait le choix de décider souverainement avec qui, avec quel partenaire nous devons travailler, parce que nous sommes arrivés à la conclusion que le salut du Mali dans la lutte contre le terrorisme réussira, entre autres, lorsque nous diversifierons nos partenaires.  Nous voulons aujourd’hui diversifier nos partenaires. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’au regard des tueries massives où souvent des combats sont engagés entre nos forces et les groupes terroristes qui peuvent durer des heures, nous ne pouvons pas envoyer de renforts parce que nous n’avons pas les capacités. Nous avons souvent des difficultés même pour survoler des parties de notre territoire. Nous avons des insuffisances et des manques souvent en munitions. Nos soldats tombent souvent en manque de munitions en plein combat. Compte tenu de l’immensité de notre territoire, aussi longtemps que nous n’aurons pas la suprématie dans les airs, il est difficile de parcourir tout le territoire avec uniquement les moyens terrestres, surtout avec les pauses des mines un peu partout. Nous avons acheté des avions de transport qui sont bloqués depuis des mois pour des raisons qui ne nous convainquent pas. Il arrive souvent que même les simples lunettes nocturnes pour nos forces spéciales, on a des difficultés pour les acquérir. Nous sommes arrivés à la conclusion que l’une des solutions, c’est de diversifier nos partenaires. Dieu merci, déjà aujourd’hui, nous avons les moyens d’aller partout sur notre territoire national sans demander l’autorisation, sans demander les moyens pour cela parce qu’on s’est doté des moyens pour le faire. L’illustration la plus parfaite : les trois derniers cas, c’est ce qui s’est passé à Mondoro, ce qui s’est passé dans la région de Ménaka où l’armée a fait une opération pour desserrer l’étau de l’EIGS autour des mouvements dont le MSA et le Gatia ; et la situation de Moura.

Mais nous faisons face à une situation où n’ayant pas pu nous faire courber l’échine, certains de nos partenaires ont décidé de changer de fusil d’épaule pour discréditer l’action du gouvernement et des forces armées et de sécurité. Et cela s’appuie sur des faits qui ressemblent souvent à la vérité. Nous avons déjà des rebellions que nous gérons, que notre pays gère tant bien que mal depuis des années. Nous savons, à partir de beaucoup de renseignements, qu’il y a des intentions de susciter une nouvelle rébellion dans notre pays. Une rébellion peuhl, cette fois-ci. Ce que nous disons à ceux qui ont ce projet, c’est peut-être qu’ils ne connaissent pas l’histoire du Mali, peut-être qu’ils ne connaissent pas l’histoire de l’Afrique et de l’Afrique de l’ouest. Tous les hommes de bonne foi savent que tous les terroristes ne sont pas peuls. Je dis bien tous les terroristes ne sont pas peuls. Tous les djihadistes ne sont pas peuls, tous les peuls ne sont pas non plus djihadistes. Parmi les terroristes et les djihadistes, il y a beaucoup de nationalités.

Il y a une stratégie aujourd’hui d’exploiter les souffrances des populations maliennes, certains groupes ethniques parmi lesquels les peuls pour diaboliser les forces armées et de sécurité du Mali.

Lorsque nos militaires ont été encerclés en 2019, ils ont perdu la bataille. Ils ont été pris un à un fusillé, filmé. On n’a pas entendu la communauté internationale parler. Lorsque des capitaines de notre armée ont été égorgés, filmés, on a entendu personne parler. Lorsque des villages sont rasés, des femmes tuées, des enfants brulés, on n’entend pas beaucoup la communauté internationale accuser.

Depuis quelques jours, il y a une campagne contre l’armée malienne, contre le gouvernement concernant la situation de Moura. Ce qui s’est passé en réalité à Moura, c’est qu’aujourd’hui, on a les moyens d’observation. C’est avec ces moyens que nous avons neutralisé les nids des terroristes dans la forêt de Wagadu, à la frontière avec la Mauritanie. Dans beaucoup de zones aujourd’hui, on a les moyens électroniques d’observation et nous avons les moyens aussi d’aller les surprendre et les attaquer. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, beaucoup de leurs bases sont détruites. La pression de l’armée est très forte. A Moura, les moyens dont l’armée dispose aujourd’hui a permis aux militaires d’observer pendant des jours et utiliser aussi les renseignements humains pour se rendre compte qu’il y a un regroupement des mouvements terroristes. Ceux qui sont de la zone savent bien ce qui se passe à Moura. Ces moyens d’observation ont permis de comprendre que c’était une planification des actions futures contre l’armée. Donc l’armée a utilisé les opérations dont le chef d’état-major général a parlé hier. Les observations par les moyens électroniques, les opérations aéroportées et terrestres avec les forces spéciales pour les encercler. Ces opérations ont permis de neutraliser 200 terroristes plus des opérations des forces spéciales qui ont continué. Effectivement, il y a des fouilles. Il y a des terroristes qui s’étaient déguisés en femmes avec les habits de femmes. Il y a des dépôts de munitions qui étaient piégés.

Ce qui nous a surpris, c’est qu’au lendemain de cette opération, nous entendons des médias internationaux et des organisations internationales qui affirment que l’armée « est allée massacrer des populations civiles ».

Nous avons décidé, au niveau du gouvernement, de deux à trois choses. D’abord, expliquer ce qui s’est passé, donner la version du gouvernement. La deuxième chose, c’est d’ouvrir immédiatement une enquête. Cette fois-ci, nous insisté, à ce que l’enquête aboutisse ; qu’il y ait le résultat de l’enquête. Il ne suffit pas d’ouvrir, mais il faut qu’il y ait de résultat. Il y aura une équipe qui va aller. Elle sera composée des militaires, des civils, des procureurs et tous les éléments. Rien ne sera caché pour que la vérité soit sue par les Maliens.

La troisième chose que nous avons décidé, c’est de mettre un cadre d’échange. Il faut se parler. On ne peut pas laisser notre population nourrir seulement à la version des médias étrangers. C’est peut-être une insuffisance, mais je pense qu’il faut qu’on doit la corrige. Pour la corriger, il faut qu’on échange avec les leaders de la communauté peul qui sont investis d’une légitimité certaine. C’est ce qui sont en contact avec les populations et avec lesquels le gouvernement peut parler. Cela pour prendre en charge leur préoccupation. Cet exercice se fera en direction de toutes les communautés qui seront considérées à tort ou raison comme victimes de la lutte contre le terrorisme. Nous sommes des hommes raisonnables. On sait très bien qu’aujourd’hui, la meilleure façon de perdre la guerre contre le terrorisme, c’est d’avoir les populations contre l’armée. Et s’il y a quelqu’un qui en est conscience, c’est bien les militaires, le président de la transition en particulier. Moi je suis témoin, plusieurs fois quand il donne des instructions dans ce sens, il demande de faire beaucoup attention. Le terroriste se met souvent à la population civile avec comme objectif d’amener les forces armées de défense et de sécurité à faire des erreurs qu’ils en exploitent.

Dans le cas spécifique de Moura, c’est des terroristes que l’armée a neutralisé. Ceux qui sont dans la zone le savent, ceux qui ont des parents dans la zone le savent, ceux qui connaissent la zone le savent. C’est un nid, c’est un sanctuaire des mouvements terroristes. Ce sont informations que je voulais donner, les décisions que le gouvernement a prises.

Surtout que ce cadre d’échange aussi bien avec vous qu’avec d’autres communautés qui sont concernées par ces questions, ce cadre ne s’arrête pas à une seule réunion. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative de vous convier à cette réunion importante.

Transcription faite par Boureima Guindo

Source : LE PAYS

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