La Conférence internationale des donateurs sur le Mali, tenue hier à Bruxelles à l’initiative de l’Union européenne et de la France, marque un tournant décisif pour l’avenir socio-économique et politique du Mali, secoué depuis mars 2012 par une crise sécuritaire
Le Premier Ministre, Diango Cissoko
L’un des acteurs majeurs de cette conférence est sans doute la Banque islamique de développement (BID) qui a toujours été présente parmi les bailleurs au Mali.
Afin que cette banque continue à jouer pleinement sa partition dans de développement du Mali, elle a été désignée chef de file des pays, fonds et bailleurs arabes.
En prélude à la conférence de Bruxelles, le Premier ministre Diango Sissoko, a effectué une visite au siège de cette institution financière à Djeddah (Arabie Saoudite), le lundi 06 mai pour solliciter l’engagement de la BID à soutenir davantage le Mali. Mission réussie. Reportage
En effet, le Premier ministre Diango Cissoko a effectué du 5 au 7 mai dernier une visite de travail en Arabie Saoudite. A son arrivée le 5 mai à 18h30 locales, il a été accueilli à l’aéroport international de Djeddah par le Dr. Ahmed Mohamed Ali, président directeur général de la Banque islamique de développement. Etaient également à l’accueil, Mohamed Mahmoud Ben Labat, Ambassadeur du Mali près les Etats du conseil de coopération du Golfe, Représentant permanent près l’OCI et la BID et Ousmane Diakité, Consul du Mali à Djeddah. On notait aussi la présence d’une colonie malienne composée du personnel de l’Ambassade (qui a fait le déplacement de Ryad) et de celui du consulat.
Diango Cissoko et Ahmed Mohamed Ali ont eu un premier entretien à l’aéroport pour planter le décor de la visite et la délégation malienne a pris ses quartiers au « Crown Plazza » de Djeddah.
16 projets à financer
Le lendemain matin, ce fut une séance marathon de travail au siège de la BID entre la délégation malienne et les responsables de la banque. En l’espace d’une journée, le Mali était tout simplement à l’honneur au siège de cette prestigieuse institution financière.
Tout a commencé par un tête-à-tête entre le Premier ministre et le Pdg de la BID. La séance de travail fut ensuite élargie aux responsables de la BID. Différents directeurs en charge des financements ont fait le point sur les réalisations et autres engagements de la BID au Mali.
Globalement, les discussions ont essentiellement porté sur le financement des secteurs prioritaires identifiés par les autorités de la transition qui nécessitent un accompagnement rapide des partenaires dont la Banque islamique de développement. C’est pourquoi, le Premier ministre, qui avait dans ses bagages 16 projets à financer, a sollicité de la BID qu’lle soit le chef de file des pays, fonds et bailleurs arabes lors de la conférence de Bruxelles d’hier.
Dans un passé très récent, la BID a signé avec le Mali d’importants protocoles d’accord de plus de 23 milliards de Fcfa pour le financement de projets de développement rural, notamment dans les régions septentrionales du pays.
La visite de Diango visait donc à permettre d’accroitre la coopération entre des parties qui ont déjà fait du chemin ensemble. A ce propos, on peut citer le financement partiel du barrage de Manantali, le pont Wabaria de Gao et la route Sévaré-Gao. Un bilan qui constitue une fierté pour le premier responsable de la BID, qui juge que la coopération entre le Mali et l’institution qu’il dirige a de beaux jours devant elle.
Le Premier ministre a, à son tour, salué l’engagement constant de la BID aux côtés du Mali à travers le financement de plusieurs gros projets.
« Les Maliens ont aujourd’hui besoin de la solidarité et de l’accompagnement de tous ses amis dont la BID », a déclaré Diango.
Parmi les projets soumis au financement de la BID, celui de la route transsaharienne, notamment le tronçon Kidal-Frontière algérienne, tient le plus à cœur le Premier ministre Diango Cissoko. Même état d’âme chez son hôte Ahmed Mohamed Ali qui promet que son institution fera tout son possible pour accompagner ce gigantesque projet qui, au-delà du Mali, a une importance capitale pour tout le continent africain et même pour l’Europe. Donc, accord parfait de la BID.
Au cours des discussions, Diango a mis l’accent sur l’acheminement des travaux d’infrastructures et d’équipements de l’aéroport de Bamako-Sénou. Il a aussi insisté auprès de la BID pour le financement des travaux du Barrage de Taoussa.
« L’accompagnement de la BID peut permettre au Mali de se relever après une longue année de crise », a dit le Premier ministre.
Au plan strictement sécuritaire, le chef du gouvernement est convaincu que la paix ne sera durable que si le Mali bénéficie d’un accompagnement de qualité qui l’amènera au développement de base ».
C’est pourquoi Diango dira, sans détour, au Pdg de la BID : « Nous vous sollicitons pour que la paix et la sécurité reviennent dans les régions du nord et sur l’ensemble du territoire malien. ».
Auparavant, Diango Cissoko a expliqué que la quiétude est établie et que le Mali a définitivement opté pour la paix et le dialogue. En témoigne la mise en place d’une Commission dialogue et réconciliation. Celle-ci est à pied d’œuvre pour remettre les Maliens ensemble.
A ce propos, le patron de la BID Mohamed Ali a salué les efforts entrepris par les autorités maliennes pour que la paix et la sécurité reviennent. « La BID est fière de sa coopération avec le Mali. Nous espérons contribuer davantage au développement du Mali ».
Cela devait justement passer par un plaidoyer de la BID à la conférence des donateurs tenue hier à Bruxelles. Qu’est-ce que le Mali attendait de la BID ? Qu’elle contribue, par son influence auprès des bailleurs et pays arabes essentiellement à l’obtention de financement de projets porteurs de développement et d’épanouissement humain en réponse aux attentes de toutes les sensibilités du pays. Ce qu’elle fit avec brio, peut-on affirmer à l’issue de la conférence de Bruxelles.
Au retour, la délégation malienne a fait escale à N’Djamena, au Tchad.
N’Djamena : hommage aux soldats tchadiens
Porteur d’un message du président Dioncounda Traoré destiné à son homologue tchadien, Idriss Deby Itno, le Premier ministre Cissoko en a profité pour rendre un hommage aux Forces armées tchadiennes intervenant au Mali (Fatim), puis une visite aux soldats tchadiens blessés et échanger avec son homologue tchadien.
Le cimetière militaire de farcha est le premier lieu où s’est rendu le Premier ministre Diango Cissoko à son arrivée dans la capitale tchadienne. Parti directement de l’aéroport international Hassan Djamous, le PM et la délégation qui l’accompagnait se sont recueillis sur les tombes des soldats tchadiens (38) morts lors des combats au nord Mali.
Après cette escale au cimetière, Diango Cissoko s’est rendu au chevet des soldats qui ont été blessés au Mali et hospitalisés à l’hôpital militaire d’instruction de N’Djamena. Il est passé de lit en lit réconforter, remercier et dire la compassion du gouvernement et du peuple maliens.
Ensuite, le Premier ministre a eu une rencontre avec son homologue tchadien, Joseph Djimrangar Dadnadji qui l’avait accueilli à son arrivée à l’aéroport. Ils ont parlé des relations de coopération, d’amitié et de fraternité qui existent entre le Tchad et le Mali, deux pays qui appartiennent à plusieurs organisations sous régionales. Diango Cissoko a pu témoigner la reconnaissance des autorités et du peuple maliens au Tchad pour l’engagement de troupes tchadiennes au Mali.
Cette intervention des Fatim se traduit par des victoires éclatantes ayant mis en déroute le dessein macabre des terroristes, bandits et narcotraifiquants qui avaient mis sous leur coupe le Nord du Mali.
Pour le Premier ministre tchadien Joseph Djimrangar Dadnadji, le Tchad a payé un lourd tribut pour reconquérir son intégrité territoriale et restaurer la paix chez lui ; donc tirant cette leçon, il ne peut assister en spectateur là où la liberté est menacée.
CH Sylla
Envoyé spécial