Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a poursuivi son séjour à Washington, par une importante intervention devant un parterre de personnes ressources influentes qui contribuent à former l’opinion des décideurs américains.
Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a poursuivi son séjour américain, à Washington, par une importante intervention devant un parterre de personnes ressources influentes qui contribuent à former l’opinion des décideurs américains.
Devant l’Atlantic Council, un Think thank américain spécialisé sur l’Afrique, le chef du gouvernement a mis son auditoire au même niveau d’information que les responsables qu’il a rencontrés dans la capitale fédérale américaine. Il leur a, ainsi, fait le point de ses échanges sur le plan bilatéral, insistant sur le renforcement des relations avec les Etats-Unis d’Amérique dans le domaine de la sécurité et celui des investissements.
Le Premier ministre a aussi poursuivi le plaidoyer pour le maintien et le renforcement de la Minusma de manière à aider le Mali à consolider les acquis fragiles qu’il a engrangés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Mais surtout la mise en perspective de ce maintien avec la sécurité régionale. «La Minusma est confinée sur le territoire national malien face à des menaces qui ont l’Afrique de l’Ouest comme théâtre d’opération. C’est pourquoi, j’ai souhaité que, dans le cadre de ce renforcement, nous devons envisager une très grande implication des pays de l’Afrique de l’Ouest non membres du G5 Sahel et dont la sécurité est indivisible avec la nôtre», a argumenté Soumeylou Boubèye Maïga.
Il a souhaité le maintien et le renforcement de la Minusma. Toute chose qui contribue à aider à la relégitimation de l’Etat dans sa capacité à être utile aux populations, «notamment dans sa capacité à apporter aux citoyens des prestations au niveau des services sociaux de base, comme l’école, la santé». Pour M. Maïga, «c’est en passant par les services publics, par la puissance publique que la Minusma contribuera aussi à relégitmer l’Etat et à le renforcer auprès des populations ». «Nous sommes en mission pour le monde», a dit Soumeylou Boubèye Maïga, reprenant le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, pour mettre en exergue la nécessité d’efforts croisés pour la sécurité du Mali et, par extension, de celle du Sahel.
Répondant à une question sur la nécessité de la justice et de la réconciliation, le Premier ministre a indiqué que toutes les armées classiques éprouvent des difficultés à mener la riposte dans une guerre asymétrique. Cependant, «le temps de la justice n’étant pas celui de l’opinion», des enquêtes ont été systématiquement ouvertes sur toutes les allégations d’abus et de violences.
Soumeylou Boubèye Maïga garde tout son optimisme pour notre pays qui a réussi à organiser des élections, à mener un vaste programme d’infrastructures, qui a consacré 13% de son effort budgétaire à son agriculture, qui a réalisé de bonnes productions. Toutes des raisons de garder foi en nos capacités en dépit de la crise sécuritaire.
ALLIANCE POUR LE SAHEL – Un déjeuner de travail a réuni la délégation malienne et un nombre de représentants dans le Conseil d’administration du Groupe de la Banque mondiale, de pays donateurs dans le cadre de l’Alliance pour le Sahel. Devant ces interlocuteurs du jour, il était important que le Conseil d’administration de la Banque mondiale, l’instance suprême qui, in fine, décide d’attribuer ou non un financement à un pays donné, puisse connaître la situation du Mali, la complexité de cette situation et la nécessité de faire évoluer les procédures de la Banque mondiale pour que les financements arrivent de façon plus importante et plus conséquente et, surtout, plus rapidement qu’ils n’ont été jusqu’à présent.
Le Premier ministre a ainsi décrit la situation actuelle du Mali en termes de crise sécuritaire à laquelle le pays fait face, les défis du développement face à cette crise dans un pays fragile, post-conflit et la nécessité de voir dans quelle mesure les parties peuvent changer leur façon de travailler afin que l’aide publique au développement qui provient de la Banque mondiale puisse avoir un impact beaucoup plus fort qu’auparavant.
«Ce sont des arguments qui ont été bien compris par nos partenaires qui sont restés très sensibles à certaines situations qui leur ont été décrites. Je pense qu’à partir de maintenant, ils ont une autre réalité du terrain malien, dont ils vont tenir compte dans l’instruction des dossiers de demande de financement qu’ils recevront de la partie malienne », s’est réjoui, pour sa part, le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé. Il a ajouté qu’il a surtout été question de concentrer ces interventions dans l’esprit de l’Alliance pour le Sahel qui inclut la nécessité de mutualiser les efforts des différents bailleurs qui interviennent au Mali, de mutualiser les ressources, les façons de faire et, surtout, d’harmoniser les différentes procédures «afin que celles-ci s’alignent sur les procédures nationales. Et que l’aide puisse arriver beaucoup plus rapidement et dans les zones les plus fragiles et les plus vulnérables de notre pays». Le chef du gouvernement a insisté, en particulier, sur deux secteurs importants de notre pays, secteurs sur lesquels on a décidé d’aligner et de mobiliser nos ressources : c’est tout ce qui concerne le capital humain qui est une préoccupation importante du président de la République, l’éducation, la santé, la protection sociale et le secteur de l’énergie. Parce que sans énergie, toutes ces questions liées à la transformation structurelle de notre économie ne peuvent se faire. «Je pense que cela aussi a été bien accueilli par nos partenaires de l’Alliance qui siègent au Conseil d’administration de la Banque mondiale», a dit Boubou Cissé
COOPÉRATION BILATÉRALE – Après une rencontre avec le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis d’Amérique, l’ambassadeur John R. Bolton, notre Premier ministre est ressorti avec la conviction d’une parfaite convergence de vue avec son hôte. «Je crois que les discussions que nous avons eues peuvent être de nature à modifier son (l’ambassadeur Bolton) appréciation sur la situation chez nous et sur la question de la sécurité de notre pays». «De la même manière, assure Soumeylou Boubèye Maïga, l’ambassadeur Bolton a été très intéressé par notre volonté de voir plus de coopération s’instaurer entre nos deux pays, notamment dans les domaines de l’énergie et des infrastructures ainsi que des ressources minières».
Au Congrès, le Premier ministre a rencontré les sénateurs Lindsay Graham de la Caroline du Sud et Dr William Morgan (Bill Cassidy) de la Louisiane, qui sont très impliqués dans les relations africaines. «Nous avons pu obtenir un financement de sept millions de dollars pour nous aider à avancer sur un certain nombre de secteurs comme la communication, la formation et le Centre d’études stratégiques des affaires étrangères pour pouvoir coopérer dans la lutte antiterroriste», a déclaré le chef du gouvernement malien.
Il a été question aussi de mettre en place une université spécialisée sur le pétrole et le gaz et de coopération culturelle. De bonnes perspectives, dont il faut assurer le suivi et la matérialisation.
Envoyé spécial Moussa DIARRA
L’Essor