Le Ministre de la Refondation de l’Etat, Chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa Maïga a remis, le 23 avril dernier à Koulouba, le document portant Programme National d’Education aux Valeurs (PNEV) au président de la transition, colonel Assimi Goïta.
Cette remise solennelle a eu lieu sous la présence du Dr. Choguel Kokalla Maïga, chef du Gouvernement. C’était en compagnie de plusieurs membres du gouvernement et ceux du comité ayant élaboré le document. Dans ce discours de 5 pages, le ministre Ikassa a d’abord rappelé que c’est lors d’un conseil des ministres d’octobre 2021 que cette mission leur a été confiée par le président de la transition. Une initiative s’expliquant par le fait que « quel que soit ton savoir-faire, tes connaissances techniques ou scientifiques de la faune et de la flore, la meilleure des connaissances est celle de soi. Connais-toi toi-même ». C’est fort de cette raison que ce document a été élaboré à la demande du président de la transition. Cela, pour la mise en valeur des valeurs ancestrales, culturelles et civilisationnelles du pays. Pour le ministre Maïga, il faut d’abord cultiver son champ sous le soleil caniculaire, pour ensuite en consommer les récoltes à l’ombre. Et de préciser : « Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur ». « Nous disons alors à ces faux chasseurs : reculez et fuyez, le Malikura de nos valeurs arrive et se dresse en véritable Lion Debout tel que gravé sur le Sceau de la République du Mali ». D’après lui, la présente mission découle de la vision consciente d’une refondation fondée sur l’émergence d’un citoyen de type nouveau, respectueux de l’autorité, de l’ordre et du mérite. Elle a été, dit-il, exécutée à souhait parce que fruit d’un engagement patriotique et altruiste d’hommes et de femmes. Ces Hommes et Femmes, au nombre de quinze, dont la dévotion pour le Mali est avérée, ont constitué le Comité d’Experts, cheville ouvrière de ce travail fondé sur les orientations du colonel Goïta. Lesquelles ont été conceptualisées au niveau du Département de la Refondation pour l’atteinte des objectifs.
Le PNEV est le produit d’un travail interministériel avec l’ensemble des ministres concernés et de divers collaborateurs. Ainsi, un comité d’orientation et de suivi veillait sur tout le processus d’élaboration du document. Aussi, va-t-il rassurer, la démarche a été tout à la fois inclusive, participative et itérative. Elle a permis de toucher le Mali dans ses diverses composantes pour la réalisation de ce document qui, enchaîne le ministre, demeure à tout point de vue l’une des meilleures expressions de l’intelligence collective malienne. Via ce document conforme aux recommandations des ANR, le Mali renoue ainsi avec ses valeurs de civilisation, celles qui lui ont valu sa prégnance historique universelle. « Notre pays, hélas, dont la grandeur fut tant magnifiée et enviée de tous, n’a pas su entretenir cet héritage si précieux, construit et légué par nos devanciers : ceux du Wagadou, du Sosso, du Mandé, du Songhay, du Tadmakatt, du Khasso, du Kaarta, de Ségou, du Kénédougou, du Macina, du Mamaala, de l’Azawak, de la Cosmogonie dogon, de Djenné, de Tombouctou », lit-on. Justifiant le bienfondé d’élaboration du nouveau document, Ibrahim Ikassa trouve que de nos jours, « notre système d’éducation doit remettre l’Africain au centre de son histoire et lui enseigner ses valeurs ». Cela, pour qu’il puisse progresser et s’épanouir en harmonie avec lui-même et son environnement.
Le PNEV ramené à quatre niveaux
Connu pour son éloquence, le ministre Ikassa a mis cette remise officielle à profit pour souligner que les valeurs du pays, en tant que constituants vitaux de la culture, doivent nécessairement être mises en selle pour la revitalisation morale et la dignité retrouvée de notre Peuple. Au demeurant, ajoute-t-il, la sphère d’implémentation du PNEV se ramène à quatre niveaux, à savoir : la famille, l’école, la société dans toutes ses dimensions humaines et professionnelles, et l’Administration d’Etat, y compris nos Forces de Défense et de Sécurité. C’est dire que personne ne sera hors de son champ d’application. « Oui, il doit être inculqué à l’enfant en devenir, le Malidenkura, des valeurs et principes, tout au long de sa vie ». « D’abord, dans le foyer familial, l’enfant apprend le sens de l’honneur, la dignité, le respect, le droit d’aînesse, la solidarité. Ensuite, au sein de la communauté : sont inculqués l’entraide, l’hospitalité, l’humilité, le Sinankunya (le Bassatarey, la parenté à plaisanterie), la protection de la faune et de la flore. Puis, dans le cadre scolaire et académique : on enseigne la discipline, le respect, l’excellence, la reconnaissance du mérite, le patriotisme. Et enfin, et pour toujours, au niveau de l’Etat et de la vie active : on attend de lui qu’il s’impose l’honnêteté, la justice, l’intégrité, le civisme, le travail bien fait », avoue-t-on dans le discours. Précisant que le PNEV traite des modalités de sa mise en œuvre, notamment à travers les différents plans sectoriels constituant son Plan d’actions quinquennal 2024-2028, il terminera en ces termes : « Je demeure résolument optimiste et convaincu, Excellence Monsieur le Président de la Transition, qu’avec votre leadership et votre accompagnement hautement bienveillant, ce précieux instrument honorera ses promesses de valeur ajoutée nationale pour une Refondation véritable, celle du Malien de type nouveau, le Malidenkura, dans le Mali de nos rêves : le Malikura, tel que traduit dans la vision du Cadre Stratégique de la Refondation de l’Etat, à savoir : « Un Mali bien gouverné, sécurisé et stable, soucieux du développement durable et du vivre-ensemble, et respectueux des droits de l’homme et des valeurs socio-culturelles ».
Mamadou Diarra
Source: Le Pays