C’est un projet de voyage que tout croyant musulman rêve de réaliser, qu’il en manifeste ouvertement l’intention, ou qu’il le maintienne enfoui au plus profond de lui-même, parmi ses meilleures aspirations. Pour les oulémas, en cherchant à se rendre au ‘lieu où Abraham se tint debout’, le fidèle musulman répond ainsi à un appel divin adressé au genre humain à travers ce patriarche et relayé dans le Livre saint de l’islam : « Et fais aux gens une annonce pour le Hadj. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné, pour participer aux avantages qui leur ont été accordés et pour invoquer le nom d’Allah aux jours fixés… » (2:26), stipule cette proclamation. En se conformant à cette prescription devenue l’un des piliers de l’islam, le fidèle musulman aura en mémoire tous les actes de dévotion accomplis en ces lieux par le patriarche du monothéisme : « [Et rappelle-toi,] quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements, et qu’il les eut accomplis, le Seigneur lui dit : “Je vais faire de toi un exemple à suivre pour les gens”.
Selon les théologiens, c’est Abraham qui a fait de La Mecque un lieu de pèlerinage, appelant l’humanité à se rendre à ‘l’antique Maison’. Il en est dit dans le Saint Coran : « [Et rappelle-toi], quand nous fîmes de la Maison un lieu de visite et un asile pour les gens – Adoptez donc pour lieu de prière, ce lieu où Abraham se tint debout – Et Nous confiâmes à Abraham et à Ismaël ceci : “Purifiez Ma Maison pour ceux qui viendront en faire le tour, pour ceux qui viendront y vaquer à la prière, y font retraite pieuse, s’y inclinent et s’y prosternent”. (2:125)
Cette tâche divine accomplie, Abraham adressa une supplique au Créateur Suprême : « Et quand Abraham supplia : “ô mon Seigneur, fais de cette cité un lieu de sécurité, et fais attribution des fruits à ceux qui parmi ses habitants auront cru en Allah et au Jour dernier”. (2:124)
Pour les exégètes, la figure d’Abraham apparait comme celle de ‘l’homme primordial, totalement soumis à la réalité divine’, avant que des croyances différentes ne la fragmentent formellement. « Abraham n’était ni Juif ni Chrétien. Il était entièrement soumis à Allah (Musulman). Et il n’était point du nombre des Associateurs ». (3:67). Les divers actes de soumission à la volonté divine posés par Abraham servent ainsi de référence aux tenants des différentes fragmentations apparues après lui. Et le Coran invite le fidèle musulman à ne point le perdre de vue. « Certes les hommes les plus dignes de se réclamer d’Abraham, sont ceux qui l’ont suivi, ainsi que ce Prophète-ci, et ceux qui ont la foi. Et Allah est l’allié des croyants. »
Dans l’observance du cinquième pilier de l’islam, les différents rites accomplis par le pèlerin, revivifient en lui une foi dont la symbolique remonte ainsi à Abraham. Sa stature ne quitte jamais cependant le fidèle musulman où qu’il se trouve, car elle est commémorée à la clôture de chacune de ses prières rituelles, plusieurs fois par jour, avant le salut final.
A. K. CISSE
Source : L ‘Essor