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Le paradoxe du CNT au cœur d’un mélodrame

Après une attente qui s’est éternisée presque deux mois après la prestation de serment du Président de la Transition, le colonel à la retraite Bah N’DAW, marquant officiellement le début de la période de la Transition, deux décrets devraient mettre sur les rails la mise en pleine du Conseil National de la Transition (CNT), l’organe législatif transitoire.

Certes, le décret le n°2020-0142/PT-RM du 9 novembre 2020 fixant les modalités de désignation des membres du Conseil National de la Transition a son lot d’injonctions paradoxales et de violation de la Charte de la Transition, à l’origine de réticences radicales qui ont de quoi troubler la certitude du tribun de Koulouba.
Mais, là n’est pas le propos. Ici, il s’agit du décret n°2020-0143/PT-RM du 9 novembre 2020 portant clé de répartition du Conseil National de la Transition qui prévoit quatre (4) représentants des groupements de jeunes. Avec la flopée de représentants des jeunes, chaque mécontent créant avec son grain son regroupement, une telle désignation bateau reviendrait à attiser de manière contre-productive les clivages entre jeunes. Blague et mauvaise rime à part, avec ce décret, les bledards découvrent ahuris la facette cachée de semeur de graine de la discorde des bidasses au sommet de l’État. Sinon, il était tellement aisé de désigner nommément le Conseil National de la jeunesse qui est la structure faîtière de la jeunesse malienne !
Autre ganacherie : le décret qui reçoit une véritable volée de bois vert prévoit cinq (5) représentants des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et quatre (4) représentants des mouvements de l’inclusivité. C’est presque kif-kif. Un défi bravache à l’ordre historique pour des mouvements signataires qui gardent encore de longues dents contre les mouvements de l’inclusivité considérés comme les fossoyeurs de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Petite anecdote : En raison de leur participation au Dialogue National Inclusif (DNI), la Coordination des Mouvements Armés (CMA) avait menacé de le boycotter. Ainsi, mettre sur le piédestal ces deux mouvements peut être interprété comme du foutage de gueule absolu par ceux qui revendiquent la légitimité historique de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et se considèrent comme les gardiens du temple.
Dans l’un comme dans l’autre cas évoqué ici, il y a maldonne du décret présidentiel.
Au regard du sac de nœuds dans lequel elle s’est fourrée, l’on est tenté de croire être dans une télé-réalité dans la politique où l’autorité se condamne à des contorsions ridicules et donne le bâton pour se faire battre.
Le risque est grand de tout ruiner par un autisme de mauvais aloi, en réveillant ses démons idéologiques des politiques et de tous ceux qui sont blasés.
Après avoir vogué sur son petit nuage, joui de la présomption de bonne foi, à présent c’est l’atterrissage forcé. Dans ce contexte d’hourvari sociopolitique, le pouvoir de transition devrait plutôt chercher à éteindre rapidement les polémiques allumées par les décrets controversés pour éviter une césure ontologique entre le peuple et lui. Il en est autant de sortir du piège mortifère des arrière-pensées egocentrées et ses petits calculs tactiques qui alimentent de plus en plus les suspicions avec comme conséquence le retrait du blanc-seing.
Signe de fébrilité, d’inconsistance ou simple volonté d’un passage en force, les deux décrets présidentiels du 9 novembre sont loin d’avoir montré l’étendue de leur effet de souffle. L’onde de choc provoquée par ces décrets est en train de bouleverser la conception traditionnelle de la politique. En attendant, la spirale négative s’accélère avec les décisions de boycott qui tombent comme des dominos.
Au lieu d’accentuer sa férule avec une camisole de force, le salut du Mali brinquebalant pourrait être dans rebattre les cartes et redistribuer les rôles des intervenants, en mettant chacun à la place qui lui revient. N’est-ce pas que ‘’le dialogue et l’esprit de consensus’’ font partie des valeurs que consacre la Charte de la Transition !

PAR BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN

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