Après avoir hérité d’un pays en crise avec un déficit budgétaire qui frôle les 400 milliards, une démographie galopante avec ses conséquences sur la qualité de la vie, un chômage exorbitant, le duo Bassirou Diomaye Faye- Ousmane Sonko doit plutôt faire face à ces défis au lieu de continuer à tenir des discours au relent patriotique et totalement en déphasage avec l’évolution du monde. Le jeune couple au sommet de l’Etat sénégalais doit rester humble dans toute leur prise de parole et dans tous les actes qu’il pose. Si Bassirou Diomaye Faye, de nature humble et bien qu’inexpérimenté, semble comprendre le fonctionnement du monde comme en témoigne ses tournées auprès de ses pairs de la sous-région, son premier ministre Ousmane Sonko est aux antipodes de cette vision, d’où sa propension à continuer à faire feu de tout bois en ouvrant des fronts inutiles pour un pays considéré comme un modèle et une bonne destination pour les investisseurs. Son discours va-t’en guerre et propre à un bon opposant est totalement en déphasage avec les démarches républicaines du Président Diomaye Faye.
Devant des milliers d’étudiants de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar acquis à sa cause et en présence de l’opposant français Jean Luc Mélenchon, le premier ministre Sonko s’est livré à une diatribe contre la France, pensant être la cause du sous-développement de son pays comme lors de la campagne pour les présidentielles. S’il n’a pas soutenu les pays du sahel en rupture avec la Constitution, il semble comprendre, voire approuver les raisons qui ont conduit les militaires à prendre le pouvoir dans ces pays. Il a condamné sans ambages l’embargo qui a été imposé à ces pays sahéliens surtout par des africains manipulés par des puissances extérieures. La jeunesse africaine en général et celle du Sénégal en particulier aime bien entendre ce genre de discours, qui du reste relève d’une grande théorie, mais elles seront heureuses de voir leurs épineux problèmes d’emplois résolus, le problème d’immigration, bref les actes allant dans le sens du développement posés. Que le Premier ministre comprenne qu’il y a un temps pour les invectives, mais qu’il faudrait consacrer le large du temps à poser des actes, à travailler pour soulager la souffrance du peuple.
Le premier ministre Ousmane Sonko et de surcroit mentor politique de Diomaye Faye n’est-il pas en train de rendre la tâche difficile au Président ?
Ousmane Sonko semble faire totalement ombrage à Bassirou Diomaye Faye. Et pourtant c’est Diomaye qui a été élu, même’ si c’est avec la bénédiction de Sonko. A ce rythme le divorce n’est pas à exclure entre les deux complices et ce ne serait pas nouveau au Sénégal ; nous avons vu le cas Senghor Mamadou Dia. Bassirou Diomaye Faye attendra de se frayer un chemin d’abord avant de commencer à prendre ses distances vis-à-vis de Sonko. Pour tout grand observateur de la scène politique sénégalaise, le discours du Premier ministre Sonko est en déphasage total avec la démarche de Bassirou Diomaye Faye qui était pendant le week-end dernier au Ghana et au Nigéria. Ousmane Sonko n’arrive toujours pas à se dévêtir de son manteau d’opposant pour enfiler celui de gouvernant qui fait face aux multiples défis à relever. Il ne rend nullement la tâche facile à Diomaye Faye, qui sera le seul responsable devant le peuple à l’heure du bilan et dans cinq petites années. Les propos du Premier ministre cassent l’élan d’ouverture à la sous-région et au monde pris par le Président Diomaye Faye. Il revient à ce dernier de s’assumer.
En somme, Ousmane Sonko se croit toujours à l’opposition. Il est grand temps qu’il comprenne qu’on ne doit pas agir de la même sorte dans un palais comme dans la chaumière. Le duo doit s’attaquer aux problèmes quotidiens des sénégalais comme la vie chère, le chômage endémique, l’immigration clandestine et jeter les bases d’un développement du Sénégal. Tout autre discours relèverait du populisme.
Youssouf Sissoko