Il avait jusqu’ici échappé aux foudres de Boko Haram (BH). Mais depuis vendredi, le Niger est à son tour entraîné dans la guerre que les islamistes cherchent à mener au-delà de leur fief du nord du Nigeria, pour agrandir le califat que leur chef, Abubakar Shekau, y a proclamé l’an dernier.

Vendredi, donc, des combattants de BH ont pour la première fois mené des attaques en terre nigérienne, prenant pour cible les villes de Diffa et Bosso. Après de violents combats qui ont coûté la vie à 109 islamistes, selon Niamey, les hommes de BH se seraient retirés. Pour revenir dimanche et lundi, avec toujours le même objectif: la prison de Diffa où seraient emprisonnés des membres présumés de la secte islamiste.

Lundi en fin de journée, le bilan des combats et de l’explosion d’une bombe sur un marché de Diffa, déjà visé dimanche, n’était pas clair. «Tout a sauté. J’ai vu des corps partout», a raconté un commerçant, interrogé par l’AFP.

Ces attaques de BH ont lieu alors que le parlement nigérien devait approuver, lundi, un engagement de ses troupes au Nigeria pour combattre les islamistes, aux côtés des pays voisins. C’est que, face à la menace grandissante que fait peser BH sur toute la région, le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun se sont mis d’accord samedi avec Lagos pour mobiliser 8700 hommes (1700 de plus que prévu) dans une force multinationale de lutte contre les islamistes.

“Combat noble”

«Cette guerre contre le terrorisme et la nébuleuse Boko Haram dans laquelle le Niger se prépare à engager ses troupes au sein de la Force Multinationale, est un combat noble, c’est un combat pour la liberté des peuples», commentait hier l’éditorialiste Assane Soumana dans l’édition en ligne du quotidien Le Sahel de Niamey.

Au Nigeria, pendant ce temps, la guerre de propagande se poursuivait hier. Du côté gouvernemental, d’abord, avec les déclarations tonitruantes du conseiller à la sécurité du président sortant Goodluck Jonathan qui assurait que «tous les camps connus de Boko Haram dans le nord-est du pays seront balayés dans les six semaines».

Six semaines: c’est exactement la durée du report (du 14 février au 28 mars) du scrutin présidentiel et législatif accordé dimanche par la commission électorale pour permettre de mener à bien l’offensive contre BH.

Toujours aussi provocateur, le chef de BH, a quant à lui raillé la force multinationale. «Vous envoyez 7000 soldats? Pourquoi pas 70 millions? (…) Par Allah, c’est peu. Nous allons les capturer un à un», lance Abubakar Shekau dans une nouvelle vidéo. (TDG)

Source: tdg.ch