Le président mozambicain Filipe Nyusi, son ancien rival, et quelques milliers d’anonymes étaient réunis mercredi à Beira (centre-est) pour rendre un dernier hommage à l’ancien guérillero et chef de l’opposition Afonso Dhlakama décédé la semaine dernière.
Son cercueil, enveloppé dans un drapeau du Mozambique, a été déposée par soldats de l’armée régulière gantés de blanc, sur une estrade érigée sur la place centrale de Beira, la capitale de la province de Sofala d’où est originaire Afonso Dhlakama.
Dirigeant historique de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) depuis trente-neuf ans, Afonso Dhlakama est mort le 3 mai à l’âge de 65 ans des suites d’une maladie dans son camp retranché des montagnes de Gorongosa (centre).
Le président Nyusi doit prononcer l’éloge funèbre en fin de matinée mercredi, un geste interprété comme un signe d’apaisement dans un contexte tendu.
Le décès du chef de la Renamo intervient à un moment crucial pour le Mozambique, alors que le chef de l’Etat et Afonso Dhlakama avaient récemment entamé des négociations de paix.
Après avoir combattu le Front de libération du Mozambique (Frelimo, au pouvoir) de 1976 à 1992 lors d’une guerre meurtrière, la Renamo avait repris les armes en 2013 pour contester la mainmise du parti sur le pays.
Sur la place Mozambique Railway Company de Beira mercredi, plusieurs membres de la Renamo portaient des tee-shirts noirs avec l’inscription « Je suis Dhlakama ».
« C’est une perte irréparable. Afonso Dhlakama est le fondateur de la démocratie au Mozambique », a estimé un partisan de la Renamo, Eufrasia Jordao. « Mais on ne va pas céder. Le parti est mature. Les gens sont déterminés à ne pas battre en retraite dans la bataille pour la démocratie », a-t-il assuré.
« Viva Afonso Dhlakama”, “Viva Renamo”, a crié un homme torse nu avant le début de la cérémonie. La police a bien tenté de le faire taire, mais sous la pression de la foule, y a renoncé.
« Il n’y a rien de plus à faire en ce moment que de rendre hommage au fondateur de la démocratie », a estimé dans la foule José Chitula, un ancien de la Renamo passé dans un autre parti d’opposition, le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM).
« La mort d’Afonso Dhlakama ne peut pas être une excuse pour revenir au système de parti unique » qui a prévalu de l’indépendance en 1975 à 1990, a-t-il prévenu.
Le leader de l’opposition sera enterré jeudi dans son village natal de Mangunde, à plus de 200 km de Beira.