Le Président de la République, désormais dos au mur, est prêt à des compromis, voire des compromissions pour sauvegarder son fauteuil convoité par le Mouvement du 5 Juin Rassemblement des Forces Patriotiques, M5 RFP. Mesurant la capacité de mobilisation de ses adversaires, craignant la chute de son régime, IBK ne fait que multiplier des actions de séduction pour atténuer les conséquences de la prochaine mobilisation que d’aucuns qualifient déjà d’assaut final. Il s’est d’abord adressé à la Nation pour répondre à ses opposants. Il dit avoir entendu leur cri de colère, qui est, du reste, légitime et IBK semble même disposé à donner une suite favorable à certaines de leurs revendications. Comme si cette adresse ne suffisait pas, après avoir été informé d’une autre grande mobilisation le 19 juin, IBK s’est de nouveau adressé à son peuple via les organisations de la société civile, les légitimités traditionnelles et les leaders religieux. Devant un auditoire acquis à sa cause, il est passé à l’acte en acceptant l’application de l’article 39 des enseignants, objet de plus de huit mois de bras de fer. Il s’est dit prêt à examiner les autres revendications et a informé son peuple de la bonne santé du chef de file de l’Opposition Soumaila Cissé enlevé depuis le 25 mars par des terroristes et que sa libération ne saurait plus tarder.
L’Imam Mahmoud Dicko et ses alliés n’étant pas satisfaits de ses déclarations et promesses contenues dans ses deux adresses à la Nation, n’ont pas renoncé à sortir encore pour réitérer à IBK leur demande de démission pure et simple du pouvoir tout comme son régime afin que le peuple puisse exercer pleinement sa souveraineté en choisissant des hommes et des femmes qui seraient à même de diriger le pays. Les leaders du M5 RFP seront-ils suivis dans cette aventure par le peuple ? Reverront-ils leurs revendications à la baisse, en acceptant que le Président de la République garde, ne serait-ce que honorifiquement, son poste, mais en exigeant la satisfaction des autres autres revendications ?
En arrivant à mobiliser comme le 5 avril 2019 ou même le 5 juin 2020, le Mouvement pourrait être en situation de force pour négocier avec le Président de la République qui n’aura plus le choix de tenir ses promesses relatives à la dissolution de l’Assemblée Nationale, au démembrement de la Cour Constitutionnelle et à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
En somme, l’Imam Mahmoud Dicko et ses alliés ont tout simplement refusé de rencontrer le Président de la République avant le meeting du 19 juin 2020 pour éviter non seulement une certaine manipulation des images et d’infos, mais aussi, pour mener une pression supplémentaire sur lui afin qu’il donne une suite favorable à leurs revendications. IBK pourra survivre de cette première tempête, s’il se montre humble, attentif, coopératif. Il pourra sauver ce qui peut l’être s’il donne satisfaction au M5 RFP. Donc, la balle est dans son camp et le plus tôt serait le mieux.
Youssouf Sissoko