Dans ce déplacement au village où l’attaque dimanche soir a fait 35 morts, selon un dernier bilan, M. Keïta sera accompagné d’une “forte délégation” comprenant le cardinal Jean Zerbo, le pasteur Marc Goita et six ministres, selon le texte.
Lors du Conseil des ministres mercredi, le chef de l’Etat a proclamé un deuil national de trois jours et le gouvernement a révoqué le gouverneur de la région de Mopti (centre), le général Sidi Alassane Touré.
“Ce n’est pas à un cycle de vengeance, de vendetta, que ce pays doit être conduit”, a déclaré lundi à Genève le président Keïta. Il a au contraire appelé à des “retrouvailles” entre Maliens, “qui seules vont nous permettre de rebondir et permettre à notre nation de survivre. Car nous sommes en question de survie”, a-t-il estimé.
Les violences intercommunautaires dans le centre du Mali ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque 160 villageois peuls, attribué à des chasseurs dogons.
Les villages de Sobane Da et d’Ogossagou se trouvent tous les deux dans la région de Mopti, où se concentre l’essentiel des violences au Mali.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU mercredi, le ministre malien des Affaires étrangères Tiébilé Dramé a réclamé “une présence accrue” des Casques bleus de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) dans le centre du pays.
“Cette présence accrue est la condition du succès du processus politique que nous allons engager dans les prochains jours”, a ajouté M. Dramé.
Auparavant, le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, avait affirmé que “le cycle infernal de la violence devait être arrêté” afin d’éviter que “chacun ne se fasse justice par lui-même”.
Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs “groupes d’autodéfense”.
Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.