L’exercice qui a manqué de courtoisie a permis à l’interpellé et à l’interpellateur de sortir de leur réserve pour tenter de convaincre une opinion de plus en plus médusée devant la situation.
La réponse sèche du ministre du Développement rural, Dr Bocari Tréta, au questionnement à lui adressé par l’honorable Oumar Mariko campait, à l’entame de son intervention, le décor pas très amical entre les deux hommes, appartenant tous les deux à la mouvance présidentielle. Est-il besoin de rappeler que le ministre Tréta est à son 2èmeround de passage au pupitre de l’AN et à la suite des questionnements que des députés de la majorité lui adressent. Ce qui traduit la complexité et l’intérêt que la population attache à son poste.
C’est le 18 juin denier que le ministre du Développement Rural Dr Bocari Tréta était interpellé devant les députés pour la première fois à travers des questions que l’honorable Bakary Koné de Koutiala lui avait adressées. Cette fois-ci, le député interpellateur n’était autre que l’honorable Oumar Mariko. Les questions adressées au ministre par le député interpellateur portaient sur l’accaparement des terres, les procédures de mise en place des structures de l’UN-SCPC, du GIE-UN-SCPC/CMDT/OHVN pour l’approvisionnement en intrant et appareils de traitement, mais aussi sur les intrants agricoles notamment l’affaire des engrais hors normes fournis dans les zones CMDT et OHVN.
D’entrée de jeu, le ministre Tréta expliquera que son département a pour rôle d’assurer la sécurité foncière des producteurs, la protection des exploitations des petits producteurs.
Selon lui, au Mali, il n’y a pas d’accaparement de terres puisque ce concept vient d’ailleurs.
Pour preuve dit-il, les producteurs sont protégés par un arsenal juridique fondé sur le doit coutumier et le droit positif. En plus de cela, il a annoncé un projet de loi sur la question qui va bientôt passer devant les députés.
Concernant les cas de Sanamadougou et Saou auxquels le député Mariko avait fait allusion, le ministre Tréta dira qu’il n’y a aucunement eu d’accaparement de terre mais de conflit d’intérêt entre le Groupe GDCM et la population locale.
A l’en croire, l’endroit auquel fait allusion le député interpellateur appartient à l’Etat et fait l’objet d’un bail entre le Groupe GDCM et l’Office du Niger.
Selon le ministre, l’operateur économique en question a promis d’y exploiter 1000 hectares. Aussi, il a cédé 140 hectares aux populations pour la construction d’infrastructures scolaires.
Pour ce qui est du GIE qui fournie les engrais, le ministre Tréta expliquera qu’il a été créé conformément à l’acte uniforme de l’OHADA.
Pour ce qui est de l’affaire d’engrais de mauvaise qualité qui défraie la chronique, le ministre dira que les marchés ont été passés en fonction de ces textes. Les dossiers d’appels d’offres, les fournisseurs bénéficiaires et les quantités d’engrais par fournisseurs sont connus, assure le ministre.
Selon lui, la Cour suprême a aussi confirmé que ces marchés sont régis par l’acte uniforme de l’Ohada.
Pour lui, il n’y avait jamais eu de contrôle de qualité concernant des engrais avant lui. Pour preuve dit-il, des échantillons des engrais mis en accusation ont été envoyés à Dakar et en France qui ont confirmés qu’ils sont hors normes.
Et le ministre de dire que qu’il n’y a pas eu d’importation d’engrais frelatés au Mali. Et que ce débat dessert le Mali.
En réaction, le député Oumar Mariko revient à la charge en clamant haut et fort qu’il y a bel et bien accaparement de terres au Mali. Et les cas de Sanamadougou et Saou sont assez illustratifs puisqu’il s’agit d’un operateur économique qui s’est accaparé des terres agricoles de plus de 34 villages. Pire, selon l’élu, les terres litigieuses ne sont pas situées dans la zone couverte par le bail qu’il a contracté avec l’Etat malien à travers l’Office du Niger. C’est pourquoi, il dira que son support légal est faut puisqu’il ne prend pas en compte la zone qu’il occupe.
Concernant la fourniture des engrais, le député dira que le ministère du Développement rural et la Primature y étaient représentés. L’honorable Oumar Mariko de s’interroger sur la volonté du ministre Tréta à s’engager dans une logique de changement en rupture avec les anciennes pratiques. Avant de demander la dissolution du GIE de fourniture d’engrais. Et de demander la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur cette affaire d’engrais de mauvaise qualité.
D.Diama
Source: Tjikan