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Le Ministre Alousseni Sanou après sa participation aux réunions annuelles du FMI et de la banque mondiale : “La Banque mondiale est le 1er partenaire multilatéral du Mali avec un endettement qui dépasse aujourd’hui 1 500 milliards F CFA”

Dans cette interview accordée à l’ORTM, le ministre de l’Economie et des Finances Alousseni Sanou fait le bilan de la participation du Mali aux réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale qui se sont tenues du 15 au 20 avril 2024 à  Washington.

 

Dans sa déclaration, le ministre de l’Economie et des Finances, Alousseni Sanou a indiqué que chaque année, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale organisent des assemblées annuelles aux mois d’avril et octobre où tous les ministres des Finances, les gouverneurs des banques centrales et tous les grands financiers du monde se retrouvent pour parler de la coopération économique et financière dans le monde.

“Au cours de ces réunions, chaque pays a l’occasion de rencontrer la Banque mondiale et le FMI, les plus hautes autorités de ces institutions pour évoquer le point d’étape de la coopération et voir éventuellement quels sont les canaux par lesquels ils peuvent continuer à améliorer la coopération entre les structures. Dans ce cadre, en tant que ministre de l’Economie et des Finances, j’ai conduit la délégation malienne qui était composée de la Banque centrale, du président de l’Association institutionnelle des banques et certains collaborateurs au niveau du département de l’Economie et des Finances pour aller participer à la session du mois d’avril 2024. La session d’octobre s’était tenue à Marrakech à laquelle le Mali n’avait pas participé. Donc, il ne fallait pas rater la session d’avril pour aller exposer le point de vue des autorités du Mali.  L’objet de la mission était d’échanger avec la Banque mondiale et le FMI sur l’état de la coopération et échanger également sur les perspectives  d’avenir tout en sachant que depuis 2020, le Mali a pris une option très claire. C’est que dans toutes les relations que nous allons établir désormais, il faut désormais que la souveraineté du Mali soit respectée.

Deuxièmement, il faut que le choix stratégique que le Mali fait soit respecté. Troisièmement, il faut que toutes les décisions que nous prenions puissent aller dans l’intérêt supérieur et d’amélioration des conditions de vie du peuple malien. Donc, depuis 2020, nos relations avec l’ensemble de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux sont empreintes de cette marque et veillons scrupuleusement au respect de cet état de fait. Voilà pourquoi, la plupart des activités que nous avons eues à mener récemment était essentiellement tournée vers des pays comme la Russie, la Chine, la Turquie, l’Inde, etc. Ce sont des pays avec lesquels les trois principes fondamentaux qui sont même ancrés désormais dans la nouvelle Constitution sont essentiellement respectés.

Et ce partenariat avec ces pays peut heurter souvent certaines sensibilités et peut amener d’autres structures à avoir des comportements qui vont changer en fonction de cette attitude que nous assumons entièrement. Voilà pourquoi, c’était toujours important de venir toujours rappeler ces principes, de travailler avec tous les partenaires qui souhaiteraient respecter le Mali dans ses choix stratégiques. Donc, la Banque mondiale et le FMI dans ce cadre lors de nos rencontres, ces principes ont été évoqués comme l’a été fait en avril 2023. Ce sont des principes qu’ils respectent. Ce sont des institutions qui ne sont pas à priori des institutions politiques, a priori, ce ne sont pas des institutions qui sont soumises au diktat d’une puissance quelconque ou d’une considération politique quelconque. Et c’est ce que nous veillons toujours à rappeler lors de nos échanges”, a-t-il éclairci.

“Le Mali est dans une très bonne position dans la sous-région par rapport à tous ces critères 

d’équilibre macroéconomique”

Le ministre de l’Economie et des Finances, Alousseni Sanou a rappelé que la Banque mondiale est le premier partenaire multilatéral du Mali avec un endettement qui dépasse aujourd’hui 1500 milliards F CFA. “Avec la Banque mondiale, ce sont des projets qui sont financés, des appuis budgétaires qui sont accordés. Depuis 2020, le Mali n’a bénéficié d’aucun appui budgétaire d’aucun partenaire en fonction des critères qu’ils se fixent. Cela n’empêche pas le Mali d’avoir des appuis projets régulièrement pour développer des secteurs de l’énergie, de l’eau, l’agriculture, l’environnement, etc. Donc, comme résultats que nous avons pu obtenir est le respect des principes.

Comme 2e résultat, nous avons rappelé les performances économiques du Mali, que ce soit en taux de croissance qui est passée d’une récession en 2020 à une croissance régulière jusqu’en 2023 avec un déficit budgétaire qui était de l’ordre de 5,9 % en 2020 qui est tombé en 2023 jusqu’à 3,9 %, tout en sachant que la norme communautaire retenu était inférieur à 3 %, une norme qui a été suspendue à cause de la crise Covid-19. Donc, ce qui fait que le Mali est dans une très bonne position dans la sous-région par rapport à tous ces critères  d’équilibre macroéconomique.

Dans le même temps, l’un des éléments importants, c’est l’endettement. Le taux d’endettement du Mali est de l’ordre de 50,2 %. Je rappelle qu’en 2020, le taux d’endettement était de 49,9 % avant d’osciller à 52 % en 2021, retomber à 51 % en 2022 et à 50 % en 2023. Donc, c’est pour dire que c’est ration extrêmement important auquel nous tenons beaucoup. Comme norme communautaire, il faut avoir un taux d’endettement inférieur à 70 %. Aujourd’hui, le Mali oscille régulièrement autour de 50 %. Ce qui est vraiment quelque chose qui dénote toute la rigueur que nous voulons mettre autour de cette activité”, a-t-il indiqué.

“Nous ne voulons plus des prêts dans lesquels il y a des conditionnalités car nous voulons que notre souveraineté soit respectée”

Sur la politique en matière d’endettement, le ministre a informé que si un projet est soumis,  la première chose à faire est de savoir que le projet est pertinent avec des opportunités. “Par exemple, un projet qui est dans le domaine de l’agriculture, de l’énergie, va, d’office sembler un projet prioritaire. Donc, il faut voir l’opportunité. Si c’est un projet qui est dans le domaine éducatif qui concerne la construction des classes, l’opportunité est vite établie. Mais un projet qui ne nous paraît pas opportun, nous n’allons pas donner notre quitus pour engager des discussions avec un partenaire. La 2e chose, il faut que dans la structuration du projet, nous voyons qu’il y a un impact immédiat, un investissement direct, physique, une capacité qui va exister et qui doit être la part la plus importante du financement. Il faut que l’essentiel du financement aille dans la création d’impact visible.

Le 3e élément, c’est la pertinence du mode  de financement. Il faut que nous choisissions entre plusieurs modes de financement. Il faut voir si le taux est un taux constitutionnel, est-ce que la durée est suffisamment longue pour permettre de bien rembourser, est-ce qu’il y a des conditionnalités. Lorsqu’il y a des conditionnalités, nous refusons. Car il faut préserver et faire respecter notre souveraineté. Nous ne voulons plus des prêts dans lesquels il y a des conditionnalités. Nous n’accepterons pas les conditionnalités imposées par un bailleur de fonds. Il faut que le projet soit un projet impactant.

La 2e chose, nous regardons la durabilité du projet. Car un projet doit pouvoir durer après la période de son existence. Les communautés doivent être formées pour prendre le relai après la durée du projet. Le 3e et dernier élément est le retour sur l’investissement. Il faut que dans les projets il y ait une génération de revenus non seulement au niveau pour pouvoir les permettre à se faire fonctionner et générer des revenus de tel sorte que l’Etat puisse avoir des impôts, des revenus fiscaux permettant de rembourser les échéances. Il faut qu’il y ait des gains de productivité. Voici des principes que nous rappelons toujours quand nous sommes avec des bailleurs de fonds pour que nous puissions toujours être en phase avec nos partenaires. Donc, comme résultats, nous pouvons dire que le vice-président de la Banque mondiale avait déjà fait une mission au Mali juste 3 semaines avant les Assemblées. Lors de son séjour, des questions d’énergie avaient été évoquées. Nous avons clairement dit que nous souhaitons un appui des partenaires multilatéraux pour nous permettre de régler les questions d’énergie qui se posent à nous. Il y a eu des questions d’investissement dans la société Energie du Mali qui ont été posées, notamment les centrales solaires et hydroélectriques que nous envisageons de mettre en place les prochaines semaines.

En attendant la réalisation de ces infrastructures, il a été question d’accompagner EDM pour assurer une couverture plus efficace et améliorer la distribution de l’énergie auprès de la population. Donc, les échanges se sont poursuivis lors de ces assemblées générales. Et il est ressorti que la Banque mondiale est prête aujourd’hui à signer un accord de 60 millions de dollars avec le Mali pour nous permettre, soit d’acheter de l’énergie avec les pays de l’OMVS, soit d’acheter  du gasoil pour permettre aux centrales  thermiques d’EDM de fonctionner.

Pourquoi nous avons choisi ces deux  options ? Parce que l’option d’acheter est une option que la Banque mondiale a toujours mise sur la table en disant qu’il faut acheter avec des pays où le coût de production est plus faible et qui sont en excédant de production. Nous avons rappelé qu’au regard du respect des 3 principes que nous avons évoqués, nous préférons acheter l’énergie avec les pays de l’OMVS parce que le Mali est un pays membre de cette organisation. Le 2e élément était le financement d’une centrale solaire par la Banque mondiale et qui va coûter à peu près 120 millions de dollars. Les accords sont signés. Il s’agit juste d’adapter et de choisir le site pour avancer. Dans le même temps, la Banque mondiale a dit qu’elle est prête à structurer certains projets non encore  financés pour nous permettre de renforcer le secteur de l’énergie”, a-t-il souligné.

Le  ministre a fait savoir que sa délégation a eu à rencontrer le FMI qui finance des activités et dont l’essentiel concerne l’accompagnement  technique des structures de l’Etat pour avoir une meilleure gestion des activités publiques. “Le FMI est particulièrement outillé pour aider, évaluer  et donner des avis sur la gouvernance des Etats. Le FMI, dans ce cadre, a un programme pour tous les pays qui font face à des chocs extérieurs. Le FMI est prêt à donner un appui. Cette année, il a soumis le Mali à ce projet. Dans trois mois, il va statuer  sur le cas du Mali pour voir si notre pays peut bénéficier d’un appui de 120 millions de dollars dans le cadre de l’amortissement du choc extérieur”, a-t-il déclaré.                

    Siaka Doumbia

 

Source: Aujourd’hui-Mali
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