C’est incontestable : le Gouvernement Boubou Cissé est celui qui suscite le plus le tollé dans l’histoire démocratique du Mali. Non seulement par la dénomination des départements, mais aussi par le dispatching des services centraux, rattachés et personnalisés, sans oublier qu’il fait un melting-pot contre nature avec l’arrivée en son sein d’opposants historiques par le biais d’un accord politique alambiqué. Le cas le plus insensé est sans conteste l’amputation du segment “Affaires sociales” du département en charge de la Solidarité pour le coller à celui de la Santé. Le fait est d’autant plus regrettable et dommageable qu’on retire au ministre Hamadou Konaté un volet qui lui a permis de faire de grandes réalisations qui comptent aujourd’hui dans le bilan du président Ibrahim Boubacar Kéïta. L’Amo, le Ramed, le Ramu, etc. sont autant de régimes de protection sociale mis sur orbite par Hamadou Konaté. Sans faire l’injure au ministre de la Santé, Michel Hamala Sidibé, qui hérite des services liés aux Affaires sociales, nous pensons qu’il était bienséant de “laisser à César ce qui appartient à César”. Pour l’honneur du Mali ! Pour le bonheur des Maliens !
Nommé Premier ministre le lundi 22 avril 2019, Dr Boubou Cissé a formé son premier Gouvernement le dimanche 5 mai. L’indignation était à son comble chez les connaisseurs qui ont découvert des départements souvent créés uniquement pour “caser” des partisans afin de satisfaire tout le monde sur la base d’un Accord dit politique signé le 2 mai, au point que certains ministres avaient brandi la menace de la démission. Exemple concret : Jamais dans l’histoire politique du Mali, le segment “Intégration africaine” n’a été érigé en département entier parce qu’il ne comporte quasiment aucun service à l’exception notoire de la Dgia (Délégation générale à l’Intégration africaine). Il a toujours été rattaché soit au département des Maliens de l’Extérieur, soit à celui des Affaires étrangères.
Les Maliens seront encore plus surpris après la publication du décret qui répartit les services entre les ministères. On verra par exemple, l’Omh (Office malien de l’Habitat)) rattaché dans un premier temps au ministère de l’Economie et des Finances.
Cependant, toutes ces entorses à la logique politique semblent être moins graves que le sort réservé au ministère en charge de la Solidarité. Ce département a tout simplement été estropié en le dépouillant de ce qui fonde sa raison d’être et justifie ses performances, à savoir les Affaires sociales. Celles-ci ont été rattachées au ministère de la Santé sans aucune raison valable.
Certes, certaines prestations de l’Inps, de la Canam, de la Cmss, de l’Anam…ont trait à la santé, mais la sécurité sociale est avant un acte de solidarité.
L’Homme des dossiers des domaines social et humanitaire
Mais la raison fondamentale qui devait guider les autorités à ne pas séparer les Affaires sociales de la Solidarité, c’est le travail titanesque abattu par le ministre Hamadou Konaté, titulaire du poste depuis le premier gouvernement d’IBK en 2013. Ainsi, dans la dizaine de remaniements ministériels intervenus entre le 8 septembre 2013 et le 5 mai 2019, Hamadou Konaté, grâce à ses actions, a été systématiquement reconduit dans les différents gouvernements et conserve toujours les segments du Social et de l’Humanitaire : ministre du Travail et des Affaires sociales et humanitaires ; ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord ; et ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire.
A la surprise générale, dans le dernier gouvernement, il est nommé ministre de la Solidarité et de la lutte contre la pauvreté. C’est une coquille vide qui ne dispose d’aucun service ou organisme titulaire digne de ce nom. A part la DFM, le Fonds de Solidarité nationale, l’Odhdlp, l’Infts et la Fondation pour la Solidarité, toutes les autres structures lui servent uniquement “pour emploi”.
A notre humble avis, le ministre Konaté méritait beaucoup mieux, tout au moins qu’on lui laisse les structures dédiées à la sécurité sociale parce que son bilan est très positif dans ce domaine. Démonstration !
Tout d’abord, durant ce mandat d’IBK, Hamadou Konaté a fait passer en Conseil des ministres plusieurs dossiers qui font le bonheur de millions de Maliens dans les domaines social et humanitaire. Parmi les plus significatifs, il faut noter le projet de loi portant code de pensions des fonctionnaires, des militaires et des parlementaires ; un projet de décret fixant les modalités d’application de la Loi n°2016-058 du 27 décembre 2016 instituant les pupilles en République du Mali ; un projet de décret fixant le cadre organique de la Direction nationale du Développement social ; un projet de décret portant approbation de la Politique nationale de Protection sociale au Mali et le Plan d’Actions de la protection sociale 2016-2018; un projet de décret portant modification du Décret n°03-482/P-RM du 17 novembre 2003 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement du Centre national d’Appareillage orthopédique du Mali (CNAOM); un projet de décret portant modification du Décret n°02-287/P-RM du 30 mai 2002 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de l’Observatoire du Développement humain durable et de la Lutte contre la Pauvreté.
La révolution AMO !
Ensuite, parmi les réalisations les plus significatives figurent le renouveau de l’Amo (Assurance maladie obligatoire) et la montée en puissance des assurés à cette protection sociale, et la création du Ramed (Régime d’Assistance médicale) qui fait aujourd’hui le bonheur de milliers d’indigents ; sans oublier la mise en place du Régime de l’assurance maladie universelle (Ramu).
L’Amo et le Ramed sont deux repères édifiants du bilan du ministre Konaté et du président Ibrahim Boubacar Kéïta. En effet, l’Assurance maladie obligatoire a connu un vif regain d’intérêt des Maliens ces six dernières années grâce à la méthode Hamadou Konaté.
En effet, l’histoire retiendra que c’est sous le ministre Hamadou Konaté que l’Assurance maladie obligatoire a connu son apogée. Rejetée par la plupart des travailleurs au départ, obligeant ses initiateurs à rendre son adhésion facultative, l’Amo renaît de ses cendres et séduit à nouveau les Maliens à travers une politique d’accroissement de la capacité financière des structures de santé. Convaincu que le destin de l’Amo est lié à la motivation des structures prestataires de santé, le département de Hamadou Konaté a investi, entre 2012 et 2017, plus de 43 milliards de Fcfa dans le remboursement des prestations de santé. Objectif : cultiver l’amour de l’Amo dans le cœur des Maliens.
Très humble, de 2013 à nos jours, les Maliens ont rarement entendu Hamadou Konaté parler de son bilan à la tête du ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire. Mais au-delà, d’autres motifs expliquent les réserves du ministre à flatter ses réalisations. En effet, le monde de la Solidarité est très sensible et a horreur de la publicité. C’est pourquoi, le ministre Konaté parle peu (lui-même) des grands progrès réalisés dans le cadre de l’Assurance maladie obligatoire. En effet, avec l’engouement suscité de nos jours autour de l’Amo, l’on peut dire que le défi a été relevé. Car, selon un responsable de la Caisse nationale d’Assurances Maladie (Canam), la structure reçoit en moyenne par jour une centaine de demandes d’inscription à l’AMO.
“Après la pluie, c’est l’heure du beau temps pour l’Amo grâce au ministre Konaté”, nous confiait une fois ce responsable de la Canam. Selon lui, ce beau temps se traduit par l’amélioration des services d’accueil des établissements de santé initiée par le ministre Konaté et par la construction de bureaux des entrées gérant des espaces “Amo”. Il faut noter que ces efforts du ministre Konaté visent à mettre à la disposition des Maliens un service de santé adéquat. Ces efforts ont également concerné les services de santé des Armées et des Forces de Sécurité maliens, à travers le renforcement de leur plateau technique de santé.
Autre action salutaire du ministre Konaté : la modernisation du système d’information de la Caisse nationale d’Assurance Maladie qui fournit à tous ses assurés une carte d’assurance biométrique. L’enrôlement biométrique à cet effet se poursuit à Bamako et dans les régions dans la perspective du déploiement du système d’information biométrique plus fiable.
La modernisation du système d’information, notamment par la mise en place des cartes d’assurance biométrique au profit des assurés, permettra de lutter contre la fraude aux prestations du régime d’Assurance maladie au Mali. A ces résultats, s’ajoutent quelques réalisations d’infrastructures immobilières sanitaires. Ainsi, à travers le régime d’Assurance maladie obligatoire, le département de la Solidarité et de l’Action humanitaire sous Konaté a construit un Centre d’ophtalmologie pédiatrique à l’Iota pour un coût de 500 millions de Fcfa.
Dans la même lancée de renforcement du système de santé, l’Institut national de Prévoyance sociale (Inps) a construit et équipé le Centre d’Hémodialyse de l’Hôpital de Sikasso pour un coût de 949 833 155 Fcfa.
Il faut noter que toutes ces mesures visent à croître l’accessibilité des assurés aux soins de santé de qualité et à améliorer la qualité de l’offre de soins pour le bonheur des populations cibles.
Pour rappel, des conventions ont été également signées avec 1 729 structures sanitaires sous le leadership du ministre Konaté. Il s’agit notamment des hôpitaux et apparentés, les centres de santé de référence, les centres de santé communautaire, les officines de pharmacie, les laboratoires biomédicaux, les infirmeries des garnisons militaires, les centres médicaux interentreprises, les cliniques et cabinets médicaux.
Dans ces structures conventionnées, plus de 9 500 069 consultations et prestations diverses ont été dispensées à ce jour au profit des assurés. C’est dire que les Maliens s’approprient de plus en plus l’Assurance maladie obligatoire.
Et avec plus de 1 166 901personnes immatriculées abonnées lors de l’organisation des campagnes d’enrôlement dans les régions du pays, on peut dire le ministre Hamadou a sauvé le projet Amo au Mali.
Ce n’est pas tout. Il y a des perspectives, au premier rang desquelles la mise en place du Régime de l’assurance maladie universelle (Ramu) par l’optimisation de l’Amo qui doit être élargie aux autres catégories (secteurs informel et agricole ainsi que les indigents) en intégrant la mutualité, le Ramed et les gratuités dans le même dispositif de gestion.
Pour rappel, l’Amo vise à soulager ses assurés et les membres de leur famille à charge dans la couverture de leurs frais de soins de santé inhérents à la maladie et à la maternité.La Caisse nationale d’assurance maladie (Canam), créée par la loi n°09-015 du 26 juin 2009, est responsable de la gestion du régime.
Clin d’œil aux indigents
Justement, la mise en place de la Canam a créé une inégalité entre les populations maliennes en termes de droit d’accès à la santé. Les initiateurs de l’Assurance Maladie obligatoire (Amo) ne se sont pas montrés suffisamment solidaires des couches défavorisées et dépourvues de source de revenus stables.
A sa prise de fonction en 2013, le constat a été fait par le ministre Hamadou Konaté. Pour réparer cette injustice et étendre le projet de solidarité sanitaire à tous les Maliens, notamment les personnes vulnérables, le ministre Konaté a initié la loi N°065 du 30 décembre 2016 portant modification de la loi N°09-030 du 27 juillet 2009 portant création l’Agence nationale d’assistance médicale (Anam) chargée de la mise en œuvre du Régime d’assistance médicale. Ils sont au total 186 721 indigents à bénéficier du Ramed. La particularité de ce régime est qu’il assure gratuitement les soins des “assurés”.
Le succès de l’Amo a donc inspiré le ministre Hamadou Konaté qui a multiplié d’autres initiatives dans le cadre de la Protection sociale au Mali. Humanitaire convaincu et épris de justice sociale, il a eu une pensée pour le sort des populations maliennes non salariées. Car, selon lui, l’assurance maladie ne doit pas être la seule affaire des travailleurs salariés. Du coup, il s’agissait, pour lui, de trouver la formule d’insérer les non-salariés maliens dans le système national de protection sociale. D’où son idée de modifier la loi portant création de l’Agence nationale d’Assistance médicale (Anam), un Etablissement public national à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Cet établissement, placé sous la tutelle du ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire, est chargé de la mise en œuvre du Régime d’assistance médicale (Ramed).
Le Ramed est un dispositif public de protection sociale non contributif, qui assure la couverture du risque maladie des personnes démunies appelées Indigents, et d’autres catégories de personnes en situation d’assistance sociale, sans contribution aucune de leur part.
Le Régime d’assistance médicale est essentiellement financé par les subventions de l’Etat (85%), les contributions des collectivités territoriales (15%) et l’appui des Partenaires techniques et financiers selon les conventions.
Le Ramed offre des soins gratuits adaptés aux nécessités de la pathologie. Et dans cette politique initiée par le ministre Konaté, des prestations gratuites des personnes cibles et leurs ayants droit à charge peuvent aller jusqu’à 3 ans non renouvelables.
Qui sont les bénéficiaires du Ramed ?
Le Régime d’assistance médicale bénéficie à plusieurs catégories de personnes, à commencer par les indigents. Les indigents sont des personnes dépourvues de ressources et très pauvres, reconnues comme telles par les autorités communales et qui ne sont couvertes par aucun autre système d’assurance. Il y a ensuite les ayants-droit à charge, à savoir les conjoints ; les enfants âgés de moins de 14 ans ; les enfants âgés de 14 à 21 ans, s’ils poursuivent des études ; les enfants handicapés quel que soit leur âge, qui sont dans l’impossibilité totale et définitive de se livrer à une activité rémunérée.
Enfin, viennent les admis de droit : les pensionnaires des établissements de bienfaisance, orphelinats, ou des établissements de rééducation et de tout établissement public ou privé à but non lucratif hébergeant les enfants abandonnés ou adultes sans famille fixe ; les pensionnaires des établissements pénitentiaires ; les personnes sans domicile fixe ; les blessés des conflits armés et de catastrophes.
Aujourd’hui, elles sont 186 721 personnes très pauvres sur l’ensemble du territoire national, qui bénéficient de soins médicaux gratuits en cas de maladie.
Grâce au Ramed, 40 785 personnes ont été aussi prises en charge médicale gratuite dans les structures publiques de soins de santé, sans contribution aucune de leur part, pour un montant de 743 801 728 Fcfa.
92 blessés de conflits armés et de catastrophes (civils et militaires) ont été également pris en charge médicalement à 100%. Il s’agit principalement de ceux des attaques du camp du MOC à Gao et du campement Kangaba, pour un montant total de 59 876 500 Fcfa.
Cette extension du bénéfice du Ramed aux blessés de conflits armés et de catastrophes est un acte salutaire dans le contexte actuel de réconciliation nationale du pays et de remobilisation des troupes. Tout comme seraient tout aussi salutaires les actions envisagées comme la modernisation des outils d’enquêtes sociales, à travers la collecte mobile en temps réels, via tablettes ; l’identification de près 62 000 nouveaux bénéficiaires potentiels en collaboration avec les structures centrales et déconcentrées en charge de la protection sociale, auxquels des récépissés seront délivrés après enquêtes sociales, pour pouvoir bénéficier de soins gratuits en cas de maladie ; l’identification des mendiants de la rue, dans le cadre de la lutte contre la mendicité, la pauvreté et l’exclusion sociale ; l’identification des femmes opérant sur les tas d’ordures, pour leur immatriculation, permettant d’assurer leur prise en charge médicale en cas de maladie ; la signature de 566 contrats de performance avec les Asaco, les Mairies et les SLDSES des régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti, Sikasso et le district de Bamako pour faciliter la prise en charge médicales des indigents très pauvres ; et l’accompagnement technique, matériel et surtout financier des partenaires comme l’Unicef pour 150 millions de Fcfa et la Banque mondiale, à travers le Projet de lutte contre le Paludisme et les Maladies tropicales négligées au Sahel (Ppmtns), pour un montant de 150 millions de Fcfa.
A travers le Ramed, qui projette de s’étendre sur l’ensemble du territoire national, pour couvrir les populations les plus pauvres, dans le but de contribuer à la lutte contre la pauvreté, on peut dire que le Régime d’Assurance Maladie universelle est effectif au Mali.
Et cela grâce au génie créateur de Hamadou Konaté, à qui on vient de retirer injustement les organismes personnalisés qui lui permettaient d’exceller dans ses missions.
La Rédaction
Source: Aujourd’hui-Mali