La justice malienne a délivré 17 mandats d’amener contre des militaires dans le cadre de l’enquête sur les combats entre bérets verts pro-Sanogo et bérets rouges supposés pro-ATT, survenus le 30 avril 2012 à Bamako. L’ex-leader de la junte doit comparaître devant un juge d’instruction.
À la demande du juge d’instruction Yaya Karembe, qui exerce au Pôle économique et financier grâce au même Sanogo selon certaines sources, 17 mandats d’amener ont été émis par la justice malienne à l’encontre de militaires impliqués dans les combats du 30 avril 2012 entre bérets verts favorables à l’ex-capitaineAmadou Haya Sanogo, aujourd’hui général 4 étoiles, et les bérets rouges du camp de parachutistes de Djicoroni, à Bamako, supposés favorables à l’ancien président destitué le 22 mars 2012, Amadou Toumani Touré.
Le mandat contre l’ancien chef des putschistes intervient après une avalanche de rumeurs faisant état de son arrestation ou de sa mise en résidence surveillée. Depuis la mutinerie du 30 septembre, dont certains leaders présumés ont été tués dans des circonstances floues, « Haya » et sa garde rapprochée font l’objet de toutes les attentions. La justice attend que les militaires proches du général, après s’être présentés à la Direction de la sécurité militaire, répondent à leur convocation.
La CPI semble également s’intéresser de près au cas de l’ex-leader de la junte, tout comme Human Rights Watch ou Amnesty International. Sanogo étant le plus haut gradé de l’armée malienne, les conditions d’exécution de son mandat d’amener devraient être discutées au niveau de la présidence. Mais Sanogo, dans tous les cas, devra comparaître devant le juge d’instruction. Qui décidera, à l’issue de cette première audition, de l’inculper ou non.
L’ONG Amnesty International demande aux autorités maliennes d’ouvrir des enquêtes sur des « cas de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires et de tortures (…) commises par des soldats fidèles à la junte militaire contre des militaires et des policiers impliqués » dans une tentative manquée de contrecoup d’État, le 30 avril.
Selon Amnesty International, « le gouvernement de transition du Mali a failli dans sa tâche de protection des droits humains de ses citoyens et cette absence de droit ne peut pas continuer ». L’ONG demande aux autorités maliennes de mettre un terme à « l’engrenage infernal de violations des droits humains » et d’ouvrir des enquêtes sur « les dizaines de cas de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires et de tortures » dont elle a eu connaissance. Ces exactions ont été « commises par des soldats fidèles à la junte militaire contre des militaires et des policiers impliqués » dans une tentative manquée de contre-coup d’État, le 30 avril, précise Amnesty dans un rapport publié mardi 30 juillet à Paris.
Torture
Des prisonniers (17 officiers et 33 hommes de rang), avec qui des membres d’Amnesty ont pu s’entretenir, ont fait état de la disparition de 21 personnes « après avoir été enlevées de leur cellule dans la nuit du 2 au 3 mai ». Ils ont également décrit « les conditions inhumaines et dégradantes » de leur détention ainsi que les tortures et les sévices sexuels dont ils auraient été victimes. Un policier a ainsi affirmé avoir été contraint avec trois autres prisonniers de se sodomiser mutuellement sous la menace d’être exécutés. Ces prisonniers se trouvent actuellement dans un centre de détention officiel après avoir été détenus au camp militaire de Kati (à 20 kilomètres au nord de Bamako).
« Ils nous ont demandé d’avouer que nous voulions faire un coup d’État. Ils nous ont fait coucher sur le ventre, ils nous ont menotté les mains dans le dos et les ont liées à nos pieds. L’un des militaires a enfoncé un chiffon à l’aide d’un bâton dans nos bouches. On ne pouvait plus parler et encore moins crier. Ils ont éteint des cigarettes sur nos corps et l’un d’eux en a éteint une dans mon oreille gauche », a ainsi raconté un prisonnier selon ses propos rapportés par l’ONG.
Alors que feront ses cadres chargés d’exécuter le mandat d’amener contre le général Sanogo qui ont tous été un moment ses proches.
Source: L’Informateur