À côté de ce lucratif business de la paix, il y a ces Etats dits “partenaires” ou “amis” qui, depuis leurs fiefs au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Occident, s’affrontent et se font silencieusement une guerre atroce sur notre sol en nous dressant les uns contre les autres d’abord, puis nous contre leurs autres adversaires qui sont censés être aussi nos “partenaires”.
Ainsi, ballotant entre leurs mains dans ce tourbillon interminable et pervers, nous allons continuer de nous accuser et de nous entretuer mutuellement pour leur grand bonheur, sans jamais trouver le véritable endroit où nous sommes tombés.
Eux, pendant ce temps, se délectent du statu quo créé et entretenu pour soit exploiter nos matières premières à travers des entreprises et organisations-paravent, soit conforter leur hégémonie géostratégique dans le Sahel. Cela, en faisant miroiter aux uns (Maliens) l’indépendance ou l’autonomie de leur région et aux autres (Maliens) la sauvegarde de l’intégrité du territoire, sinon la fin de l’insécurité et du terrorisme, contre lesquels, souvenons-nous, ils sont venus nous aider à lutter, mais dont l’éradication nous conduirait à les mettre à la porte.
Nous sommes donc leurs pions dans notre propre pays, hélas ! Ouvrons nos yeux enfin ! Réfléchissons, parlons-nous, unissons-nous, tolérons-nous, faisons preuve d’endurance et de patience face à ces chers amis-démons, qui nous aiment tant dans le malheur qui fait leur bien. Notre première faiblesse, dont ils profitent tous, c’est notre mésentente. Et c’est là où nous sommes tombés depuis la première rébellion de 1962.
Cherchons à savoir si la paix chantée sur leurs lèvres est en train d’être matérialisée par les actes qu’ils posent au quotidien avec nous et sans nous, dans l’ombre. Surtout, est-ce que notre réconciliation définitive est dans leurs intérêts proches et lointains ? – Derrière les discours diplomatiques, (appelés comme tels pour distraire et tromper), il y a des réalités sournoises que nous devons être capables de lire de nous-mêmes.
Il n’y aucune solution miracle étrangère à notre drame, dès lors que le dialogue est possible entre les enfants du Mali, et que ce qui est négocié ne compromettrait pas la forme républicaine et le caractère laïc du pays.
Sortons de notre peau et regardons-nous un peu avec l’oeil de l’étranger. Le trou de la tragédie malienne est vrament abyssal.
Dr. Aboubacar Abdoulwahidou MAIGA,
Enseignant-chercheur à l’ULSHB.