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Le Mali, un Etat voyou !

Notre pays, depuis quelques années, est la risée du monde entier. L’image que nous projetons (ou que nos dirigeants projettent) à la face de ce monde est des plus malhonnêtes. Au moment où tout le monde vole à notre secours, nous jouons, nous-mêmes, à l’autruche en adoptant des comportements indignes.

 


Cette assertion du scénariste français, Souleymane Boel, selon laquelle, «l’anorexie intellectuelle d’un peuple favorise l’arrivée au pouvoir d’un Etat voyou», peut-elle s’appliquer au Mali ? Entière reste la question.

En tout cas, si on ne peut diagnostiquer, avec exactitude, au peuple malien une anorexie intellectuelle, pour l’instant ; tout porte à croire que l’Etat auquel il appartient a, de plus en plus, des comportements et des attitudes de voyou. Surtout quand on sait que le terme voyou est ainsi défini : «Individu peu scrupuleux qui ne respecte pas les lois ; canaille, bandit, truand.»

Aujourd’hui, en tout cas, l’histoire donne, de plus en plus, raison aux confrères qui, les premiers, ont osé, il y’a de cela quelques années, qualifier notre pays d’Etat voyou. C’était sous l’ère ATT déjà et, à l’époque, nous avions, à travers ces mêmes colonnes, vigoureusement défendu notre cher pays en traitant, à notre tour, l’Algérie «d’Etat ingrat». Et nos confrères faisaient allusion à la situation au nord et aux prises d’otages qui devenaient une affaire lucrative dans cette zone, avec la complicité de la hiérarchie militaire, d’hommes politiques et leaders communautaires du nord.

On enlevait des Occidentaux en Tunisie, en Algérie, un peu partout dans la partie septentrionale de l’Afrique, et c’est bizarrement au Mali que leur libération était négociée. Il s’était installé dans notre pays une industrie de prise et de libération d’otages qui intriguait, sérieusement, à travers le monde, d’où cette question des journalistes et autorités algériennes qui se demandaient si le Mali n’était pas un «Etat voyou».

À l’époque donc, il s’agissait exclusivement de cette affaire d’otages. On ne parlait pas encore de tous ces scandales que l’on connaît depuis l’avènement au pouvoir d’IBK, de toute cette mafia créée, par des proches du président, grâce et autour de la crise, de toutes ces velléités d’enrichissement à l’occasion de la guerre que nous vivons.

En effet, depuis qu’il est au pouvoir, celui qui a décrété l’année 2014 comme celle de lutte contre la corruption, ne nous rappelle à ses bons souvenirs que par des scandales. Citons : l’affaire de l’avion présidentiel, celle des équipements militaires, l’affaire des casques de l’armée, celle  des engrais frelatés, l’affaire des tracteurs, la vente cash (du jamais-vu) des logements sociaux et le dernier scandale (pour le moment) relatif aux hélicoptères PUMA et TUCANO ; sans oublier toutes les fausses promesses du président de la République et les faux espoirs qu’il a suscités.

Commençons (brièvement) par les fausses promesses et les faux espoirs. Nul besoin ici de revenir sur tout l’espoir suscité par l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéïta aux plans national et international. C’est quasi-unanimement qu’à l’intérieur comme à l’extérieur, tous ont cru que la solution à la crise, qui s’installait doucement dans notre pays, viendrait du candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM).

Jamais, de mémoire de Maliens, une candidature n’avait drainé autant d’adhésion, jamais autant d’unanimité n’avait été faite autour d’un candidat. IBK bénéficiait donc, à son élection, aussi bien sur plan national qu’international, d’un capital de sympathie, de soutien, et de confiance inestimable. Il aurait pu profiter de cela pour imposer toutes les réformes voulues, remettre le pays sur les rails, ramener la paix en faisant passer auprès de la communauté internationale un accord de paix favorable au Mali ; obtenir des prêts pour la reconstruction du pays. Hélas !

IBK a promis de réhabiliter l’honneur du Mali, lutter farouchement contre la corruption, mettre fin à la gabegie, au clientélisme, préserver le patrimoine national. Aucune de ses promesses n’a été tenue. Bien au contraire, tous les maux et fléaux que le pays vivait ont pris du volume. Le Mali n’a jamais connu autant de corruption, d’injustice, de clientélisme, que sous IBK. Le pays n’est géré que par sa famille.

Pour ce qui concerne les scandales, le premier et, dont on a le moins parlé, est celui relatif à des achats effectués par la première dame du Mali, Aminata Maïga, dans un magasin parisien, à peine son mari élu, avec une carte de crédit appartenant à Michel Tomi. Lors d’un séjour, les services de renseignements français ont constaté que le règlement de certaines factures de la nouvelle première dame du Mali avait été fait à travers Michel Tomi.

Peu de temps après, comme s’il avait une revanche à prendre sur le Mali et le monde tout entier ; comme s’il en avait rêvé à bas-âge, tout ce à quoi son époux de nouveau président avait pensé, le premier projet auquel il a réfléchi, dès son élection, c’était de s’offrir (rien que ça), quels qu’en fussent les moyens ou la manière, un avion présidentiel. Il l’a fait de la manière la plus illégale possible et l’ensemble de l’univers connaît la suite.

Après, se succédèrent les affaires d’équipements militaires avec les chaussettes les plus chères au monde ; l’affaire des casques de l’armée ; les engrais frelatés de Bocari Treta, Seydou Nantoumé, Bakari Togola, et autres, l’affaire des tracteurs qui coûtaient les yeux de la tête, à la livraison, dont on pouvait faire le montage ici avec le même montant, selon un technicien ; la vente cash (du jamais-vu) des logements sociaux et le dernier scandale (pour le moment) relatif aux hélicoptères PUMA et Tucano. Au prochain scandale !

Moussa Touré

Source : Nouvelle Libération

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