Rien ne va plus au Mali. A la gravissime crise sécuritaire s’est greffée la crise sociopolitique, caractérisée par un manque de confiance entre les acteurs et un blocage total dans le processus de dialogue enclenché depuis belle lurette. Le Président de la République censé trouver la recette magique pour rassembler son peuple s’embourbe davantage dans la crise en perdant carrément le nord et en étant à court d’arguments. Quant à l’opposition, qu’elle soit politique ou de la société civile,elle assiste, si elle ne participe pas, à la descente dans l’abîme du patrimoine commun à nous tous, qu’est le Mali. Qui a intérêt à ce que le Mali s’effondre ? Les acteurs ne pourraient-ils pas se donner la main pour juguler cette crise qui menace la République ? IBK ne pourrait-il pas rassembler au prix du renoncement à ses prérogatives ?
On ne se lassera jamais de se battre quand il s’agit de défendre sa patrie, surtout quand elle est menacée dans ses fondements comme c’est le cas du Mali. De 2012 à aujourd’hui, le Mali va de mal en pis, avec une gouvernance en deçà des attentes de la grande majorité du peuple. A cela s’ajoutent une division et un manque de confiance entre des acteurs sociopolitiques, entraînant une méfiance, voire une indifférence. Que dire de la corruption qui a atteint son paroxysme, avec comme conséquence une crise sociale alarmante et une insécurité dépassant le seuil du tolérable. C’est dans cette impasse indescriptible que se trouve le Mali millénaire, le pays des hommes célèbres qui ont contribué au rayonnement de l’histoire de l’humanité. Doit-on fermer les yeux et être complices de l’effondrement du pays ? La question s’adresse en premier lieu aux acteurs sociopolitiques, toutes tendances confondues.A commencer par le Président de la République, IBK, qui ne semble pas faire tout ce qu’il devait faire pour rassembler autour du Mali toutes les filles et tous les fils. Il est sans conteste le père de la nation par son poste, c’est à lui que doit revenir le leadership pour tracer la voie à suivre, mais au lieu de cela, il a préféré caresser son fauteuil présidentiel en reléguant au second plan son peuple et ses problèmes. Sinon comment comprendre que depuis 2013, année de son élection à la magistrature suprême, qu’il n’ait rien entrepris véritablement dans le sens du consensus à l’endroit de la classe politique pour sortir le Mali de l’ornière. Aucun chantier sociopolitique n’a véritablement prospéré sous le magistère d’IBK en cinq ans. Réélu pour un second mandat, le Mali demeure toujours dans la crise, si elle ne s’est d’ailleurs pas amplifiée. Aujourd’hui, le Mali est menacé dans ses fondements, alors pour ne pas tomber dans le précipice, il a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles pour voler à son secours. Pour ce faire, le Président de la République doit se montrer plus conciliant, humble en mettant le Mali au-dessus de sa personne. Quant à l’Opposition qu’elle fasse preuve d’ouverture et qu’elle sache que ni le départ d’IBK du pouvoir, encore moins l’exacerbation de la crise entrainant la chute du régime, ne pourront résoudre aujourd’hui la crise multidimensionnelle. Alors, autant accepter la main tendue du Président, si elle est sincère, plutôt que de continuer à attiser le feu dans le vain espoir de tirer profit du malheur du Président.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept