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LE MALI EN PÉRIODES TRANSITOIRES La haine des partis politiques

Les événements politiques s’accélèrent au Mali à un rythme inattendu, et d’une transition à une autre, le pays se dirige vers une autarcie dont il reste à prouver qu’il pourra soutenir les conséquences. Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, en août 2020, avec la chute d’IBK et l’avènement du CNSP dirigé par le colonel Assimi Goïta, souffle sur notre pays comme un mauvais vent de haine du multipartisme vieux en cette contrée de 30 ans.

Une première mauvaise gouvernance politique et économique, avec à la clé un enrichissement éhonté des cadres politiques, avait conduit à la chute d’ATT en 2012. La violence de cet événement, accompagnée par l’invasion du pays par des bandes de narcotrafiquants, avait mis au pilori la classe politique accusée d’être à la base de cette catastrophe.

Le président du RPM, IBK, élu en 2013 Président de la république, au lieu de redorer le blason de la classe politique par de vigoureuses mesures salvatrices, avec son style néo bourgeois, ne fit que l’enfoncer davantage dans la médiocrité et l’impopularité. Le détournement progressif de la récolte de la démocratie au profit de l’enrichissement personnel par les partis politiques a fait retomber sur la tête de ceux-ci tous les péchés qu’on leur reproche aujourd’hui et qu’ils méritent bien.

En toute logique, tous les reproches qu’on adresse maintenant à la classe politique et dont se prévalent aujourd’hui tous les populistes et les opportunistes de la nation, sont sacrément vrais en termes de gourmandise financière, de vagabondage politique et autres infidélités à la démocratie. Mais rien ne justifie l’ostracisme actuel dont on les accable car, tout compte fait, les hommes de la démocratie sont à l’origine de la modernisation du pays qui était maintenu dans l’archaïsme 23 ans durant. Les boulevards éclairés de Bamako, ses échangeurs et ses km de routes goudronnées sont leur œuvre ; quand, sous GMT, un chemin de terre en latérite conduisait à son domicile.

La transition avait bien commencé en se donnant 18 mois pour remettre le pays sur la voie de la démocratie, mais les calculs politiciens l’ont faite dévier de cette route pour un autre agenda qui nous vaut maintenant des sanctions économiques et financières commandées par la CEDEAO et l’UA. Tous les pays ne sont pas comme l’Angleterre qui, au début du XIXè siècle, entre 1802 et 1804, a soutenu un long blocus décidé contre elle par Bonaparte Ier pour la raison simple que ce pays, grande île, n’a de frontière que la mer de tous les côtés, et est capable de contenir un isolement de plus de 4 ans sans s’essouffler.

Les autorités politiques actuelles doivent prendre en compte la continentalité du pays et son appartenance à la zone du FCFA décidée par Moussa Traoré en 1985 et qui nous fait esclaves de la CEDEAO aujourd’hui.

On sait qu’il est de plus en plus question, depuis quelques mois, d’accalmie au nord et de succès militaires sur le terrain, ce qui vaut aux Famas tous les honneurs de la nation, c’est normal. Le problème réside cependant dans le fait que des populistes s’emparent de ces victoires militaires pour pousser la transition à la faute de la prolongation sans tenir compte du fait historique que Jules César ne fut jamais remercié par les romains pour avoir fait simplement son devoir de soldat. Ces gens qui battent ainsi le pavé au motif du soutien à la transition qui normalement doit s’en tenir à sa feuille de route, le font pour leurs propres intérêts ou pour se signaler à l’intention des membres de la transition pour les échéances futures.

Il faut savoir raison garder, comme aurait dit feu IBK en pareilles circonstances, et revenir à des positions raisonnables en renégociant avec la CEDEAO des chefs d’Etat, en attendant celle des peuples qui nous manque aujourd’hui.

François Mitterrand, dans une interview de 1974, avait parlé de paille et de grain, et expliqué au journaliste en face, que l’une et l’autre se valent, tout dépendant de l’usage qu’on en fait. Autrement dit, une armée républicaine bien disciplinée, peut être au service de sa classe politique sans heurts ni même murmures… comme à l’armée.

Facoh Donki  Diarra, écrivain

Source: Les échos Mali

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