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Le Mali digitalise son système de santé avec un plan ambitieux pour 2024-2028

Le Mali lance un ambitieux Plan stratégique national de santé numérique (PSNSN) 2024-2028 pour moderniser son système de santé grâce aux technologies numériques. Soutenu par des partenaires internationaux, ce plan vise à renforcer l’accès aux soins, notamment dans les zones reculées, et à affirmer la souveraineté sanitaire du pays dans un contexte de coopération régionale et de défis sécuritaires.

Le Mali franchit une nouvelle étape dans l’évolution de son système de santé avec l’adoption du Plan stratégique national de santé numérique (PSNSN) 2024-2028. Ce plan, qui vise à digitaliser l’ensemble du secteur de la santé, a été élaboré avec l’appui de partenaires techniques tels que l’UNICEF, la Banque mondiale, et le PNUD. S’inscrivant dans une démarche de modernisation des infrastructures et des services de santé, le PSNSN ambitionne de transformer l’accès aux soins pour les populations maliennes, en particulier dans les zones reculées.

Une transformation digitale pour améliorer l’accès aux soins

Le PSNSN 2024-2028 propose un cadre ambitieux visant à intégrer des technologies numériques dans tous les niveaux du système de santé. Le rapport met en évidence une série d’initiatives destinées à améliorer la qualité et l’efficacité des services de santé. Parmi ces initiatives figurent la création de l’Environnement numérique de Santé du Mali (ENSM), qui centralisera l’information de santé et permettra aux professionnels de santé d’avoir un accès rapide et sécurisé aux données des patients, facilitant ainsi le suivi des soins.

« Ce plan est un levier essentiel pour moderniser notre système de santé et répondre aux besoins des populations maliennes, » a déclaré le Médecin-Colonel Assa Badiallo Touré, ministre de la Santé et du Développement social. Ce processus inclusif, qui a débuté en octobre 2020, a mobilisé un grand nombre d’acteurs publics et privés ainsi que des organisations non gouvernementales (ONG). La feuille de route inclut des projets tels que la télémédecine et l’amélioration des infrastructures pour assurer un accès à l’eau potable et à l’énergie solaire dans les centres de santé.

Les défis de l’interopérabilité et de la gouvernance des données

L’un des défis majeurs identifiés dans le rapport concerne l’interopérabilité des systèmes d’information de santé (SIS). Actuellement, le niveau de maturité de l’interopérabilité des outils est classé au niveau 2 (« émergeant ») sur une échelle de 5 (« optimisé »). Cela reflète un retard conceptuel et organisationnel dans l’intégration des différentes plateformes numériques au sein des hôpitaux et centres de santé.

Le PSNSN propose de remédier à ces problèmes par l’harmonisation des systèmes d’information, sous la supervision de l’Agence nationale de télésanté et d’informatique médicale (ANTIM). L’objectif est de centraliser les informations pour que les professionnels de santé puissent accéder aux dossiers des patients de manière sécurisée, tout en respectant les normes de confidentialité.

Une stratégie alignée avec la vision régionale et internationale 

Le PSNSN bénéficie d’un soutien financier et technique important de la part de partenaires internationaux, notamment l’UNICEF, l’OMS, et l’USAID. Ces soutiens sont essentiels pour assurer le déploiement des infrastructures numériques et la formation des personnels de santé aux nouvelles technologies. Le rapport souligne également l’engagement du gouvernement malien à renforcer les capacités des acteurs locaux afin de garantir la pérennité des investissements réalisés.

En s’alignant sur les standards internationaux tels que ceux de l’OMS, le Mali démontre sa volonté de moderniser son secteur de la santé tout en affirmant sa souveraineté. L’Alliance des États du Sahel (AES) s’inscrit également dans cette vision de coopération régionale, visant à mutualiser les efforts pour répondre aux besoins des populations malgré les tensions politiques.

Une initiative souverainiste en réponse aux défis locaux

Depuis plusieurs années, le Mali s’efforce de reprendre le contrôle de ses secteurs stratégiques. En 2023, le pays a marqué un tournant historique en s’alliant avec le Niger et le Burkina Faso pour créer l’Alliance des États du Sahel (AES), officialisée par la Charte du Liptako-Gourma. Cette initiative, née après le retrait des forces étrangères du territoire malien, symbolise la volonté des autorités de la Transition de renforcer leur souveraineté face aux pressions extérieures.

La création de l’AES et de la Confédération des États du Sahel est un acte de résistance face aux défis sécuritaires, mais elle a également des implications majeures pour la santé publique. Dans un contexte de crise politique, particulièrement après le coup d’État au Niger et la décision des trois pays de se retirer de la CEDEAO, le Mali entend montrer qu’il peut relever les défis de la gouvernance, y compris dans le domaine de la santé.

Le PSNSN représente ainsi une opportunité pour le Mali de démontrer que la digitalisation de la santé peut être un outil de souveraineté, mais aussi un levier pour le développement durable. En plaçant les nouvelles technologies au cœur de son système de santé, le Mali espère répondre aux attentes des citoyens et améliorer l’accès aux soins, tout en renforçant l’autonomie de ses institutions face aux défis contemporains.

Oumarou Fomba 

Source : Sahel Tribune
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