Cinq ans après l’intervention française, les attentats se multiplient à six mois de la présidentielle.
Il ne se passe plus guère de jours au Mali sans que des attaques djihadistes n’ensanglantent le pays. Deux gendarmes de la garde nationale ont encore été tués dans la nuit de dimanche à lundi dans la région de Gossi (centre) par des individus circulant à moto. Quelques heures plus tôt, une gendarmerie avait aussi été attaquée dans la même région, sans faire de victimes.
Selon l’AFP, au moins quatre civils ont été tués vendredi et samedi dans le nord du Mali et, selon un communiqué du ministère de la Défense malienne, trois « terroristes » ont été abattus vendredi à proximité de la frontière avec le Niger, après l’assassinat à son domicile d’un notable. Tous ces événements tragiques interviennent alors même que le G 5 Sahel — cette force militaire multinationale à laquelle participent, avec l’aide de la France, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad — tente de se déployer dans cet immense territoire. « Les djihadistes veulent démontrer que ce déploiement militaire ne sert à rien », analyse un responsable malien.
Parade dérisoire
Devant la montée en puissance des islamistes radicaux, l’armée malienne a interdit dans certaines localités du centre et du nord la circulation des motos et des pick-up, véhicules favoris des groupes armés. La parade semble dérisoire face à l’intensité et à l’audace des djihadistes. Le 27 janvier, ils n’avaient pas hésité à attaquer le camp militaire de Soumpi, près de Tombouctou, faisant une quinzaine de morts dans les rangs des soldats maliens. Le lendemain, quatre autres militaires perdaient la vie dans un attentat suicide à Menaka (nord-est) revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale force djihadiste au Sahel.
Les civils ne sont pas non plus épargnés, cibles directes ou collatérales des islamistes. Fin janvier, un car transportant des villageois a sauté sur une mine près de Boni, dans le centre, faisant vingt-six morts, dont six femmes et quatre enfants.
Cinq ans après le coup d’arrêt porté par l’armée française aux radicaux qui s’étaient emparés du nord du pays, et à six mois de l’élection présidentielle prévue en juillet, la dégradation de la situation sécuritaire montre que les djihadistes ont reconstitué leurs forces. « C’est inquiétant, car ils pourraient même venir frapper au sud », s’alarme un homme d’affaires de Bamako joint au téléphone. Il déplore une situation économique « très morose » du fait du climat ambiant. « J’ai très peur qu’en plus les islamistes ne fassent tout pour saboter les élections. »
Le parisien