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«Le gouvernement Puigdemont a été le pire de l’histoire de la Catalogne»

Opposée à l’indépendance, la députée du parti socialiste catalan Esther Niubó dresse un bilan sévère de la législature entamée en 2015 et dessine les enjeux des élections du 21 décembre.

president catalan Carles Puigdemont

Esther Niubó est porte-parole du Parti socialiste catalan (PSC), allié du PSOE, et députée régionale. Son groupe parlementaire n’a pas participé au vote proclamant l’indépendance vendredi dernier et a quitté l’hémicycle pour protester contre une démarche qu’il jugeait illégale. Nous l’avons rencontrée au siège du PSC à Barcelone.

Quel bilan tirez-vous de la législature qui vient de prendre fin, avec un Parlement à majorité indépendantiste ?

C’est sans conteste le pire de l’histoire de la Catalogne. Le gouvernement Puigdemont a été très pauvre en idées. L’indépendance a absorbé toute son énergie. Ils ont voulu séparer la Catalogne de l’Espagne, mais ils sont presque parvenus à détruire la cohésion de la société catalane. Nous sommes une terre d’accueil pour de nombreuses personnes d’autres régions d’Espagne ou du Maghreb. La langue catalane est pour eux un facteur d’intégration. Cette unité a été mise en danger, comme le montrent les manifestations pro-espagnoles qui ne s’étaient jamais produites. Le gouvernement a aussi appauvri la région en provoquant le départ de sociétés, et ruiné sa réputation à l’étranger.

La déclaration d’indépendance de vendredi parle d’une «république solidaire». La politique sociale du gouvernement était-elle sur cette ligne ?

Si c’était le cas, ils l’ont bien caché. Le gouvernement Puigdemont n’a qu’une initiative positive à son actif : le revenu minimum d’insertion, qui se met en place en ce moment. Pour le reste, l’éducation et la santé restent sous-financés. Les budgets n’ont pas rattrapé les coupes budgétaires de 2011, alors que l’économie s’est redressée. Au niveau national le PDeCAT (Parti démocrate européen catalan, la formation de Carles Puigdemont) a très souvent voté avec le Parti populaire [du Premier ministre conservateur Mariano Rajoy, ndlr] à Madrid. En 2012, Artur Mas, président de la communauté, affirmait que la Catalogne était la région qui avait le plus dégraissé son administration, et s’en félicitait. En matière d’éducation, ils ont voté avec le PP les conventions avec les écoles privées de l’Opus Dei (congrégation catholique ultraconservatrice), où les classes ne sont pas mixtes. Aucun financement n’a été dégagé pour l’éducation inclusive (intégration des élèves souffrant de handicaps). La réforme très libérale du droit du travail du PP a été votée par le PDeCAT en 2012. Les exemples sont multiples.

L’échec de la proclamation d’indépendance ne va pourtant pas effacer le désir de sécession qu’ont manifesté de nombreux Catalans.

Toutes les options politiques sont respectables, et l’indépendantisme en est une. Elle doit pouvoir s’exprimer. Nous socialistes ne sommes pas indépendantistes mais fédéralistes, et nous pensons que la solution de la crise passe par une profonde réforme constitutionnelle qui reconnaîtrait l’Espagne comme une réalité pluriculturelle et plurilinguistique, une nation de nations. Nous demandons aussi un financement plus juste, nous sommes la troisième communauté autonome d’Espagne (en PIB par habitant) et ce que nous recevons ne correspond pas à notre poids économique. Une nouvelle constitution doit nous permettre de parvenir à une Espagne plus démocratique, surtout en matière de droits sociaux.

Comment voyez-vous les élections du 21 décembre ?

Les coalitions de la précédente campagne vont éclater. Et en premier lieu Junts pel Si (Ensemble pour le Oui, indépendantiste) qui réunissait un parti historiquement indépendantiste, Esquerda Republicana de Catalunya (ERC), et un autre, PDeCAT, qui l’est devenu par opportunisme électoral. Un tel attelage n’est plus envisageable. Et avec la CUP, formation anticapitaliste, encore moins. Je verrais plutôt une coalition post-élections entre ERC et Catalunya en Comu, la mouvance de Podemos réunie autour d’Ada Colau (la maire de Barcelone) et ses proches.

Et pour votre parti ?

Dans la législature qui vient de s’achever nous étions la troisième force politique en nombre de députés, et la première à gauche. Nous espérons qu’une nouvelle majorité émergera le 21 décembre. Je ne ressens pas de rejet de la politique dans l’opinion, les électeurs savent que dans un paysage politique morcelé on ne peut gouverner que par des alliances.

Les législatives ont lieu dans cinquante jours. Que va-t-il se passer d’ici là ?

Le refus de Puigdemont de convoquer lui-même des élections rendait inéluctable l’application de l’article 155 de la Constitution. La position de Pedro Sanchez et du PSOE, que nous soutenions, était d’obtenir une suspension de l’autonomie régionale la plus courte et la moins agressive possible. De ce point de vue, nous sommes plutôt satisfaits.

François-Xavier Gomez

 

Source: liberation

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