La reprise de Ménaka en juillet dernier par la CMA avait contraint le GATIA à se retirer de la ville, sans résister.
Le MSA qui était son allié, a partagé le contrôle de la ville avec le HCUA. Les différentes négociations entamées entre CMA et Plateforme ont abouti au retour du GATIA dans certaines localités perdues comme Ménaka. Un nouveau tournant entre les protagonistes d’hier.
Les affrontements qui ont éclaté au mois de juillet entre la CMA et le GATIA avaient précipité la perte des positions de ce dernier dans les régions de Kidal et Ménaka. Ces affrontements ont constitué une menace sérieuse sur l’Accord de paix d’Alger et suscité des réactions auprès de la communauté internationale . Des négociations entamées avaient abouti à la signature de deux trêves de cessez-le-feu, un document dit « Engagement » a couronné la volonté de la CMA et la Plateforme à cesser de façon immédiate et définitive toutes formes d’hostilités et à mettre en œuvre les points inscrits dans le document. Parmi ces points il y a le retour coordonné des éléments de la Plateforme à Takalot et bien d’autres encore visant à restaurer la confiance. Le retour des éléments du Gatia le 30 octobre à Ménaka sans anicroche avec la CMA est une donne s’inscrivant dans ce sens. « C’est une conséquence des engagements pris le 20 septembre à Bamako, dont la mise en œuvre a été formalisée à Annefif et Takalot » justifie Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du GATIA.
Les liens entre cette composante de la Plateforme et les populations de Ménaka sont restés vivaces, en témoignent les manifestations de joie qui ont accueilli son retour dans la ville. « Nous sommes très contents du retour du GATIA, car depuis qu’il a quitté, chaque nuit il y a un braquage » raconte cet habitant de la ville de Ménaka. Les attaques des bandits sur les tronçons ont aussi considérablement augmenté. Pour Fahad Ag Almahmoud la sécurisation des populations reste la priorité. « Notre priorité reste toujours la sécurisation de nos parents en attendant que l’État prenne en charge la sécurité ». Il n’exclut pas pour ce faire, la coordination avec les groupes sur le terrain pour sécuriser la région. « Le MSA est notre allié, la CMA de Ménaka aussi n’a pas de problème de voisinage avec la plateforme comme à Kidal » estime le secrétaire général. Il faut rappeler que le MSA qui était l’allié du GATIA avant qu’il(GATIA) ne se retire de la ville, s’est vu seul face aux assauts des éléments armés proches d’Adnan Abou Walid, bras long de l’État Islamique dans le Sahel. La persistance des attaques visant le MSA a conduit le 11 octobre passé certains chefs de fractions à le quitter au profit d’un protecteur plus puissant : la CMA. Aujourd’hui, la CMA, la Plateforme, le MSA, la MINUSMA et les FAMAs sont tous présents à Ménaka. Un tel concentré d’armées doit parvenir normalement à sécuriser la région avec une coordination étroite sur le terrain. Une possibilité que n’exclut pas le secrétaire général du GATIA : « On peut le faire avec toutes les forces en présence comme on peut le faire nous seul aussi, c’est un travail quotidien » a assuré le secrétaire général. Le mécanisme opérationnel de coordination prévu à cet effet n’est pas encore opérationnel à Ménaka, Tombouctou et Kidal, alors qu’il constitue l’une des mesures indispensables pour la restauration de la confiance entre les parties et le test vers une armée nationale reconstituée. Les nids du terrorisme planqués dans la région et environs nécessiteront une coordination des efforts et une mise en œuvre rapide de l’Accord. « Les uns et les autres doivent se donner la main pour une mise en œuvre diligente de l’Accord » selon Fahad Ag Almahmoud qui rappelle que la lutte contre le terrorisme n’est pas du domaine des groupes armés à base communautaire. C’est pour cela qu’il est urgent selon lui, que les groupes armés soient désarmés conformément à l’Accord pour que l’armée nationale soit totalement opérationnelle et faire face aux menaces terroristes.
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