Pour le Mali, de tradition agro-pastorale, pluviométrie, depuis la nuit des temps, a toujours été un point de départ espéré pour l’amorce de notre développement. Malheureusement, nous ne sommes pas préparés à cela depuis nos Indépendances, surtout pour ce qui est de gérer l’abondance, nous renvoyant à la question de savoir si réellement nous nous sommes jamais préparés à cela, malgré notre espérance toujours renouvelée en elle…
Lors d’un voyage à Fana, nous aurions vu des villages entiers qui plongeraient dans des lacs comme dans le village lacustre de Ganvier au Bénin où des villages entiers sont logés en hauteur sur des pilotis, de véritables échassiers de paillotes, mais pour notre cas, c’est des villages entiers qui plongent dans des lacs, la route réalisée dans les année 70, traversant l’agglomération, servant de barrage, d’entrave à l’écoulement naturel de l’eau, entraînant les effondrements de maisons et l’abandon de beaucoup de concessions et de mosquées.
Actuellement, c’est la décrue, mais le problème qui se pose aujourd’hui est le froid qui, dès l’entame, sera des plus rudes dans des conditions de vie ambiante des plus rustiques. Surtout que la population est mal préparée en termes d’attitude face aux réflexes nécessaires d’autoprotection allant dans tous les sens. D’où la nécessité pour les autorités sanitaires et administratives de prendre des mesures pluridisciplinaires urgentes en vue de prévenir les dégâts pouvant être gravissimes durant les deux (02) mois, voire plus à venir.
Rappelons que cette période est d’ordinaire très redoutée en termes de mortalité à cause du choc thermique, l’hypothermie engendrée du fait que le froid est comme un réfrigérant qui ne fait que baisser la température comme le fréon d’un réfrigérateur; une période propice pour l’éclosion et l’aggravation des maladies pulmonaires et de certaines maladies cardiovasculaires du fait que cette période est favorable à la multiplication de certains germes comme le pneumocoque et autres, mais aussi à la restriction du diamètre vasculaire donnant plus de travail au cœur pour assurer une bonne circulation sanguine, surtout en période où il y a besoin, du fait qu’il y a une augmentation du métabolisme cellulaire pour donner plus de chaleur pour le réchauffement du corps, état nécessitant plus de sucre, véritable problème pour les diabétiques et les malnutris.
Le froid constituerait un véritable problème de déshydratation du fait de l’augmentation du métabolisme qui fait évaporer l’eau contenue dans le corps, un véritable problème aussi pour les personnes âgées, les enfants et les personnes déshydratées, voire malades.
Prévenir l’obus dévastateur
La période est encore redoutée chez les malades atteints de rhumatismes articulaires, rénaux et cardiaque, de drépanocytose, de valvulopathies cardiaques, d’insuffisances cardiaques, entre autres, de fièvres de tous genres : toute une longue liste de maladies exhaustives, à perte de vue, pour dire que la mortalité peut être très élevée en période de froid que durant les autres périodes de l’année, sauf en situation exceptionnelle de canicule. Les nuits sont, elles, plus létales que les jours du fait de la chaleur résiduelle du soleil sous les tropiques qui fait monter la température à l’inverse des zones tempérées, où l’apparition du soleil fait baisser la température.
Sachons que la chaleur provoque une meilleure circulation sanguine par une dilatation des vaisseaux sanguins entraînant avec plus de facilité une bonne circulation sanguine sans entraves, donc moins de travail pour le cœur, avec une bonne desserte de sang dans tout l’organisme en général et des organes nobles (cœur, cerveau, rein, foie…) en particulier, avec diminution du risque d’infarctus (mortification du muscle cardiaque).
La situation intéresse notre vécu à tous les étages, du point de vue individuel, collectif, environnemental comme les conditions d’hébergement et la disposition des entrées d’air de la maison, la position des lits, à défaut le contact du matelas ou de la natte avec le sol, la position du lit par rapport au mur à façade externe exposée à aléas climatiques, sans compter le type d’habitation et le plan, l’habillement et autres protections vestimentaires, entre autres, l’alimentation, les personnes à risques, les conditions de vie du voisinage par devoir d’ingérence ou au besoin de solidarité pour plus d’assistance.
N’oublions pas aussi l’exposition au monoxyde de carbone émanant de l’utilisation du charbon de bois qui est très mortel par rapport à l’utilisation du bois de chauffe avec des émanations de gaz carbonique saturé (co2), alors que l’autre ne l’est pas.
Rappelons qu’il y a une affinité 200 fois supérieures entre le mono oxyde de carbone (Co) et l’hémoglobine à la fixation de l’oxygène sur l’hémoglobine. Donc, l’inhalation du Co est très dangereuse entraînant une intoxication ou empoisonnement très grave pouvant entraîner toute personne exposée, comme toute une famille à une mort certaine, à défaut d’une réanimation intensive et hautement spécialisée si ce n’est pas tard.
Aux autorités de voir la question avec plus d’attention et de pertinence pour nous mettre à l’abri, par plus de communication, d’un désastre à venir qui marquerait encore les consciences. Les autorités doivent en effet vite songer à la mobilisation des moyens conséquents et même alimentaires pendant que les spéculateurs de l’alimentaire sont en train de faire grimper les prix des produits de première nécessité, même la pomme de terre, au motif de l’approche des fêtes de fin d’année alors que «ça commence à cailler» à la maison, malgré toutes les bonnes intentions et les subventions étatiques.
Il en de même pour le domaine de l’élevage au risque de voir une bonne partie du cheptel décimée pour faute d’avoir ignoré ou négliger certaines inquiétudes concernant la vague de froid, et mesures qui pourtant avaient été énoncées dans un article publié dans Le National et dans L’inter de Bamako intitulé: «Alliance des États du Sahel, de l’Économie internationale à l’Économie Endogène» paru entre novembre et décembre 2023 sur quatre (04) numéros, histoire de réduire à néant plus de soixante-quatre (64) ans d’efforts et de sacrifices de promotion de ce secteur tant vital que stratégique pour notre ensemble… Il faut parer en urgence au lancement d’un obus dévastateur à la place du cœur….
Dr Moussa Dasse MARIKO
Cardiologue Bamako