Oui, il fut un jeune de la première République du Mali où plein de jeunes s’adonnaient aux sports ou aux arts ou à la culture, et surtout aux études, voire à l’apprentissage d’un métier.
Notre Bakary Traoré ou “Alliance Bakary Traoré” se lança sans réserve dans le football et l’apprentissage du métier de tailleur.
Son club d’adoption, l’Alliance de Bamako, est né avec la République du Mali. Celui-là fut le challenger du Stade Malien, du Djoliba A.C, de l’AS Réal, du C.O.B… au sein de la ligue de Bamako. L’Alliance fut un club qui a brillé par son engagement physique, sous la houlette de “Alliance Bakary”, avec des coéquipiers comme ‘’Soloba’’, ‘’Ballaba’’ et le ‘’Vautour’’, tous adeptes du football britannique.
Grâce à son talent, “Alliance Bakary” porta les couleurs nationales de 1960 à 1972. Il portait le dossard N° 6, c’est-à-dire, le milieu défensif.
Pour rappel, depuis Brazza 1965, avec le premier Capitaine du Mali Bakary Samaké alias ‘’Bakaridian’’ jusqu’à Yaoundé 1972 avec le Capitaine Kindia Diallo, l’inamovible “Alliance Bakary” n’a jamais été sur la liste des remplaçants dans les 90 minutes de jeu. Titulaire, toujours il l’a été. Son secret ? Il avait de la condition physique à revendre. Il était doté aussi d’une puissance de frappe sèche extraordinaire dans les 18 mètres. C’est grâce à cette puissance de frappe sèche qu’il marqua le premier but du Mali au cours du duel Mali/Togo, dans les 40 mètres, lors de l’épopée de Yaoundé 72. Le match se termina par un nul de 3-3.
En tout état de cause, “Alliance Bakary” mérite d’être au panthéon du football malien.
Sa vie, après le football fut laborieuse. Il la gagnait grâce aux ressources générées par son modeste métier de tailleur. La Cité des Sportifs de N’Tomikorobougou était sa seule source de joie de vivre. Cette cité fut lotie pour les Aigles du Mali, après les Jeux africains de Brazzaville 1965, en guise de récompense de la 2è place obtenue par le Mali, suite aux tirs au but face à l’Algérie.
La dernière image, que je garde de l’Alliance Bakary, le baroudeur, c’est au Stade Modibo Kéita de Bamako, lors d’une finale scolaire en 2000. Nous étions tous deux spectateurs. Il était en compagnie d’un de ses fils. Après l’avoir approché, je me suis présenté en qualité de cousin de son coéquipier Mamoutou Sidibé dit ‘’ Ya pas deux’’. Il sourit à la question de savoir s’il venait souvent au stade. Il répondit sèchement : “rarement”.
Quand le match fut engagé, la qualité du jeu laissait à désirer. Nous fûmes témoins de nombre de ratés inimaginables.
Avant la mi-temps, il prit la main de son fils et vida les lieux, en disant : «Comment peut-on rater des amortis aussi simples ?»
L’homme a été le meilleur demi-défensif, avec une technicité hors norme, que le football malien ait produit.
Selon certaines rumeurs, aux derniers moments de sa vie, “Alliance Bakary” passait le plus clair de son temps à diriger la prière dans la mosquée de la Citée des Sportifs…
Dors en paix, Grand frère !
Que Dieu T’accorde Son Paradis Eternel, comme récompense suprême !
Par Amadou Sidibé, Conseiller Pédagogique à la retraite depuis 2009 et Capitaine de l’équipe régionale de Kayes de 1974 à 1978.
Encadré : Alliance Bakary était parmi les onze entrants du premier match Mali/Togo de Yaoundé 72
Gardien de but : Seydou Traoré ‘’Guatigui’’.
Défenseurs : Kindian Diallo (C) ; Cheickna Traoré ‘’Kolo National’’ ; Drissa Coulibaly ; Cheick Sangaré
Démis : Ousmane Traoré ‘’Ousmane Bilenni’’ ; Bakary Traoré ‘’Alliance Bakary’’ ; Bakoroba Touré ‘’ Bako’’
Attaquants : Moussa Traoré ‘’Gigla’’ ; Fantamady Kéita, Salif Kéita ‘’Domingo’’
Source : Le Challenger