Au Mali, comme dans plusieurs pays du Sahel, les activités touristiques sont en berne. Les touristes occidentaux se font de plus en plus rares pour des raisons sécuritaires évidentes. Une situation qui engendre de nombreuses pertes pour tous ceux qui vivent de ce secteur. Pour le relancer, les autorités veulent miser sur les touristes locaux, susciter chez les Maliens l’envie de visiter leur pays. Dans les hôtels et les agences de voyages, au Centre et au Nord du pays, les touristes manquent à l’appel. En plus des entreprises, nombreux sont les guides touristiques qui ont été obligés de changer de métier pour survivre. Dans une entrevue accordée à L’Indépendant Week-end, le Directeur de « Mali Tourisme », Sidy Kéïta nous dévoile les nouvelles stratégies pour la relance du secteur au Mali.
‘Indépendant Week-end: Pourquoi l’Agence pour la promotion du Tourisme au Mali (APTM) a-telle pris le nom de « Mali Tourisme » ?
Sidy Kéïta: Nous avons souhaité donner ce nom pour assurer la promotion institutionnelle de l’Agence. Comme vous le savez, l’APTM n’oriente pas directement l’usager du service public. La nouvelle appellation commerciale « Mali Tourisme » renvoie à l’activité. Nous sommes l’organisme chargé de promouvoir la destination Mali, donc en lieu et place de l’APTM, nous allons désormais adopter « Mali Tourisme ». Ce n’est pas une nouvelle création, c’est le nom commercial donné à l’Agence pour la Promotion du Tourisme au Mali (APTM).
L’INDEP. Week-End : Le Mali est affecté par une crise sans précédant. Quelles stratégies comptez-vous mettre en place pour la relance des activités touristiques ?
Sidy Kéïta : Comme nous le savons tous, tout ce qui est sécurité n’échappe pas à un secteur particulier, surtout le nôtre. Nous savons que le Mali n’est pas le seul dans cette situation. Au niveau du ministère de l’Artisanat et du Tourisme, nous voulons faire en sorte que nous puissions développer d’autres alternatives. Faire en sorte que lorsque les gens sont empêchés d’aller à Mopti ou à Gao, qu’ils puissent avoir la possibilité d’aller ailleurs. Il y a des régions où il n’y avait pas de tourisme, comme à Kayes, Sikasso et Koulikoro. Nous avons ouvert ces zones touristiques avec des sites à visiter.
Nous travaillons à orienter le tourisme vers ces régions pour suppléer à la problématique de la situation sécuritaire des régions de Mopti, Gao et Tombouctou. La stratégie au niveau du département est de diversifier l’offre touristique, donc de la destination. Nous voulons également mettre un accent particulier sur le tourisme local, un tourisme consommé par les nationaux. Nous voulons que les Maliens aient envie et soient incités à aller visiter les sites touristiques de leur pays.
Nous allons passer dans les localités, voir ce qu’elles recèlent comme potentialités touristiques et après nous allons lancer la valorisation par des actions telles que les aménagements de site, le financement des initiatives (des festivals, des concours d’art culinaire).
L’INDEP. Week-End : Quels sont les impacts de la crise sur le secteur?
Sidy Kéïta:Nous avons enregistré des pertes d’emploi à grande échelle. Aujourd’hui, l’apport des activités touristiques au Mali, au niveau du BIP, est pratiquement nul depuis quelques années. En termes de baisse de recettes, ce sont plusieurs milliards de F CFA. En 2018, le secteur du tourisme a perdu près de 100 milliards de F CFA. Aujourd’hui, ces chiffres ont baissé de 50 à 60%. Cette situation nous a donné une leçon. Nous avons compris que si notre tourisme est totalement à l’arrêt, c’est parce que nous ne nous étions basés que sur le tourisme international. Maintenant, nous cherchons à renouer avec ce tourisme mais en même temps, il faut que les Maliens et les ressortissants de la sous-région aussi se déplacent pour visiter nos sites touristiques.
Entretien réalisé par B. DIABATE
Source: l’Indépendant