Selon son échelon de prévalence mais la conjoncture périodique, le conflit africain connait divers déterminismes. En effet, ses différentes sources dans leur quasi-totalité n’épargnent pas mais affectent forcément la géographie par son champ d’investigation qu’est l’espace, la société, et le temps. Le conflit ne peut donc éclore et s’affirmer en dehors de la géographie, point de départ ou d’impact, un des trois faces de la géographie est nécessairement en cause. Aujourd’hui, en Afrique, le conflit est par des motivations territoriales (potentialités, limites, appartenances ou identités…), du fait d’une désintégration ethnique, religieuse…; le temps qui fait les enjeux avec, notamment, les luttes de contrôle du pouvoir d’après les indépendances, la hantise en période électorale avec ses corollaires en terme de complots ou coups d’Etat…la connotation géographique du conflit ou le déterminisme dans le conflit est aussi soutenable à travers l’actualité des conflits mondiaux et africains marquée par le terrorisme qui malgré des alibis idéologiques avancés n’en connait pas moins, aujourd’hui, et de plus en plus des soubassements matérialistes, voire haineux selon Trump se disant très bien informé. Le cas d’espèce actuel malien implique quasiment toutes nos différentes causalités et peut donc servir ‘’d’échantillon pertinent’’ à notre analyse. Ainsi, les différents chocs répertoriés au Mali et esquivés, ailleurs, pointent du doigt une absence de mécanismes préventifs et de résorption rapide, cela à l’interne du Mali comme au niveau continental. Donc à l’Afrique d’en tirer les leçons pendant qu’il est temps
Tout d’abord, déterminisme renvoie à : « l’ensemble des causes ou conditions nécessaires à la détermination d’un phénomène (CNRTL). Le déterminisme est la théorie selon laquelle la succession des événements et des phénomènes est due au principe de causalité, ce lien pouvant parfois être décrit par une loi physico-mathématique qui fonde alors le caractère prédictif de ces derniers (Wikipédia). Pour le mot « conflit », il vient du latin « conflictus » qui signifie : heurt, choc, lutte, attaque. Il s’applique, à l’origine, à une situation de lutte armée, de combat entre deux ou plusieurs personnes, organisations ou puissances, qui se disputent un pouvoir. Par extension, le terme de conflit s’applique aujourd’hui à toute opposition survenant entre des parties en désaccord, l’une souhaitant imposer ses positions, à l’encontre des attentes ou des intérêts de l’autre partie. (Richard Sada, psychothérapeute). On soutient un déterminisme dans le conflit africain, en ce sens, que ce qui pousse à, qui est cause directe ou indirecte d’un conflit et donc est annonciateur, source, producteur, déterminant d’un conflit ou d’une bonne part de sa manifestation était coupable, suspect bien avant son début ou maximum d’impact, de conséquence.
A Bissau, prévaut un chamboulement pré électoral indisposant les institutions où les belligérants disent ne pas souhaiter l’arbitrage de l’armée dont ils sont habitués, alors que la CEDEAO multiplie les sommations et autres interventions. A Conakry, aussi pointe à l’horizon les joutes électorales présidentielles et la volonté longtemps silencieuse de l’ancien opposant Condé de retoucher la constitution pour se représenter s’est dernièrement affirmée et des milliers de manifestants font face aux forces de l’ordre ou du désordre qui tirent sur tout ce qui bouge, n’empêche la CEDEAO semble moins préoccupée par le début de carnage à Conakry que par les désaccords des leaders Bissau guinéens. Au Mali, jihadistes, séparatistes, loyalistes, milices ethniques, mais aussi une course au pouvoir qui a déjà fait plusieurs coups d’Etat indexent de plus en plus une entité en lambeaux et sont des composants pour la compréhension du cocktail quotidien malien. En Mauritanie, l’instabilité est moins présente malgré des coups d’Etat passés et clivages sociaux, une déconsidération de certains groupes ou races continuellement dénoncée comme étant l’œuvre de ceux qui se subliment et se soupçonnent d’où une possibilité permanente du péril populaire. En Gambie, un ‘’agitateur’’ en la personne de Yahya Jammeh a fini par quitter le pouvoir, la commission vérité réconciliation collecte des dénonciations de ce qu’on pourrait désigner à la manière de Mariama Ba : «Quel audace dans l’escalade». Au Sénégal, après deux alternances des institutions républicaines telles la justice sont abonnées au flagrant délit d’alignement sur les humeurs du ‘’mastodonte’’ au pouvoir. Aussi, le conflit séparatiste au sud du pays, selon certains observateurs reste problématique, notamment, par effet de couvaison ou contagion de sa géopolitique écartelée. Ces éléments de fragilité ou fragilisation de ces Etats et nations ouest africains, le Sénégal et ses pays frontaliers n’épargnent pas beaucoup d’Etats ouest africains tant on se demande : le conflit est ce la chose la mieux partagée sous nos tropiques ? Par exemple, le Burkina longtemps sans souci sécuritaire majeur est, journalièrement, secoué voire endeuillé. Tandis que, le Nigeria, un géant continental renvoie des signaux d’une entité minée par le terrorisme et une charria subjective soupçonnait Bachir Kounta… n’est pas toujours en mesure de tirer vers le haut le reste de la troupe. Et ces foyers tendus, chauds, en ébullition africains ne sont pas seulement localisables à l’ouest du continent, en Libye décrite par le passé comme un havre de prospérité, le pays est en partition voire en perdition. Plus au nord, l’Egypte, la Tunisie et un peu au Maroc par des attentats et autres soulèvements sporadiques un radicalisme islamique est indexé. A l’Est, à la corne de l’Afrique se signalent les shébabs entre autres groupes subversifs propageant le chaos. Et même en Ethiopie, où le premier ministre est récemment primé prix Nobel de la paix grâce à son accord de paix avec l’Erythrée, sévit un conflit ethnique sanguinaire. Au centre, la RDC n’est pas sortie du gouffre avec des groupes ou milices qui y opèrent malgré la longue présence des forces onusiennes sur une terre déclarée regorger de potentialités ou richesses considérables. De même la république centre africaine patauge dans une interminable et mortelle lutte ethnico-religieuse; la liste n’est pas exhaustive pour le centre touffu de l’Afrique. Mais, notre dernière partie du continent, le sud avec d’anciennes colonies de peuplement britannique, un testament net tarde à être prononcé ajouté à un retard culturel et intellectuel d’où des ressentiments larvés : tueries de migrants africains en Afrique du sud par des chômeurs, au Zimbabwé où Mougabé ne s’est jamais relevé politiquement comme économiquement de sa reprise des mains des blancs de certaines fermes.
Ainsi, le continent africain avec des Etats à la soixantaine compte tenu de leurs dates d’indépendance n’est pas, aujourd’hui encore, indépendant de l’instabilité : « l’Afrique de l’ouest, un adulte mal dans son âge » (Kanté, 2010). Et la mal gouvernance, l’instabilité…sécrétrices et nourrices de tous les maux infligent au continent noir des dommages qui avoisinent ceux de l’esclavage et de la colonisation : « le soleil des indépendances » (A kourouma, Seuil, 1976); « Et si l’Afrique refusait le développement » (Axelle Kabou); « le cercle des tropiques » (Alioum Fantouré) ; «les imbéciles ont décidé de rentrer dans l’histoire en reculant» (A Blondy) …Et ces conflits quels qu’ils soient ne sauraient éclore ou se maintenir sans affecter ou s’agripper à la géographie par son cercle de définition ( société, espace, temps). En effet, comme vu plus haut la défaillance ou les points de divergence sont du fait des hommes, de leurs sociétés, de leurs idéologies ou valeurs, de leurs espaces, mais avec des enjeux conjoncturels, périodiques attisant les dissensions. Le conflit africain n’est donc pas ex nihilo, il connait des déterminismes divers selon son espace de prévalence ou les personnalités, enjeux et potentialités en présence : « le déterminisme dans le conflit africain selon son échelon de prévalence.» (Kanté, 2009). De là, nous pointons du doigt une certaine prévisibilité du pire en Afrique par : un rejet de la vérité des gens et des choses, une absence de transparence, un accaparement des biens collectifs, des institutions sans substance ou téléguidées, des potentialités minières, forestières, stratégiques sur le chemin d’africains ‘’affamés’’, une réaction ou sanction tardive, un pilonnage à vue…Quelqu’un déclarait je ne peux pas sauver l’humanité ; le sort de l’humanité sera ce qu’elle mérite, semblait répondre un auteur ; quand l’ex secrétaire d’Etat américain M Albright avançait que l’ONU ne peut amener les gens au paradis mais les empêcher d’aller en enfer. Donc, la prévention, la solution, la résolution des conflits africains reviennent d’abord aux africains même si leurs suscitations peuvent nous échapper.
-Les différents déterminismes du conflit africain et leurs expressions :
Selon les psychanalystes, les philosophes, l’homme est entre l’ange et l’animal, tiraillé, imparfait d’où ses sentiments, son environnement, ses établissements, tout ce qu’il touche ou trouve intéressant est potentiellement source d’accrochage, de conflit. Dans ce sens, Einstein déclarait que : «les guerres naissent dans les esprits c’est dans les esprits qu’il faut les combattre », une dimension culturelle découlant souvent de l’usage, la pratique du temps chez l’individu. En effet, le saint coran dans (Al ‘asri, le temps, S 103) déclare : sont en perdition ceux qui ne tirent pas bon profit, ne font pas bonne exploitation de leur temps. Leur mal pourrait on dire emporte aussi ceux qu’ils peuvent mener en pâture. L’extrémisme terroriste quelque soit son idéologie : religieuse, ethnique, politique…n’est le plus souvent que l’expression d’un esprit humain alité, entravé.
Avant même sa mise en valeur, l’espace pourtant semblant infini est source de conflit, un géographe parlait «d’espaces disputés», un autre de «la ville à guichets fermés», ce que corrobore les propos du président Sall : «le foncier est le premier facteur d’alerte au conflit que je reçois». Le sous sol africain réputé riche est aussi motif de convoitises conflictuelles : L’Afrique est un mendiant assis sur de l’or, voilà une formule populaire, et qui sied bien à la réalité africaine. En effet, elle possède 40% du potentiel hydro-électrique mondial, le gros des ressources mondiales de diamant et de chrome, 50% de tout l’or du monde, 90% du cobalt, 50% des phosphates, 40% du platine, 8% des réserves connues de pétrole et des millions et des millions d’hectares de terres arables inexploitées. Les atouts et atours africains, ne font ni l’objet d’un secret, ni d’un doute, tant ils sont consistants. Cela surtout, si l’on sait que le seul Zaïre dispose d’un potentiel de 600 milliards de KWH (10 fois la production hydraulique de la France). Alors que l’Afrique toute entière ne fournit que 45 milliards de kWh d’électricité hydraulique soit moins que la France…les récentes découvertes minières en Mauritanie et au mali confirment. Et on parle des diamants du sang au Libéria, les mines en RDC font que le conflit est durable, vers 2013 une prise d’otages en Algérie a montré le courroux de certains groupes islamistes quant aux multinationales exploitant leurs ressources minières, au Gabon, les richesses forestières et minières dit on n’ont pas abouti au niveau de développement prévu d’où des interrogations malgré une stabilité assez surprenante. Les découvertes minières au Sénégal légitiment des espoirs, aiguisent des appétits et motivent des accusations d’accaparement d’où un feuilleton judiciaire en cours. La cupidité et la mégalomanie démontrées en Afrique même si pas seulement par des africains quant aux richesses minières font penser à une malédiction des ressources minières en Afrique, quand, ailleurs, dans le golfe par exemple, elles sont sources d’opulence et de moyens de pression. Certains observateurs vue cette boulimie minière ne sont pas loin d’affirmer que la découverte et l’exploitation de ces ressources devraient être entourées de mesures spéciales allant dans le sens de découvrir, d’exploiter, et d’user des recettes minières, à bon escient, pour le compte de la nation et des collectivités sans ameuter le monde. En cote d’ivoire, on n’a pas fini de dénombrer les dégâts du concept d’exclusion qu’était l’ivoirité. Les ressources minières entre le Cameroun et le Nigéria à Bakassi sont l’objet de désaccord entre les deux Etats comme ce fut le cas entre le Sénégal et la Guinée Bissau. Toujours, les frontières mais cette fois ci maritime, entre le Sénégal et la Mauritanie, par des arrestations mortelles de pêcheurs sénégalais coupables d’avoir violé les eaux maritimes mauritaniennes, on frôle régulièrement le règlement de compte.
La troisième dimension de la géographie qu’est le temps est aussi pour sa part révélateur de heurts : au début des indépendances, les luttes de contrôle du pouvoir on fait à certains regretter l’indépendance tant exactions, tortures, meurtres, dictatures, barbaries, enrichissements illicites, coups et complots d’Etat…ont rythmé le quotidien africain car le pouvoir flottant n’était pas une affaire de mérite mais de témérité. Par la suite, les joutes électorales ont remporté la palme de la hantise périodique : tripotage et polémique constitutionnels, meurtres de manifestants, rejet de résultats électoraux suivis de confrontations, parodies d’élections, sans enjeu car toutes oppositions écartées…Et aujourd’hui, avec le terrorisme, les rassemblements et périodes de haute saison touristique sont affectionnés pour commettre des crimes de masses ou atteindre l’ennemi occidental. Point d’impact ou point de départ, la géographie est forcément entachée par le conflit. Mais, aussi les caractéristiques ou potentialités du lieu, les rapports de positions, l’enjeu, le contexte, la conjoncture font ou impriment au conflit son qualificatif, son alibi, son déterminisme voire sa source.
-Le cas d’espèce ‘’toutes causalités’’, malien :
Le Mali, un creuset culturel millénaire est aujourd’hui en lambeaux cela du fait d’une concentration sur place de divers facteurs, quasiment, de la totalité de nos causes de conflits répertoriés plus haut. En effet, étendu sur un vaste espace, le Mali est scindé en trois parties (le sud, le centre et le nord) voire deux parties (sud et nord). Cette partition spatiale est une donnée soulignée par les observateurs car ces diverses zones se différencient par leur peuplement, leur densité, leur niveau de développement, leur paysage…différents critères ayant abouti à différencier depuis la colonisation : le Mali utile et le Mali à la traine. Le sud, Mali utile habité par les noirs surtout mandingues connait une plus importante densité de population et avec une meilleure pluviométrie permet une mise en valeur agro-alimentaire. La capitale, Bamako y est logée, mais aussi l’Etat plus présent n’a pas toujours su ou pu maitriser le vaste étendu du territoire malien. C’est ainsi que le nord avec un peuplement de touaregs, maures, et autres tributs arabo berbères fut moins pris en compte dans les politiques de développement et de maillage sécuritaire du territoire indépendant depuis bientôt soixante ans. Et alors, la diversité avec distanciations ethniques, peu intégrés mais plutôt se soupçonnant d’une certaine déconsidération, avec un faible brassage fécond, par le biais de l’Azawad une revendication séparatiste, indépendantiste est formulée à travers, notamment, une lutte armée meurtrière. Ces séparatistes de l’Azawad en place depuis le début des indépendances (En 1962, une première rébellion touarègue se signale. Et le 27 juin 1990, un poste de gendarmerie est attaqué à Ménaka par le Mouvement populaire de l’Azawad de Iyad Ag Ghali), ils se sont aussi signalés surtout vers les années 2008 avec des assassinats de soldats maliens qui n’ont pas connu de riposte à leur hauteur. Et avec l’éviction de Kadhafi du pouvoir, la poudrière libyenne s’est invitée au Mali avec des jihadistes à la recherche d’un territoire de repli, notamment, dans le désert saharien donc le nord déjà en partition avec une absence d’Etat fit l’affaire. Une bonne partie du nord fut sous la gouvernance d’islamistes qui y faisaient la loi, démolirent des tombeaux, patrimoines culturels et donc nièrent toute une civilisation millénaire sur la base d’une idéologie radicaliste. Ainsi, le conflit malien revêt une dimension séparatiste donc territoriale (spatiale), un coté de désintégration avec une population distante, lequel coté s’est aggravé avec les massacres successifs de peulhs par des dogons et de dogons en représailles. Il est aussi à souligner les luttes de contrôle du pouvoir d’après les indépendances ayant donné des coups d’Etat dont le dernier du capitaine Aya Sanogo flairant le manque de prise sur la situation de la part du général président Amadou Toumani Touré (Le 19 novembre 1968 renversement du régime de Modibo Keïta par des officiers dont Moussa Traoré. Le 26 mars 1991, Moussa Traoré est renversé à son tour par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Le 22 mars 2012, le capitaine Amadou Haya Sanogo dirige un coup d’Etat contre ATT). Ce dernier coup d’Etat mit l’accent sur la division de l’appareil militaire qui ne fut pas en mesure de stopper l’ennemi en progression vers la capitale Bamako. Ce fut alors l’intervention tardive mais précieuse de la France et d’Etats africains pour stopper et repousser les jihadistes qui maintiennent la pression par des attentats sporadiques et des attaques des bases militaires avancées. Ainsi, bousculées en Afghanistan et au moyen orient, particulièrement, en Syrie et en Irak, les multinationales du jihadisme cherche « leur espace vital dans le sahel » (Timbuktu Institute)
Le Mali fait avec une diversité de causes conflictuelles qui pointe du doigt la gouvernance socio-stratégique du pays, une absence de maillage du territoire par le centre ou de répondants décentralisés sachant que si une partie d’un Etat est affecté tout le reste s’en ressent, un manque de cohésion des élites (matérialisé par des coups d’Etat) pour savoir orienter les masses même en cas d’agressions externe ou interne. En effet, le cas d’espèce malien pointe du doigt une longue nonchalance au sommet, dans la gouvernance du Mali mais une incapacité de réactivité rapide du continent africain, dans un contexte de jihadisme, d’une certaine imprévisibilité des périls. En effet, le nord du Mali fut sous occupation de mars à septembre 2012, où les villes de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti furent aux mains des islamistes qui se rapprochaient des régions du sud. Mais aussi, aujourd’hui, avec le consensus sur la nécessité de perfectionner et étendre l’expérience militaire sous régionale à travers l’ECOMOG, une base de la force africaine en attente (FAA) a été ouverte au Cameroun à Douala, un site inauguré vendredi 5 janvier 2017. Cela après quinze années d’attente depuis son annonce par l’UA, cette dernière base tarde jouer le rôle dévolu.
-Le management public, communautaire, sécuritaire…africain en cause :
Le management public englobe, quasiment, la gestion de l’ensemble des démembrements de nos vies, ainsi, s’il n’est pas producteur se doit d’être régulateur, d’où sa grande part de responsabilité quant au sort de la collectivité. Cependant, le management public africain, après des indépendances soixantenaires, se signale toujours comme étant à la traine, désintégré, fébrile, fragile et donc manquant de vision d’ensemble mais prospective : Comment mener en avant un ou des ensembles territoriaux multiethniques, différemment dotés, avec une mondialisation des périls aussi? A notre avis, là est une question déterminante dont on doit apporter des réponses contextuelles mais concrètes. Et un début de réponse à cette interrogation chez tous dirigeants pourrait être une application adaptée de la déclaration de Trump : « l’Amérique d’abord », en «l’Afrique avant tout». Cette affirmation est d’autant plus cruciale que la gouvernance, le management public de nos Etats pointe du doigt une errance, un manque d’imprégnation, d’ancrage à nos réalités et raisons de la part de beaucoup de nos gouvernants disons tout simplement une absence de patriotisme pour savoir être en phase avec les préoccupations de leurs nations, du continent comme le déclamait le président poète Senghor : « Mourir pour la querelle de mon peuple, s’il le faut dans l’odeur de la poudre ». Ce manque de recours, de prise comme ressort de propulsion la réalité exacte des administrés visant une gouvernance endogène à la manière de Kizerbo dans : « la natte des autres » ; fait que le champ lexical de la faillite, de la défaillance, de la trahison, de l’égoïsme est le lot de notre quotidien : on parle de détournements, d’enrichissements illicites, de coups ou complots d’Etat, de complaisances dans la cession de nos ressources, de luttes armées pour s’accaparer de celles-ci. Un arbitrage prioritaire intégrant le rappel du passé, le juste constat de notre réalité présente, mais une planification prospective répondant à la question de savoir, quel sera l’aboutissement de nos options, de nos actions dans le futur proche et lointain? Semble être une nécessité chez nos élites. Par là, nous supposons que la gouvernance de nos Etats doit être étayée par une prise en compte de nos réalités, d’abord, mais du monde, de la globalité : ses incidences, son rythme, ses exigences, sa profitabilité. Ce qui sera en adéquation avec les propositions senghoriennes : nous enraciner avant ouverture et répondre prêts au rendez vous du donner et du recevoir.
Nos sociétés organisées en différentes communautés subdivisées en familles qui constituent le premier échelon de mise en œuvre des politiques quelles qu’elles soient (de développement, de sécurité…) doivent être constamment évaluées et capacitées à l’objectif collectif. Une telle quête passera par aplanir, taire les dissensions socioreligieuses par le dialogue des élites, notamment. Ainsi, les récalcitrants à la paix collective, à la volonté commune de vie commune seront répertoriés pour un suivi préventif. Le centre est suspecté dans beaucoup de nos Etats de favoritisme, de communautarisme d’où une représentativité tangible de toutes les communautés dans nos sphères de décision est une nécessité. L’inclusion est d’abord culturelle d’où les cases culturelles développées au Sénégal pour brasser des populations frontalières devraient être propagées de même que des patrouilles mixtes dans nos frontières maritimes comme terrestres : entre la Guinée Bissau et le Sénégal où les vols de bétail sont monnaies courantes, mais entre le Sénégal et la Mauritanie où les patrouilleurs mauritaniens en arrivent souvent à abattre des pêcheurs sénégalais.
Au point de vue sécuritaire, les observateurs sont affirmatifs que les forces armées africaines ou des différentes sous régions coalisées seront en mesure de juguler les entorses à la sécurité de nos peuples et Etats, cela sans compter avec le soutien en encadrement et logistiques de nos partenaires. Où se situe la défaillance, la mésentente, l’hypocrisie…En tout cas, le retard des interventions nécessaires et même avant, la frappe chirurgicale préventive sont souvent actionnées après que le pire s’est déjà produit. D’où si en Europe, la stabilité globale étant quasiment une constante, les défis d’éligibilité à l’UE sont surtout économiques, chez nous chacun dans nos organismes d’intégration devrait chercher à démontrer ses capacités de stabilité et de stabilisation pour que les carences détectés au niveau Etat soient pris en compte au niveau sous régional ou continental. L’ECOMOG au niveau sous régional et la force africaine avec une base à Douala pourraient servir de QG compensant nos faiblesses techniques, matérielles, humaines, stratégiques…donc un pour tous, tous pour un. Et cette symphonie ne sera pas préférablement par l’appui feu mais dés la prévention. Aussi, des polices des polices tardent à voir le jour dans nos pays où le comble, les détecteurs ou alerteurs sur les failles et la corruption de nos forces de sécurité sont poursuivis quand, ailleurs, on leur exprime la reconnaissance des communautés pour avoir mis à nus des failles sécuritaires ou des agents pourris.
Ainsi, sur tous les secteurs soutenant la marche de nos Etats et ou bien par tous les paramètres incidents à la sécurité collective, il est notable que la concertation, la compensation, l’intégration serait comme une bouée de sauvetage. Pour les exigences de sécurité n’en parlons pas, les puissances mondiales sont pour leurs parts conscientes que la coordination des efforts seule peut venir à bout des défis sécuritaires à l’heure de la mondialisation. Le forum paix et sécurité de Dakar a entre autres comme thème ou préoccupation de relever les défis du multilatéralisme, le défi est certes considérable surtout si on sait que l’unité contraire du conflit est aussi pour beaucoup, la solution aux conflits.
P B Moussa Kane, doctorant en Aménagement-développement,
DEA sciences PO, UGB, responsable scientifique
du mouvement des étudiants panafricains de St Louis.