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Le coup de «balai burkinabè» secoue la Toile africaine

Le départ du président burkinabè Blaise Compaoré, après trois jours de manifestations et d’émeutes, a déchaîné les passions sur les réseaux sociaux africains. De nombreux internautes se posent maintenant la question : « S’ils ont pu le faire, pourquoi pas nous ? ».

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Le départ de Blaise Compaoré a suscité de nombreuses réactions sur la Toile. « Et pourquoi pas en Ouganda ? », lance un utilisateur de Twitter de Kampala, dès le début du soulèvement burkinabè. « Robert Mugabe sera le suivant », prophétise un autre depuis le Zimbabwe. « Le soulèvement du Burkina Faso est un avertissement pour tous les dirigeants du continent qui s’accrochent au pouvoir à tout prix », récapitule la plupart des tweets provenant du Ghana, du Kenya et de l’Afrique du Sud. Sur le site de microblogging, on peut également lire des messages tels que « Viva les Burkinabè ! » ou « Super fier du peuple du pays des hommes intègres ».

Depuis jeudi dernier, les internautes invectivent, sur les réseaux sociaux, les présidents à vie de l’Angola, de la Guinée équatoriale, de l’Ouganda, du Soudan, du Zimbabwe, sans oublier d’écorner au passage les dirigeants de la RDC ou du Togo. Les noms de Denis Sassou Nguesso, Joseph Kabila et de Paul Kagame ont été fréquemment cités dans les tweets. Tous les dictateurs notoires du continent en ont pris pour leur grade : « ils n’ont pas leur place dans l’Afrique du futur », conclut le message d’un internaute.

Chaque révolution a son hashtag

Au Burkina Faso, les manifestants ont tenté d’organiser la mobilisation populaire en utilisant des mots-clefs dédiés, mais sans succès apparent. Les contestataires du 30 octobre, mal préparés, n’ont pas réussi à déclencher une révolution 2.0. Par ailleurs, le réseau internet a été régulièrement coupé au cours de la journée et le réseau téléphonique, déjà déficient, fonctionnait par intermittence.

Ce qui n’a pas empêché la Belgo-Burkinabè Assita Kanko, auteure de Parce que tu es une fille, un ouvrage traitant de l’excision, de suivre en partie tous les événements du pays depuis Facebook et Twitter grâce aux hashtags #Lwili et #Iwili. « Le hashtag “Lwili” veut dire oiseau. On peut aussi l’écrire “Iwili”, ce qui signifie alors levez-vous dans une des langues du pays, les manifestants tweetent des images, donc c’est difficile aujourd’hui de cacher ce qui se passe au Burkina Faso », explique Assita Kanko. Le mot clef #Lwili, signifiant « l’oiseau messager » en langue Mooré, est une référence directe au moineau de Twitter et à ses gazouillis.

Ce mot clef avait été choisi par les twittos burkinabè, bien avant le soulèvement populaire, lors de la deuxième édition des rencontres des usagers des réseaux sociaux africains, la #TweetUp226, à Ouagadougou en mai 2013. Le mot clef #Lwili avait alors comme objectif de regrouper toutes les informations circulant sur la Toile du Burkina Faso, de développer le numérique et d’encourager l’utilisation des réseaux sociaux dans le pays. En Afrique, chaque communauté des développeurs du Web dispose de ses propres hashtags pour partager et signaler des évènements ou des manifestations importantes.

Le rendez-vous manqué du Burkina avec le web

Pourtant, les réseaux sociaux n’ont pratiquement pas été utilisés lors des manifestations de la semaine dernière. Les activistes du web et les contestataires de la rue, les politiques et les membres du gouvernement en place, les opposants dépassés par les événements, ainsi que les militaires qui ont pris le pouvoir tout en promettant de le rendre bientôt aux civils, nageaient en pleine confusion. Tous ont délaissé les réseaux sociaux au profit d’un autre moyen de communication plus traditionnel : la radio. Plus particulièrement, la station Oméga, basée à Ouagadougou, qui relayait en permanence les événements. Seuls les Burkinabè de la diaspora se sont saisis de Twitter et de Facebook et ont réussi à internationaliser l’événement en diffusant leurs messages sur la toile mondiale.

Ce rendez-vous manqué du Burkina Faso avec le web s’explique par de mauvaises infrastructures internet et des connexions déplorables dans le pays. Sur 17 millions d’habitants, moins de 4 sur 100 ont accès au web et environ 200 000 d’entre eux possèdent un compte Facebook. Cependant, c’est bien grâce aux réseaux sociaux que le coup de « balai burkinabè » se propage maintenant aux pays voisins et gagne peu à peu toute la Toile africaine.

Par Dominique Desaunay

Source: RFI

 

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